Depuis deux jours la communauté scientifique s’enflamme sur la découverte, par William Gadoury, de l’emplacement d’une cité Maya qui serait la cinquième cité la plus importante de cette civilisation. En effet l’adolescent a travaillé à partir du positionnement des constellations. Howard Crowhurst, chercheur assidu en mégalithisme, installé à Plouharnel depuis 30 ans sur les pas de Félix Gaillard (ce Bordelais installé au XIXe siècle en Morbihan et qui a sauvé de la destruction le site de Carnac), s’exprime sur cette découverte inédite dans sa méthodologie. En effet, c’est grâce en partie aux nouvelles technologies gratuites, dont Google Earth, que le jeune chercheur a vu ses calculs confirmés par l’Agence spatiale canadienne, après restitution par la NASA et l’agence japonaise JAXA de clichés satellitaires révélant des pyramides et une trentaine de bâtiments au coeur de la jungle de l’actuel Mexique. Le Dr Armand LaRocque, un spécialiste en télédétection de l’Université du Nouveau-Brunswick à Fredericton, a joué un rôle majeur dans l’analyse des images radar. On en est loin d’avoir fini avec le sujet puisque la méthode utilisée par William Gadoury fonctionnerait aussi avec les civilisations aztèques, incas et harapa en Inde. Le site breton de Carnac est actuellement en cours de reconnaissance au patrimoine mondial de l’Unesco, par le biais de l’association « Paysages de mégalithes » , nous y reviendrons bientôt. Et du 18 au 22 juin, Howard Crowhurst reçoit plusieurs chercheurs indépendants pour son festival annuel « Solstice d’été » avec pour thème cette année, « Mégalithes et Pyramides » .
ABP : Monsieur Crowhurst, vous êtes connu pour vos travaux théoriques poussés, depuis 30 ans, sur les sites mégalithiques de Carnac et leurs relations géométriques avec les points cardinaux ou stellaires. Que vous inspire la découverte de ce jeune Québécois de 15 ans ?
Howard Crowhurst : La découverte de William Gadoury est quelque chose de tout à fait remarquable pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'une cité Maya inconnue et inexplorée va sûrement livrer des trésors inestimables. Ensuite parce que la méthode utilisée pour retrouver ce site, en superposant une constellation sur Google Earth, est une nouveauté dans le domaine archéologique. Enfin, parce que si les Mayas ne disposaient pas des mêmes outils que nous, alors comment ont-ils pu retracer à l'échelle d'un pays l'organisation des étoiles observée dans le ciel ? Ceci est très important car cela implique un niveau de cartographie absolument insoupçonné pour cette époque avec l'utilisation de mesures précises et d'orientations exactes, vous rendez-vous compte ? C'est un changement de paradigme par rapport aux anciennes civilisations.
ABP : Vous-même faites des travaux en ce sens sur tout le site de Carnac et n’hésitez pas à évoquer des relations aux astres. Que dit l'archéologie officielle par le biais de la DRAC, ici en Bretagne à ce sujet ?
Howard Crowhurst : Je cite toujours en anecdote Madame Christine Boujot, responsable pour les mégalithes à la DRAC. Lorsque Carnac a accueilli le tournage de la célèbre émission “La Chasse au Trésor” sur France 3 en aoùt 2008 je crois, elle a présenté les alignements de Carnac et a dit ceci : « Nous ne savons pas à quoi servent les alignements, mais nous savons ce que ne c’est pas, et ils n'ont rien à voir avec l'astronomie » . Depuis, on en est toujours là.
ABP : Avez-vous travaillé de cette façon et avez-vous fait des découvertes similaires ici ?
Howard Crowhurst : Ici à Carnac, non. Il n’y a pas de site aussi gigantesque que les cités maya à remettre en situation et je n'ai pas travaillé comme William Gadoury en superposant des constellations sur des cartes, même si j'ai pu découvrir des mégalithes inconnus grâce à un tracé géométrique à partir des astres. La géométrie est la clé et la découverte de William Gadoury va encore ouvrir des portes.
Par contre pour Locronan, oui. En 2012 j'ai publié un livre qui s'appelle les origines secrètes de la Troménie de Locronan où je démontre que les stations de cette procession vieille de 1500 ans sont placées sur un cercle exactement en fonction des constellations montrées dans le zodiaque au plafond du temple de Dendérah en Égypte. Par ailleurs, j’ai fait la corrélation entre des constellations et l’organisation de cupules gravées sous les dalles de couverture de certains dolmens. Dans mon livre Mégalithes je montre par exemple la photo des cupules dans la chambre du tumulus Saint-Michel et les étoiles de la constellation des Pléiades, étoiles qui sont aussi représentées sur le disque de Nebra au sujet duquel j'ai également écrit un livre en 2012. C’est dans ce dernier ouvrage que j’ai souligné des similarités entre le disque de Nebra et le calendrier Maya.
ABP : Comment les Mayas ont-ils pu, sans Google Earth calquer sur la terre un plan pareil, à l'échelle d'un pays tel que le Mexique « actuel » ?
Howard Crowhurst : C’est la question qui dérange et je le répète, c’est un nouveau paradigme par rapport aux anciennes civilisations. Mais vous savez, l’idée que des anciennes constructions aient pu être une représentation terrestre des constellations a déjà été proposée par Robert Beauval pour les pyramides d'Égypte, avec la constellation d'Orion. Et par Louis Charpentier pour les cathédrales gothiques en France, avec la constellation de la Vierge.
ABP : Aimeriez-vous inviter ce jeune Canadien à votre festival cet été ?
Howard Crowhurst : Absolument, j'aimerais beaucoup inviter ce jeune Canadien pour présenter son travail lors de nos journées de conférences qui se déroulent du 18 au 22 juin cette année. Peut-être pourra-t-il être présent par Skype… merci encore les nouvelles technologies.
ABP : Pouvez-vous décrire cet événement à venir en quelques mots ?
Howard Crowhurst : Pendant 5 jours nous accueillons des conférenciers qui ont développé une autre interprétation des constructions de la préhistoire que celles généralement acceptées aujourd'hui. Christopher Dunn viendra des États-Unis pour nous parler de son travail sur les pyramides d'Égypte ; Jacques Grimault présentera une conférence qui proposera l'idée que les mégalithes sont un langage universel. John Martineau s’exprimera sur les dernières découvertes mégalithiques dans le monde. Moi-même je montrerai comment le tracé de l'implantation des pyramides d'Égypte obéit aux mêmes règles que l'implantation des monuments mégalithiques de Carnac.
Pour aller plus loin : (voir le site) de megalithes.info