Le dernier ouvrage de Yvon Ollivier se lit à différents niveaux. Il y a d’abord un hommage à cette île du Ponant qui semble se perdre dans le vaste océan, à sa géographie, son histoire, ses hommes et ses femmes et à leurs vies face aux éléments souvent déchainés, à leurs qualités et à leurs défauts et à ces traditions qui guident et structurent leur existence, dont cette coutume de la Proella qui donne son titre à ce livre.
Le dernier ouvrage de Yvon Ollivier (1) se lit à différents niveaux.
Il y a d’abord un hommage à cette île du Ponant qui semble se perdre dans le vaste océan, à sa géographie, son histoire, ses hommes et ses femmes et à leurs vies face aux éléments souvent déchainés, à leurs qualités et à leurs défauts et à ces traditions qui guident et structurent leur existence, dont cette coutume de la Proella qui donne son titre à ce livre.
La
Proella, le «
retour au pays », c’est cette nuit de prières et de méditation pendant laquelle, en majorité des femmes de l’île sous la direction d’une «
prieuse » supplient le Ciel d’arracher au «
malin » et de faire revenir sur leur terre insulaire ceux qui ont péri en mer et dont la plainte s’entend sur le
Youc’h Kozh, la roche menaçante qui se dresse dans l’entrée de la baie de Lambaol.
Il y a ensuite un roman policier qui met sur la piste du meurtrier de trois touristes assassinés, deux gendarmes et leurs collègues, l’un, officier supérieur féru des méthodes classiques d’investigation qui sont peut-être efficaces sur le continent mais échoueront dans l’environnement humain si particulier de l’île, l’autre un sous-officier plus au fait des mentalités insulaires et qui trouvera et le coupable et la «
justification » de ses crimes.
C’est alors que le roman bascule dans l’imaginaire pur et l’ésotérisme avec des enlèvements par les services spéciaux, des apparitions et des disparitions surprenantes, l’auteur veut nous faire voir, derrière la réalité matérielle, une réalité virtuelle qui hante l’esprit des gens simples et que seule sans doute la tradition ouessantine peut susciter.
Le dernier niveau de lecture c’est celui du basculement d’un monde jadis totalement imprégné de cette tradition enfantée par la géographie, la météorologie, l’histoire, la religion, dans une modernité que la population insulaire, plus ou moins inconsciemment, refuse et rejette.
Ce qui est décrit c’est un vrai choc des cultures causé par l’éradication de la langue ancestrale, de la religion, de certains savoir-faire, en fait de l’héritage du passé, menacé par l’uniformisation imposée par le pouvoir central et mise en oeuvre par ses représentants, en particulier les enseignants du service public, les forces de l’ordre républicain et sa justice.
Au-delà des péripéties de l’ouvrage, c’est la leçon qu’il faut retenir de ce «
roman policier », ce combat entre des traditions parfois multimillénaires et l’ordre nouveau imposé d’en haut et qui, presque toujours impose aux vaincus d’abandonner une partie de ce qui les faisait ce qu’ils étaient et les distinguait des autres.
Sous nos yeux cet affrontement se déroule partout dans le vaste Monde et pas seulement dans cette île du Ponant où Yvon Ollivier a choisi de le situer, une île qui est pour lui «
le lieu de tous les possibles, où le réel côtoie la légende d’un peuple oublié qui défie le temps et attend son heure ».
Comment l’humanité survivra-t-elle à cette uniformisation globale ? La question méritait d’être posée.
Jean Cévaër
Fouesnant, éd. Yoran embanner, 2016, 247p., 10 euros
Voir sur ABP http://abp.bzh/proella-le-chant-des-ames-perdues-de-yvon-ollivier-40096 la présentation par l'éditeur.
Voir http://www.coop-breizh.fr/7017-la-proella-le-chant-des-ames-perdues-2147483647.html du diffuseur Coop Breizh, avec 4 pages (132-135) à lire sur le site.
Note
(1) Yvon Ollivier est un magistrat breton originaire du Léon habitant et travaillant à Nantes. Il est vice-procureur du parquet des mineurs du tribunal de grande instance de Nantes et membre de l'Institut culturel de Bretagne.
Il est l'auteur de :
-
La France comme si ou l'improbable réforme du système jacobin, Pornic, éd. du Temps,
2015.
Aussi sur ABP…
Yvon Ollivier, vous sortez un nouvel ouvrage intitulé « la France comme si.. » chez Le Temps éditeur qui traite notamment de l'insertion de la France dans la mondialisation. La mondialisation n'a
: entretien avec l'auteur.
-
Gueule Cassée. Lom ar geol, Fouesnant, Yoran embanner,
2014.
Aussi sur ABP…
Après le front, durant la Guerre 14, Lom ar Geol revient au pays. Lom est une de ces Gueules cassées. Avec son visage perdu, qui est-il vraiment ?
et
Aussi sur ABP…
En ce centenaire de la Grande Guerre le roman de Yvon Ollivier nous rappelle ce qu’en fut l’horreur.
Yann Gouritain est un paysan du Porzay, attaché aux siens, à sa terre
et
Aussi sur ABP…
De Locronan, le jeudi 24 juillet à 18 H à la Librairie celtique (dans le cadre du marché des Étoiles) à Ouessant à partir du 20 août...
et
Aussi sur ABP…
Yvon Ollivier, infatigable pourfendeur de l'illusion jacobine et de ses corollaires : le refus de l'altérité et la négation de la différence culturelle, continue la promotion à Nantes, à « l'En K nantais » de son best-seller « Lom ar Geol », dans le cadre des « rencontres d'auteur », rendez-vous livresque nantais incontournable organisé par l'Agence culturelle bretonne.
dont l'auteur de l'article écrit
Ce livre est le versant romanesque de l'essai publié en 2012 par l'auteur aux éditions de l'Harmattan : La désunion française, essai sur l'altérité au sein de la République
qui a nourri le débat sur les méfaits du jacobinisme et de la négation des droits culturels des Bretons.
-
La désunion française Essai sur l'altérité au sein de la République, L'Harmattan,
2012.
Aussi sur ABP…
Ce mercredi 16 octobre, les Bretons de Siences Po accueillaient rue Saint Guillaume un ancien élève de l'école, et actuel magistrat au Tribunal de Grande Instance de Nantes, Yvon Ollivier,
pour une conférence à Science Po en 2013 sur le sujet du livre et
Aussi sur ABP…
Il est rare qu'un livre en lien avec la Bretagne se retrouve dans les colonnes du « Monde des livres ». C'est ce qui vient d'arriver, le 28 juin dernier. Comment la « patrie des droits de l'homme » en est-elle arrivée à promouvoir ainsi des pratiques consistant à éradiquer une identité donnée
pour un article de
Bretagne réunie signalant que le livre est mentionné dans
Le Monde des Livres.
Commentaires (0)
Aucun commentaire pour le moment. Soyez le premier à réagir !