Chaque édition du festival interceltique programme le premier samedi soir au Grand Théâtre de Lorient ce que l'on peut qualifier de soirée de gala mettant en valeur la nation invitée de l'année. Une sorte de vitrine culturelle et musicale qui introduit la semaine de festival. Et tout ceci en présence d'une bonne partie des partenaires du Festival, institutionnels et privés, une vraie soirée de prestige.
Et il est vrai que les soirées proposées par le passé par le Pays de Galles, l'Écosse ou l'Australie ont marqué tant pour la qualité du spectacle et des artistes que pour la mise en scène et la fluidité de la soirée.
Et cette année, la déception est d'autant plus grande que la qualité des artistes n'y est pour rien. Des 8 groupes présentés sur scène, l'on peut dire, pour ceux qui suivent le festival depuis un temps certain, que le niveau musical s'est nettement amélioré ces dernières années tant en Cornouailles que sur l'Ile de Man. Le groupe manxois Barrule a une pêche d'enfer qui n'a rien à envier à celle de ses voisins irlandais et la jeune (et jolie) cornouaillaise Kezia possède une voix à faire se damner nombre de festivaliers. Cette Kezia sera-t-elle la Brenda Wootton des temps modernes en Cornouailles ? Barrule et Kezai, rien qu'à eux, valaient le détour. En revanche, avec un groupe comme Dalla, on avait l'impression de se retrouver au début des années 80, tendance celtico-mystique-retour à la terre, finalement assez exotique vu d'aujourd'hui mais guère excitant.
A noter la présence de danseuses des deux pays qui présentèrent une version actualisée de leurs danses traditionnelles du meilleur effet.
A souligner aussi la tentative de création musicale de David Kilgallon autour d'une fusion entre les langues et les cultures des différentes nations celtiques. Initiative louable avec quelques moments très réussis mais dont la globalité mériterait d'être un peu retravaillé pour être réellement audible.
Mais en fait, l'ensemble des artistes a été plombé par la mise en scène ou plutôt le manque total de mise en scène, une sorte de défilé de groupes les uns après les autres avec 5 minutes de réglages techniques entre chaque groupe, sans véritable explication sur les groupes, leur répertoire... Ambiance cassée, massacrée par cet oubli impardonnable du liant, du tempo... On aurait voulu que l'écran du fond de scène soit utilisé avec un aller-retour entre musique et pays concerné, on aurait souhaité avoir un présentateur, un acteur ou un conteur qui le temps des réglages techniques aurait pu nous parler des deux pays, de leur mythologie, de leur culture. Un vrai massacre pour une soirée de prestige ... On se serait cru il y a 25 ans.... Ce n'est plus pensable de proposer une soirée dite de "haute tenue" dans de telles conditions, c'est totalement contre-productif en termes d'image....
Heureusement, vous avez encore huit jours pour découvrir ces groupes manxois et cornouaillais à travers le festival et au pavillon Man-Cornouailles.
Et pour terminer, la petite note habituelle : aucun mot en breton pour la présentation de la soirée .... Ça devient franchement pénible.....