A quoi peut servir une loi sur l'eau qui renonce à s'attaquer aux réels problèmes de qualité et de gestion de l'eau en France et s'incline devant la pression des lobbies des distributeurs d'eau et de l'agro-industrie ? Sous la pression du lobby agro-industriel, la France, déjà condamnée pour la pollution des eaux bretonnes, refuse de se donner les moyens de retrouver le bon état écologique exigé pour 2005 par la directive cadre européenne. Les consommateurs domestiques continueront à payer 85% des redevances pour pollution alors qu'ils ne sont responsables que de moins de 10% de la pollution nette émise. Par contre les nitrates, responsables de la pollution des rivières, des nappes et du littoral, ne seront pas taxés. Les pesticides, pollution actuellement reconnue comme majeure, resteront à un niveau de taxation ridiculement faible pour être dissuasif, alors qu'ils devraient faire l'objet de restrictions sévères, voire d'interdiction, d'utilisation. Sous la pression des entreprises privées de distribution d'eau, la loi renonce au contrôle public de la gestion de l'eau. Alors que tous les gouvernements précédents proposaient la limitation de la durée des contrats, cette loi s'incline devant les lobbies de l'eau et supprime toute clause limitative. Elle refuse que des conseils généraux ou régionaux aident financièrement les communes à la reprise en régie directe de leur gestion de l'eau. Ses rapporteurs refusent le plafonnement de la part fixe dans les factures telle qu'elle avait pourtant été votée par le sénat, répondant ainsi au souhait de toutes les associations de consommateurs. Elle refuse tout organisme de contrôle de type "Haut Conseil de l'Eau et de l'Environnement" qui pourrait moraliser la gestion de l'eau en France. A travers la loi "Oudin-Santini" elle se propose la privatisation et la conquête des marchés des pays du tiers monde par les entreprises privées de l'eau sous couvert de "coopération décentralisée". Cette loi est une "non-loi". En refusant d'affronter la main mise des lobbies de l'économie libérale sur la gestion de l'eau en France, elle prépare les catastrophes écologiques de demain. C'est un chantier qu'il faudra totalement reprendre et qui nécessite, comme beaucoup d'autres, un changement de pouvoir politique lors des échéances à venir. Michel Rolland, Président des Verts Bretagne Le 16 mai 2006