Ce numéro est exceptionnel par la qualité des reportages et des interviews et aussi le sujet de couverture : la mer. Vous y trouverez une panoplie exceptionnelle de Bretons qui vous ouvrent l'esprit et le coeur. Mona Ozouf, Cécile Corbel, Joseph le Bihan, Jean Ollivro, Alain Glon, plus un article de notre contributeur Hubert Chémereau sur le bagad Saint-Nazaire (un autre chroniqueur ABP, Jean-Pierre Le Mat, fait l'objet d'une superbe interview du Magazine BRETONS de janvier 2015).
L'interview de Cécile Corbel dévoile pour la première fois la personnalité profonde de notre fée, qui est aussi un peu sorcière certes, mais qui est avant tout une créatrice talentueuse à l'imagination fertilisée par les landes et les falaises du cap Sizun aussi rousses en hiver que sa chevelure. Sortie tout droit de l'archétype inconscient des anciens Celtes qui meublent encore nos esprits bretons, elle occupe un créneau de notre imaginaire d'enfants, peuplé de graals et autres "merlineries", de princesses aux longues tresses ou de chevaliers servants.
Jean Ollivro, l'écrivain et le géographe, théoricien de la réunification et président de Bretagne Prospective, signe un bel article intitulé "La Bretagne et la mer ". Il nous parle de notre "méritoire". "La Mer est le futur de l'Homme" dit-il. On le croit. Surtout de l'homme breton. "La Bretagne n'est pas un Finistère mais un début de mer" dit-il, le "débutdemer". Des ressources fantastiques : 700 espèces d'algues, une concentration de chercheurs exceptionnelle, des ports en eau profonde a développer comme celui de Brest et des énergies marines prometteuses. Citer les chercheurs, les ressources c'est bien, mais n'oublie-t-il pas de citer aussi les entrepreneurs ? N'oublions pas des entreprises de pointes comme Olmix, créatrice d'emplois et d'exportations et la liste est longue ! Les deux groupes sont indissociables et les deux des trois piliers de notre future économie de la mer, le troisième étant les Bretons eux-mêmes, les héritiers d'une connaissance et d'un savoir-faire maritime de premier ordre.
Le reportage sur l'Institut de Locarn est remarquable et cloue le bec définitivement aux mauvaises langues, devenues d'ailleurs très discrètes dernièrement. Les derniers Mohicans de la lutte des classes, restés coincés au 19e siècle sont les nouveaux ploucs, ceux qui n'ont pas encore compris que la prospérité d'un pays n'est autre que la prospérité de ses entreprises. L'enracinement de son patronat, est la source profonde du dynamisme d'une économie. "Le logiciel culturel" , affirme le co-fondateur de l'Institut, Joseph Le Bihan, c' est ce qui compte le plus dans une économie mondialisée. Alain Glon, le président actuel de l'institut, plus pragmatique, propose la reconquête des services de base (énergies, transports, assurances, recyclages etc), aujourd'hui aux mains de multinationales dont le siège est à Paris (voir le site) Local is beautiful. Les deux se complètent et l'institut de Locarn propose les seules réponses plausibles et raisonnables à la mondialisation de l'économie. Ce sont nos solutions bretonnes.
Les autres articles couvrent la rebellion du Léon de 1793, Yann Cariou, l'île de Sein, les ports bretons, et plein d'autres sujets bretons qui vous remonteront le moral pour une année 2015 porteuse de réalisations et d'horizons nouveaux.