« Alarmiste, mais pas pessimiste ». Jean-Yves Le Drian a appelé au déclenchement d’une « mobilisation générale en Bretagne » pour la filière avicole déjà fortement touchée par les conséquences de la grippe aviaire. « Notre région qui produit 34% de la volaille française est dans l’œil du cyclone. Il y a danger grave pour la Bretagne. », a déclaré le président du Conseil régional de Bretagne lors de son passage ce samedi au Salon de l’agriculture à Paris. Face à cette « psychose sans fondement », il a annoncé des actions à l’échelon national, européen et international. Le 13 mars, il participera à Rennes à une table ronde avec les acteurs de la filière aux côtés de la préfète de région, Bernadette Malgorn.
Table ronde le 13 mars à Rennes
Jean-Yves Le Drian attend de cette table ronde des dispositions concrètes. « Je n’ai pas mangé de poulet devant vous, parce que cela ne suffit pas », a t-il ironisé regrettant que les 63 millions d’euros promis par l’Etat ne soient pas à la hauteur des pertes occasionnées. Sur cette enveloppe, il « revendique sa juste part pour la Bretagne et demande la transparence sur les affectations ». L’élu se dit prêt à mouiller sa chemise : « je suis d’accord pour assurer une promotion du poulet breton en France et à l’étranger ».
Chômage en Bretagne
Les industriels évaluent entre 25% et 40%, selon les produits, leur baisse d'activité depuis la découverte d’un cas de grippe aviaire dans l'Ain il y a deux semaines, entraînant une baisse de la consommation en France et la fermeture des marchés à l'exportation de 45 pays. Le groupe breton Doux, numéro un européen de la volaille, va ainsi mettre 500 à 600 salariés -10 à 15% de ses effectifs dans l’Hexagone - au chômage par roulement jusqu'à l'été. Fin février, le groupe Unicopa avait annoncé également qu'il placerait en chômage partiel les 500 salariés de sa filiale spécialisée en poulets "export", Tilly-Sabco à Guerlesquin, une semaine en mars et une semaine en avril. « Cette psychose peut tuer 20 000 emplois », s’est ému Jean-Yves Le Drian rappelant que « le secteur de la volaille est déjà sérieusement fragilisé avec les plans de cessation d’activité » traduits par des pertes de « 400 000 m2 de poulaillers et 2 000 emplois industriels en dix ans ».
« Bruxelles doit reconnaître la situation de crise "
Jean-Yves Le Drian se rendra, la deuxième quinzaine de mars, à Bruxelles pour rencontrer le directeur général de l’agriculture, Monsieur de Marty et plaider pour la reconnaissance d’une situation de crise et des restitutions ponctuellement revues à la hausse pour une courte période. Il a précisé que des contacts ont été menés cette semaine par « l’ambassade de la Bretagne » à Bruxelles. Autre levier d’action, « notre outil Bretagne International qui a des réseaux dans le monde entier sera associé à notre réflexion et à notre action », a t-il promis. Après avoir rencontré les syndicats, le chef de l’exécutif breton compte s’adresser ces prochains jours aux responsables des grandes surfaces de Bretagne. « La solidarité doit aussi s’exprimer à ce niveau, car tout le monde est concerné », a-t-il souligné.
Fonds européens et mondialisation raisonnée
Alors que « nous sommes dans une phase de centralisation au niveau national, on s’aperçoit qu’en cas de crise, les régions ont du bon », a lancé Jean-Yves Le Drian qui demande la mobilisation des fonds européens au niveau régional. Tirant les premiers enseignements de « cette crise qui n’est malheureusement pas finie », il a insisté sur les nécessaires discussions à mener autour du concept de souveraineté alimentaire : « sans mondialisation raisonnée en matière alimentaire, on sera confronté à des catastrophes de ce type » dans l’avenir. « Si on relève le défi fortement, on peut s’en sortir, a t-il conclu ce point presse, mais, tout est dans les têtes ».
RONAN LE FLÉCHER