Le Figaro et Le Point ont publié, le 28 octobre, sur leurs sites respectifs, une information, qui n'a pas semblé recevoir beaucoup d'échos, alors qu'elle vient d'observateurs privilégiés et qui habitent en Bretagne, contrairement aux éditorialistes des médias parisiens, souvent peu crédibles, tellement leur méconnaissance du terrain peut s'apercevoir.
L'antenne de Rennes de la Sous-Direction de l'information générale (SDIG) aurait indiqué au gouvernement que «la vague de manifestations contre l'écotaxe en Bretagne serait attisée, notamment, par deux groupes identitaires, l'un d'extrême gauche, en marge du mouvement Breizhistance (sic), l'autre d'extrême droite, sous la bannière de Jeune Bretagne» .
Précisons que Breizhistance est, non seulement classée à l'extrême-gauche, mais, aussi, ouvertement indépendantiste. Jeune Bretagne semble être son pendant d'extrême-droite, mais, n'hésite pas à citer des polémistes français de cette mouvance (feu Louis Pauwels, par exemple), ce qui est inhabituel dans l'extrême-droite purement bretonne.
La SDIG (la partie des Renseignements généraux qui n'a pas été intégrée dans la DCRI), estime que les mouvements de colère bretons pourraient donner l'exemple dans l'Alsace, le Pays basque et la région de Nice.
Le Monde, daté du 29 octobre, souligne qu'une page Facebook qui s'intitule «Soutien aux agriculteurs bretons» (10 000 approbations) apparaît fortement liée au syndicat d'extrême-droite, UNI et n'aurait pas été créée par des agriculteurs bretons.
Il est indiqué que cette même mouvance reprend à son compte le bonnet rouge, dont 900 exemplaires ont été offerts par Armor-Lux aux manifestants de samedi dernier à Pont-de-Buis.
Gageons que cet article va connaître un certain succès dans les nombreux magasins de la marque et le patron militant qu'a toujours été Jean-Guy Le Floc'h est aussi capable de faire des calculs habiles.
A notre point de vue, la police crie au loup, mais s'avère, comme les politiques qu'elle doit conseiller, impuissante à saisir ce qui cimente la coalition, a priori hétérogène, qui a fait reculer le gouvernement, l'obligeant à «suspendre l'écotaxe» .
Le Monde s'interroge aussi sur cette «étonnante alliance de la fronde bretonne» et rappelle que, dès le 4 février 2009,1 000 patrons bretons étaient venus protester près du péage qui est à l'entrée de la voie express vers Rennes. Un directeur de supermarché brestois lui déclare : «Mais devant l'injustice, les Bretons sont tous d'accord. La distribution n'a pas été "clean" tout le temps, mais les relations se sont beaucoup améliorées [avec les producteurs NDRL] depuis les années 1990.»
Les voilà donc, ceux qui ont allumé la mèche. Ils sont bien habillés, élèvent rarement la voix, envoient des dizaines de communiqués, mais, passent-ils dans les radars de la SDIG ?
Les milliers d'agriculteurs, de salariés des entreprises de l'agro-alimentaires et des transports (et d'autres secteurs) non plus.
Les premiers seraient tous à Jeune Bretagne et les seconds à Breizhistance?
Les agriculteurs sont sous la bannière du syndicat majoritaire et les dirigeants bretons d'entreprises, ceux des hypermarchés inclus, sous le drapeau de Produit en Bretagne ont depuis longtemps sonné le tocsin.
C'est vrai que la vie des politiques parisiens et bretons serait alors plus simple, si tout ressemblait aux bandes dessinées américaines les plus morales.