A Brest, les familles se mettent en chaîne pour la chaîne TV bilingue français-breton
Quatre organisations avaient appelé à trois rassemblements dans les trois grandes villes de Bretagne, Nantes, Rennes et Brest, le 9 février 2013 à 15 heures : Ai'ta, Kevre breizh, 44 = Bzh, Bretagne réunie.
Ils ont été appuyés par l'intersyndicale FR 3 Ouest, l'Union démocratique bretonne, Europe Ecologie-Les Verts, le Parti breton, l'Alliance fédéraliste européeenne. Environ 400 personnes ont répondu à l'appel à Brest, dont une grande partie des salariés de France 3 Iroise.
Dewi Sibiril, de l'organisation Ai'ta, dans une déclaration à l'ABP en fin de manifestation, a mis l'accent «sur le fait que tous les âges étaient représentés en donnant une image proche de la réalité du peuple breton» dans toute sa diversité, mais aussi son unité derrière les trois sujets centraux, la langue bretonne, la réunification et un vrai pouvoir régional.
Peu d'élus régionaux étaient présents, car une session du Conseil régional de Bretagne se tenait à Rennes en même temps. Christian Troadec, conseiller général et maire de Carhaix, Mouvement Bretagne et Progrès-Breizh war-raok, avait toutefois fait le déplacement ainsi que des élus de Plouarzel, Pluguffan et Quimper.
Les organisateurs prirent successivement la parole pour déplorer la misère de la production télévisée publique en breton (90 minutes par semaine), comparée aux 8 heures en corse de FR 3 Corse Via Stella et aux centaines d'heures produites en langue nationale ou régionale dans les chaînes régionales britanniques ou espagnoles.
Il était rappelé que les Bretons payent une taxe sur l'audiovisuel, sans que la télévision régionale reflète leur pays.
Il est temps de créer, a déclaré l'intersyndicale des personnels de France 3 Ouest (Bretagne 4 départements + Pays-de-La-Loire), une chaîne réellement régionale, moins dépendante de Paris dans ses choix et faisant une place à la production privée locale.
Kevre Breizh insistait sur le regard négatif porté sur le gouvernement français par les autres pays quand ils ont à traiter des langues moins répandues. La politique restrictive de la France a, une fois de plus, été mise en cause lors d'une réunion de l'ONU à Genève en janvier dernier.
Il était ensuite proposé à l'assistance de former une chaîne menée par une personne arborant un panneau indicateur qui disait en breton «Du breton dans la télé, du breton dans votre bouche» (brezhoneg 'barzh an tele / brezhoneg en ho peg). La chaîne humaine est partie de la rue Frédéric Le Guyader, derrière le Quartz, où se trouve France 3 Iroise, siège et lieu de production pour la Bretagne Ouest de France 3, puis descendit la rue de Siam jusqu'à la Rue Jean Macé, puis partit dans l'autre sens pour longer la Place la Liberté et passer devant l'Hôtel de Ville, avant de former une immense ronde qui suivait les limites de la grande esplanade pavée.
Chloé Tempéreau, représentante de l'intersyndicale des personnels de France 3 (CFDT-CGT-Sud), a indiqué à l'ABP que l'objectif des personnels était de créer une vraie chaîne régionale avec une production télévisée réalisée sur place par eux-mêmes et qui soit en prise avec les réalités de la Région.
En fait, la direction parisienne de France 3 a approuvé implicitement ces manifestations, par l'entremise de François Guilbeau, sur l'antenne de FR3 Ouest le soir même.
Il a fait référence aux nouvelles définitions des missions des chaînes de France 3 qui sont en discussion à Paris, dans le cadre d'un futur «acte III» de la décentralisation .
Le niveau de mobilisation sera un élément des décisions prises à la fin de ce mois.
Une pétition a été lancée sur le site petition24.net : 5 539 signatures au 9 février.
Christian Rogel et Philippe Argouarch