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- Dépêche -
Brittany Ferries : un futur incertain
La direction de la Brittany Ferries a annoncé vendredi avoir décidé d'immobiliser tous ses navires pour une durée indéterminée en raison de "grèves à répétition de son personnel navigant"
Par Philippe Argouarch pour ABP le 22/09/12 10:33

La Brittany Ferries assure des liaisons entre la France, la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Espagne. Elle est le premier armateur en France et le premier exportateur français vers le Royaume-Uni, a une dette de 70 millions et essaie de sauver le navire en faisant participer l'ensemble du personnel au redressement nécessaire des finances. Son déficit a atteint 18 millions d'euros l'an dernier, après une perte de 16 millions en 2010 et de 8 millions en 2009.

Suite à une grève de 24 heures sans préavis en début de semaine, la direction de la BAI a annoncé vendredi avoir décidé d'immobiliser tous ses navires pour une durée indéterminée en raison de "grèves à répétition de son personnel navigant". Bien que les salariés disent avoir voté le retour au travail juste avant, le journal Les Echos rapporte qu'une autre grève était prévue pour le 28 septembre.

A noter que le personnel terrestre et le syndicat des officiers mariniers ont, quant à eux, refusé de faire grève. D'après Yves Lainé, qui fut directeur du développement de 1976 à 1997, les marins ne mènent pas uniquement les huit navires de la Brittany Ferries, ils mènent aussi la barque : "il y a toujours eu à la BAI une sorte de prise d'otage des sédentaires par les marins", affirme l'ancien cadre.

Dialogue de sourds

Selon un membre du Conseil de Surveillance (le Conseil d'administration) qui a accepté de discuter avec ABP, les représentant des syndicats du personnel navigant refuserait toutes les propositions de la direction. Jean-Paul Corbel, quant à lui, aurait déclaré bloquer la situation " parce que la direction refuse d'étudier avec nous d'autres pistes d'économies".

La direction veut revenir sur certains avantages accordés au personnel navigant dans les années 90. Il s'agit d'une prime mensuelle s'élevant à 150 euros pour les marins (mais pas les officiers), d'indemnités pour les repas servis lors des traversées. Contacté par ABP, Gaétan Bohu, délégué syndical CFDT et au Comité d'Entreprise, actuellement sur le Normandie occupé par le personnel, a déclaré que les syndicats seraient prêts à accepter le plan de retour à la compétitivité à condition que les suspensions de ces avantages soient temporaires en attendant des jours meilleurs, alors que la direction les veut définitives.

D'après Gaétan Bohu, une des raisons du conflit vient aussi du refus par la direction de certaines propositions des salariés navigants, comme celle d'entrer dans l'actionnariat de l'entreprise.

Des actionnaires paysans

Les principaux actionnaires de la Brittany Ferries sont des paysans bretons regroupés au sein de coopératives agricoles comme la SICA, coopérative légumière de Saint-Pol de Léon. Alexis Gourvennec, le fondateur de la Brittany Ferries, fut lui-même le président d'une de ces coopératives. Ces agriculteurs voient leurs exportations vers l'Angleterre tomber à l'eau et sont fous de rage. "Les pertes vont se chiffrer en millions et accentuer encore plus le déficit commercial de la France", fait remarquer ce membre du CA qui pense que le gouvernement devrait intervenir. Brittany Ferries a annoncé que, si une solution n'était pas trouvée, ce ne sont plus 70 millions de dette qu'il faudra gérer mais 150 millions. Pour commencer, il faut rembourser 8 000 réservations non honorées.

Un futur incertain

Confronté à cinq problèmes majeurs, l'augmentation des coûts du carburant, la crise économique et la diminution des passagers, la baisse de la livre sterling (80% des passagers seraient britanniques), la concurrence des compagnies aériennes lowcost, et même la concurence d'autres compagnies comme Irish Ferries, le fleuron de l'économie bretonne est déstabilisé. La BAI n'a évidemment pas la possibilité de délocaliser des lignes maritimes. En revanche, installer le siège social à Cork en Irlande et bénéficier de la même fiscalité avantageuse qu'Apple et Google ? Pourquoi pas si c'est le prix à payer pour conserver des débouchés aux légumiers léonards et les emplois de 2 500 Bretons et Normands. ..

Mais les choses ne sont pas forçement mieux de l'autre côté de la mer celtique. Irish Ferries qui opère 4 ferries dont aussi des lignes vers Roscoff et Cherbourg fut la proie d'un terrible conflit social en 2005. L'entreprise a failli disparaître pour de bon alors que le personnel navigant refusait aussi des réductions de salaires. Irish Ferries décida alors d'embaucher (outsourcing) du personnel issu de pays pauvres en dehors de la Communauté européenne et un énorme scandale éclata lorsqu'il fut découvert qu'une femme de nationalité philippine était payée un euro de l'heure. Des manifestations rassemblant jusqu'à 100 000 personnes eurent lieu à Dublin. Le conflit fut résolu en décembre 2005 grâce à l'intervention d'une commission de négociation entre les syndicats et la direction. Irish Ferries refuse aujourd'hui les traversées à perte. La ligne Rosslare-Roscoff n'est opérée que de mai à septembre mais offre des tarifs qui défient toute concurrence. 99 euros par passager avec voiture au départ de Roscoff vers Rosslare en mai 2013 alors que pour la même date c'est 146 euros minimum pour la Brittany Ferries, également au départ de Roscoff mais vers Cork. A noter toutefois que Cork est une ville de la taille de Saint-Malo alors que Rosslare est un embarcadère perdu à 75 kms de Dublin.

Philippe Argouarch

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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Vos 12 commentaires
Pierre CAMARET Le Dimanche 23 septembre 2012 08:45
Ah! les syndicats et la defense des droits acquis ??????? Des Dinosaures qui n'ont pas encore compris que le Monde a change depuis des decades, et que nager a contre courant n'amene pas loin .
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SPERED DIEUB Le Dimanche 23 septembre 2012 11:38
C'est incroyable une petite partie des milliards qui vont être dépensées dans le TGV pour gagner quelques minutes .... soulagerait la BAI mais l'obsession du colonialisme francilien, tout pour Paris tout vers Paris, paralyse toute tentative de sauvetage et de relance de la vocation maritime de la Bretagne .Alors à qui profite la divisions des bretons ???? Il est clair que les ponces Pilate gardiens du temple jacobin vont encore avoir le beau jeu
Cette situation démontre bien l'antagonisme entre vocation de la Bretagne tournée davantage vers l'océan enrichissante et celle tournée presque exclusivement vers notre voisin de l'est appauvrissante
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Jack Leguen Le Dimanche 23 septembre 2012 21:58
Renflouer la BAI via l'état ? ca serait un peu comme renflouer le bassin minier lorain ce qu'avait fait Mitterrand apres son élection en 1981, investir des millions qui ont servi à rien puisque tout a fermé. La BAI perd de l'argent et ne perdra de plus en plus vu que le carburant augmentera jusqu'a sa disparition totale comme source d'enegie, gaz de shiste ou pas. Il faudra trouver un autre moyen à la SICA pour exporter ses oignons roses et ses artcichauds : par le train et le tunnel sous la manche par exemple. A ce sujet une ligne ferroviaire cotière sur la facade de la Manche de BREST à Londres via SAINT-MALO , CALAIS ET FOLKESTONE serait bien plus utile pour la Bretagne que ce TGV pour touristes pressés. Certain ont même proposé de revenir à la voile pour de courtes traversées comme Roscoff-Plymouth. Une autre voie à explorer est la congélation des légumes et l'exportation via Brest qui est déjà devenu le premier port européen d'exportation de poulets congelés.
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SPERED DIEUB Le Dimanche 23 septembre 2012 22:37
Jack si la BAI perdra de plus en plus d'argent par rapport à l'augmentation du prix du carburant, cela veut dire que c'est l'ensemble du trafic maritime mondial qui est menacé vu que la traversée de la Manche est minime en distance par rapport à la traversée des océans non ???? Je ne suis pas affirmatif mais je voudrais bien une réponse d'une personne très compétente dans ce domaine
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Jack Leguen Le Lundi 24 septembre 2012 00:41
C 'est pas vraiment la même chose car il me semble qu'il y ait pas vraiment d'alternatives au maritime pour traverser l'Atlantique ou le Pacifique pour les containers mais il existe des alternatives pour la Manche ne serait-ce que le tunnel. De plus transporter des containers est moins cher que de transporter des semi-remorques non ? La SICA devrait réaliser ca non ?
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SPERED DIEUB Le Lundi 24 septembre 2012 07:51
Vos affirmations remettent en cause la vocation maritime de la Bretagne cela me parait pas très cohérent .Par contre c'est vrai que la hausse du prix des carburants comme des matières premières si elle dépasse la ligne rouge va bouleverser les fondamentaux de l'ensemble de l'économie entrainant également une hausse du prix de l'électricité ce qui va rendre le trafic ferroviaire également moins compétitif d'autant que le tunnel sous la manche a lui aussi aussi connu des péripéties pas très réjouissantes!! sa rentabilité n'est pas évidente non plus
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Ar Vran Le Lundi 24 septembre 2012 11:28
@Jack LeGuen
Ecrire que l'alternative au transport maritime est le tunnel sous la Manche, est suicidaire pour 2 raisons.
La première revient à dire que la Bretagne est un cul de sac économique et que tout doit passer par la France pour que les Bretons s'en sortent.
La deuxième est la conséquence de la première, à savoir la destruction d'une compagnie bretonne qui permet de donner de l'emploi à des locaux (c'est à dire ici des Bretons).
En outre, comment faites-vous pour l'Irlande ? Le tunnel sous la manche est très pratique en effet....
Malgré votre nom à consonance bretonne, ne seriez-vous pas originaire du Pas de Calais car au vue de votre argumentation, on ne peut pas dire que vous êtes un chaud partisan d'une émancipation économique de la Bretagne ?
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Erwan B Le Lundi 24 septembre 2012 11:32
Ce vrai qu'envoyer les légumes et passagers bretons via 1000 bornes d'autoroute + tunnel au lieu de traverser la manche, c'est super pertinent.
Ce qu'ils sont idiots à la SICA ... Pareil d'ailleurs pour les aéoports : tous à Paris : c'est bien plus malin.
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Bertrand Hugo Le Lundi 24 septembre 2012 12:20
Les transports routiers mais aussi ferrovières sont plus énergivores que ne l'est le transport maritime et fluviale. Avec la montée globale du prix de l'énergie, ce sera bien le transport maritime le moins touché de tous et qui restera le plus efficace. Le marché du transport diminuera de toute facon et se transformera avec la montée des prix (plus de voiles, moins de congélation qui est énergivore, plus de production locale...), et certains des transporteurs devront bien mettre la clé sous la porte un jour ou l'autre. Les compagnies aériennes low cost ne peuvent continuer encore bien longtemps, leurs faibles marges à chaque vol vont se réduire très rapidement avec l'augmentation du kérosène, c'est un marché ammené à disparaitre tot ou tard.
Garder des connections maritimes pour la Bretagne me semble absolument essentiel pour garder un dynamisme économique, surtout au travers des périodes très difficiles qui vont nous venir avec la montée global du prix de l'énergie.
Quant au fait de déménager le siège social de la Brittany Ferries en République d'Irlande, ceci semble etre une idée intéressante si cela devient nécessaire à la survie de la compagnie, Irish Ferries se permet bien de naviguer sous pavillon chypriote, et d'embaucher la quasi totalité de son staff dans les pays baltes.
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Yann LeBleiz Le Lundi 24 septembre 2012 12:32
On ne comprend pas bien la problématique de la BAI!
S'agit-il du prix du carburant, la chute de fréquentation, des luttes internes, la fiscalité française dont nous souffront en Bretagne,...?
Le Carburant est surprenant, car dans ce cas tous les ferries européens seraient dans la même situation et notamment en Baltique! Et d'autant plus, pour les nombreuses compagnies utilisant les Catamarans à grande vitesse partout en Europe!
Une chose est sûr, cette liaison maritime est importante pour la Bretagne, et proportionnellement bien plus que le TGV français et L'aéroport NDL qui vont ruiner le budget breton pour de nombreuses années!
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kristian Braz Le Mercredi 26 septembre 2012 21:23
Etles choix désaastreux de la SICA (actionnaire mjoritaire) quant aux orientations de la BF ?
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eugène Le Tollec Le Samedi 29 septembre 2012 10:38
Le personnel de cette entreprise serait-il les transfuges de la SNCM(autres grévistes cégétistes qui ont coulé leur entreprise,à Toulon et Marseille).
Il faut balayer ces gens.
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