Dix jours de festival qui se finissent comme ça, c 'est beau ...
Il succédait à Jean-Bernard Pouy et à la séance d'initiation au "breton pour les nuls". Discret, fatigué, Dominique Breau s'installe sur sa chaise, sort sa "bombarde" (comprenez guimbarde, en acadien), raconte l'histoire du moulin à sel qui engloutit le navire des pêcheurs de harengs, les poules qui pondent des oeufs carrés ...
Le public rit, en redemande. Il prend un ton plus grave pour son dernier "numéro", c'est un poème, qu'il a écrit quand sa femme ne comprenait pas pourquoi il s'obstinait à vouloir conter alors qu'il ne gagnait pas sa vie. Ils sont à peine cinq conteurs francophones dans toute l'Acadie.
Alors il a dit, avec beaucoup d'émotion, ce petit texte qu'il a écrit ... avant une ovation générale.
"J'ai dans le coeur un pays
l'Acadie
j'ai dans ma parlure
les mots de ce pays
des mots trop longs
des mots trop courts
mais des mots qui résonnent
des mots d'amour
aux couleurs d'automne
aux odeurs de printemps
qui résonnent (...)
Parce que mes ancêtres les ont parlés
les ont chantés, les ont priés
malheureusement les ont pleurés
moi je les ai écoutés et je les ai aimés
amoureux de cette parlure-là
je vous les offre..."
Kenavo l'Acadie, et bonjour à tous les Celtes, Indiens, Zoulous, et Asturiens de l'année prochaine !
N'en déplaise à tous les esprits chagrins, aux déçus du grand soir, au stand du pays de Galles, à la radio RTL qu'on n'a jamais vue, au cidre du grand producteur, au vin blanc de Bordeaux, à la voiture japonaise qui trônait devant le Palais des Congrès, à la francophonie, aux violonistes de Nouvelle Ecosse qui sont restés de l'autre côté de l'Atlantique.
Et bravo à tous les bénévoles, les 1200 hommes et femmes qui ont rendu ce festival possible et généreux.