Suite du journal de campagne de J.-Ch. Perazzi
Le foot, comme tout le reste, on aime ou on n'aime pas. Comme tous les sports collectifs, il est facteur de convivialité. Il crée entre groupes humains de la cohésion pour atteindre un même but. Ensuite, si celui-ci n'est pas atteint, c'est à chacun de voir s'il a fait de son mieux pour que son équipe atteigne le meilleur résultat. Et, si ce résultat a été obtenu, de fêter la réussite collectivement ; dans le cas contraire de se livrer à une autocritique sereine et objective. Et… de reconnaître que l'adversaire a su faire mieux.
Suivant votre lieu de vie et, bien sûr dans l'hypothèse où le foot ne vous sort ni par les yeux ni par les oreilles, vous êtes plus ou moins supporter de Brest, Guingamp, Rennes, Nantes ou Lorient. Voilà pour ce qu'il est convenu d'appeler le « haut niveau ». Ce qui risque de ne plus être tout à fait le cas, pour deux de ces clubs, dimanche soir (Lorient et Brest). Malloz Doue !
Ensuite, aux étages en dessous, il y a les clubs plus modestes de nos localités du même nom qui font quand même le charme et l'un des atouts de la Bretagne, comme dit dans la précédente chronique consacrée aux cités bretonnes, petites et moyennes. Ils ont, eux aussi, leurs supporters aussi fidèles que passionnés. Même si l'on apprend, ici et là, que cette passion tend à s'essouffler, comme s'essouffle l'envie de jouer, dans un collectif, de bien des jeunes. On peut épiloguer sur les raisons de cette défection.
Revenons au haut niveau.
L'ensemble des médias consacre une place bien plus importante - des jeux et du cirque ! - que dans le passé aux grands clubs de foot. Leurs performances, leurs résultats, leur succès, leurs échecs, leurs présidents, leurs dirigeants, leurs sponsors, leurs vedettes… Jusqu'à saturation.
Vous en doutez ? Tournez vos boutons certains samedis ou dimanches en soirée. Vous serez étonnés - le terme est faible - d'entendre le ton pas du tout « mezzo voce » de certains commentateurs qui font plus penser à des bonimenteurs de marchés qu'à des chroniqueurs ; le médiocre intérêt de la plupart des commentaires de joueurs, d'avant, pendant ou après match. Les malheureux répétant inlassablement « c'est compliqué »… comme ceux qui les interrogent. Au point que, pour la télé, plus d'un téléspectateur va jusqu'à couper le son (les panneaux publicitaires systématiquement placés derrières l'interviewé signifient aussi quelque chose, non ?). De voir la vigueur de certains tacles qui font que les effectifs des infirmeries de bien des clubs dépassent celui… des onze joueurs du terrain. De constater la contestation systématique de la décision prise par un arbitre, l'excitation de certains « chauffeurs de stades »…
Revenons à un niveau plus modeste. Et pardon aux lecteurs de l'Agence Bretagne Presse pour cette sorte de plaidoyer « pro domo ».
Durant tout le week-end de l'Ascension - cette année, du 17 au 20 mai - se tient en Cornouaille le « Mondial pupilles ». En tout 1.200 enfants de moins de treize ans des quatre continents disputant une compétition de football dans huit localités. La vingt-septième édition d'une compétition baptisée « Le foot, la fête et l'enfant ». Les gosses et les dirigeants sont accueillis dans des familles ; des bénévoles montent et démontent tribunes et barnums, assurent les multiples tâches complémentaires.
La grande finale a lieu le dimanche à Plomelin. Cinq mille spectateurs vont applaudir les 1.200 petits footeux défilant sur le stade en brandissant leurs fanions, avant les épreuves finales, au son d'un bagad.
La fête connaît à l'occasion quelques couacs. On a vu ainsi une équipe du Cameroun, l'épreuve terminée, prendre la clé des champs avec l'espoir qu'une vie meilleure l'attendait dans l'Hexagone. Un entraîneur du Spartak de Moscou insultant et promettant des sanctions, après une contre-performance, aux membres de son équipe. Des gosses de 12 ans complètement effondrés pour avoir raté un dernier tir au but…
Reste l'aspect positif d'un tel rassemblement placé, cette année, sous le signe de la solidarité. Avec des stands regroupant des ONG, des associations axant leur actions sur la coopération entre tous les peuples de la planète. La participation du « parrain du Mondial » : Kodjovi Obilaé, international togolais, goal de l'équipe de Pontivy, gravement blessé par balles lors de la Coupe d'Afrique des nations en 2010 et qui a créé l'association « Joie de vivre ».
Et puis quelques symboles lourds de signification. Comme la participation, lors d'une précédente épreuve, d'une équipe de Palestine et d'une autre d'Israël. Ou de petits Algériens et des Israéliens rentrant main dans la main sur le terrain avant un match ;
« Mondial pupilles » : cette année encore cette grande fête bretonne sera belle.
Jean-Charles Perazzi