- Lettre ouverte -
Eva Joly répond à Kevre Breizh au sujet des langues régionales
La lettre d'Eva Joly à Kevre Breizh (co-organisateur de la manifestation de demain à Quimper). Monsieur le Président, L'organisation Kevre Breizh, que vous présidez, m'a demandé de me prononcer sur mes engagements concernant la défense, la reconnaissance et l'avenir des langues et cultures régionales.
Par Tangi Louarn pour Kevre Breizh le 30/03/12 20:55

La lettre d'Eva Joly à Kevre Breizh (co-organisateur de la manifestation de demain à Quimper)


Monsieur le Président,

L'organisation Kevre Breizh, que vous présidez, m'a demandé de me prononcer sur mes engagements concernant la défense, la reconnaissance et l'avenir des langues et cultures régionales.

Si certains peuvent aujourd'hui ne pas tolérer en France toute expression (voire simple accent…) qui témoigne de la diversité des origines et des histoires, je crois au contraire que la préservation de cette diversité linguistique et culturelle est un enjeu majeur. La manière dont nous traitons ces questions révèlent et disent beaucoup de notre République et de notre démocratie.

Comme je l'ai affirmé à Mouans-Sartoux, en août dernier lors des universités d'été de Régions et Peuples Solidaires, comme je l'ai redit ce 28 février, lors de mon déplacement en Corse et comme le portera le sénateur Ronan Dantec qui me représentera, à Quimper, ce samedi 31 mars, lors de la manifestation " Nos langues, nos cultures, un droit, une loi ! ", ma candidature s'inscrit résolument dans la reconnaissance des langues et des cultures régionales.

L'ambition des écologistes est forte : il faut aujourd'hui mobiliser les outils de l'action publique pour parvenir à une " récupération linguistique " passant par la possibilité d'un bilinguisme français/langues régionales dans tous les secteurs de la vie publique et privée. Le bilinguisme comme la bi-nationalité est une chance, une richesse pour notre pays. J'attache donc une attention particulière à vos propositions rassemblées dans la " plate-forme 2008 pour un statut légal de ces langues et cultures ", qui s'avèrent très proches de celles que je défends.

Si, depuis la réforme constitutionnelle de 2008, l'article 75-1 de la Constitution reconnaît l'existence des langues régionales comme " appartenant au patrimoine de la France ", la décision du Conseil constitutionnel du 20 mai 2011 a montré les limites de cette « avancée » et l'absence d'égalité avec le français « la langue de la République » .

Je défends donc une réforme constitutionnelle qui modifiera cet article 2 de la Constitution. Il s'agit d'offrir la possibilité à toute région qui le souhaite de définir sa ou ses langue-s régionale-s comme co-officielle-s avec le français et évidemment de permettre la ratification de la Charte européenne des langues régionales comme celle de la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales. Il s'agit, ni plus ni moins, de mettre la France en conformité avec le droit européen en matière de diversité linguistique.

En effet, vous le savez, la France, pourtant membre de l'Union européenne, ne respecte, à cet égard, pas les critères de Copenhague qui sont, avec rigueur, exigés de chaque État souhaitant intégrer l'Union. Cela ne saurait, bien entendu, suffire. Je défends également la proposition d'une loi-cadre ambitieuse qui établisse un statut juridique clair et qui dessine les lignes d'un cadre fort en termes de moyens. Le développement des langues régionales dans l'enseignement, les médias et les relations publiques sont autant de priorités. Chacun doit avoir le droit et la possibilité effective de pouvoir envoyer son enfant dans une école bilingue ou par immersion.

Le combat des écologistes pour la reconnaissance des langues et cultures régionales s'inscrit aussi dans l'ambition d'une 6e République où l'organisation de la France se ferait sur le modèle d'un fédéralisme différencié avec une régionalisation renforcée. Les régions se verraient alors accorder un pouvoir réglementaire élargi, voire un pouvoir législatif secondaire, permettant d'adapter aux réalités régionales les normes nationales dans nombre de domaines tels la culture, la fiscalité etc.

Comme vous, je considère que le transfert vers les régions, comme la Bretagne à 5 départements, de compétences et de moyens correspondants, en matière de langue et de culture s'inscrirait dans le sens de l'histoire. Dans le cadre de cette réforme globale, il faudra aussi définir un processus démocratique simple et lisible permettant des redécoupages des limites des régions administratives françaises. Vous connaissez l'action du député François de Rugy et du sénateur Ronan Dantec en faveur de la réunification de la Bretagne.

Les langues régionales sont des trésors culturels en péril. Et, je ne peux terminer ma lettre sans saluer votre opiniâtreté à les faire exister face aux traditions ancrées d'un État jacobin qui s'est acharné, durant tant d'années, à les faire taire. Si le temps du « symbole » est révolu, les obstacles mis à leur perpétuation restent nombreux, il faut aujourd'hui les lever et organiser leur re-développement car elles sont, je le crois profondément, porteuses de nouvelles modernités au service du vivre ensemble.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, mes sincères salutations.


Eva Joly

Voir aussi sur le même sujet : loi sur les langues régionales,langues régionales,Eva Joly
Cet article a fait l'objet de 1640 lectures.
Vos 7 commentaires
Job LE GAC Le Samedi 31 mars 2012 18:34
Après ces déclarations, tout Breton qui se respecte sait comment voter pour les présidentielles !
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bernard guyader Le Dimanche 1 avril 2012 08:20
Bon dia .... su ce sujet et quelques autres c'est probablement la moins pire ...Faut il pour autant se déplacer pour une votation fr'ançaise et exclusivement fr'anc ? ...C'est également une très bonne interrogation . Bernard Guyader
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Gilbert Josse Le Dimanche 1 avril 2012 13:09
Elle ne sera pas élue, cela ne l'engage pas...
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Jean-Loup LE CUFF Le Dimanche 1 avril 2012 15:40
Nous devons voter pour nos idées si possible, ou ne pas voter... Eva Joly est effectivement celle qui répond le mieux à nos revendications bretonnes!!!!
Au second tour, la seule alternative sera de voter \"contre\" le plus néfaste à nos intérêts breton, ou ne pas voter... en attendant qu\'un jour (en 2017?), Bretons, Basques, Corses, Catalans, Alsaciens, Occitans, Savoyens... puissions présenter un candidat commun aux présidentielles, avec le même temps de parole que les jacobins....
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Arzh-bihan Le Dimanche 1 avril 2012 17:09
Salud Yann-Vleiz ! Le candidat de l'espoir que tu décris aura tout notre appui, mais avec la règle des 500 signatures d'élus provenant d'au moins 30 départements différents (50 maximum par département ...)le Système jacobin a scrupuleusement verrouillé cette " démocratie " là ...
A wir galon !
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Léon-Paul Creton Le Lundi 2 avril 2012 11:36
« En attendant qu’un jour… »…écris-tu Jean-Loup LE CUFF. Faisons ainsi, alors !
Sœur Anne! Ô ma sœur Anne ne vois-tu rien venir ? Non ma sœur ! Je ne vois que la route qui « louvoie » et le verbe qui « merdoie »…
Je trouve extrêmement dommage que ton commentaire ait l’air de désigner l’un ou l’une d’entre eux, et non de les réfuter…TOUS ! Avec leurs commensaux… Et faire enfin le choix de prendre une autre voie(x)…Ces temps très importants des élections présidentielles et législatives, il serait tout de même grand temps de savoir en tirer le meilleur… (Je ne voulais pas ajouter « parti »)
Depuis le premier septennat de Fanch Mitt, durant lequel nous avons vu par le PS et ses marmitons l’œuvre accomplie pour et envers la Bretagne et les Bretons ! Que l’on puisse encore se baser sur les « déclarations », qu’elles soient vides « d’intentions » ou de candidats « polluticiens français », qui rationnellement ne peuvent être élus et ne pourront rien pour nous, montre douloureusement le degré de dépendance mentale. Cela doit mener à une réflexion profonde, plus profonde. Ceci n’est pas spécialement dirigé envers toi Yann-Vleiz…enfin pas seulement ( ; 0)), mais surtout en direction des « excellents conseilleurs », de ces BRETONS qui veulent bien penser bénévolement pour le peuple…breton (?), et qui veulent l’aider à faire « LE BON CHOIX utile ».
À cette époque, du millésime 1981, ce parti français P-ost S-criptum _après avoir écrit sa page_ bien batârdé et entrelardé jacobin, et cette soi-disant pensée dite de gauche davantage Marinade que Pensée d’ailleurs, ont été les derniers espoirs ou auraient dû l’être pour les Bretons bien naïfs à mes avis et prises de positions, avant et durant cette période qui aurait pu être historique…Qui le fut peut-être pour ses ouailles et grenouilles de bénitier, mais pas pour nous !!!
Alors, plus que jamais je suis pour « ton petit Gwenn ha Du » informateur et revendicateur, à glisser en lieu et place du ticket de droit d’entrée au festival des « PINOCCHIOS » !
Il est plus que temps de relancer ce débat ! Alors pour moi, ce sera un petit Gwenn ha Du, sinon RIEN !
2017 ? 2023 ? 2028 ou 2032 ce sera sûrement plus…le bon moment !...
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André Corlay Le Mercredi 4 avril 2012 16:28
Pêr Loquet a pu récemment (27/03) glisser dans l'oreille de Sarkozy qui visitait Guérande avant son meeting au Zénith de Nantes :" Parlez de la Bretagne réunie ce soir, lors de votre meeting à Nantes, et vous gagnerez 100 000 voix" (L'écho de la presqu'île).
Or, N.S. n'en a soufflé mot à son meeting qu'il savait composé d'une majorité d'adorateurs bobos franchouillards... Il semble donc assez sûr de lui pour estimer pouvoir se passer de 100 000 voix ... de même que F.Hollande, à la merci de son (très) mauvais conseiller J.M. Ayrault qui se voit déjà grand vizir.
Il serait en effet bon que les Bretons montrent qu'ils en ont vraiment marre de tous ces gens qui leur font le doigt d'honneur.
Vive, donc, les "petits candidats", et qu'ils grandissent vite, Fidamdoue !
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