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- Communiqué de presse -
Volvo Ocean Race : Cammas toujours en tête. Chaud devant, froid derrière ?
La flotte est entrée dans le vif du sujet, la plus grosse dépression depuis le départ d'Alicante ! Et cette
Par Vincent Borde pour Franck Cammas - Groupama le 23/03/12 3:11


Communiqué de presse du 22 mars 2012 à 16 h 42


La flotte est entrée dans le vif du sujet, la plus grosse dépression depuis le départ d'Alicante ! Et cette perturbation australe s'annonce particulièrement violente avec des vents supérieurs à 45 noeuds et une mer très forte avec des creux de plus de dix mètres. Groupama 4 ouvre la voie mais Franck Cammas et son équipage savent qu'il va falloir avant tout s'extraire de cette tempête antarctique en préservant les hommes et le matériel.

C'est une bonne et une mauvaise nouvelle : la dépression que la flotte est en train d'aborder par sa face Ouest se déplace lentement et les bateaux vont pouvoir en profiter jusqu'au cap Horn ou presque. Mais cette perturbation australe est aussi en train de grossir et de se positionner sur la route vers l'Amérique du Sud. C'est donc une phase extrêmement rude qui s'annonce jusqu'au début de la semaine prochaine.

« Le vent est bien rentré, cela fait six heures que nous avons 25 à 33 noeuds et on s'attend à beaucoup plus fort devant nous. On a déjà réduit la toile avec un ris dans la grand-voile et petit gennaker de brise : ça va vite, ça mouille beaucoup et l'eau est froide ! On commence donc à entrer dans une période difficile pour toute la flotte... On est encore loin du “sujet”, et quand nous aurons 40-45 noeuds de vent, cela va surtout dépendre de l'état de la mer. Nous aurons alors deux ris dans la grand-voile et le foc de brise (J-4) qui permet de rouler la toile. Nous avons une grosse dépression à contourner ces quatre prochains jours. On reste dans l'expectative : comment ça va se passer dans des vents très, très forts ? Tout l'équipage est un peu tendu. Les jours à venir, on va un peu mettre en veilleuse la course pour s'approcher du cap Horn sans encombres ».

Un phénomène géostationnaire

La dépression antarctique centrée par 58°S et 140° W se déplace très lentement vers l'Est mais surtout remonte vers la limite des glaces jusqu'à samedi, donc très près de la trajectoire optimale des bateaux. Groupama 4 va être contraint de se rapprocher de ce phénomène météorologique violent puisque ce mouvement septentrional provoque une compression des isobares, donc un renforcement très net de la brise. Heureusement, le front froid associé à cette perturbation restera devant les étraves, mais une zone de grains sera tout de même au rendez-vous avec des rafales à plus de 50 noeuds, voire 60 noeuds !

« Nous avons réparé nos problèmes techniques et nous avons mis en ordre le bateau en prévision de l'affrontement de cette perturbation. Tout le monde est conscient des conditions que nous allons subir et se prépare mentalement et physiquement en essayant de récupérer. Nous devrons bien anticiper les manoeuvres afin d'éviter la casse ou la blessure d'un équipier. La route optimale ne nous fait pas chercher la limite des glaces (imposée par l'organisation de la Volvo Ocean Race, sur le 47° sud) : nous allons la longer parallèlement parce que vu la dépression, nous n'avons pas besoin d'aller plus au Sud. Nous n'avons pas le droit d'aller en dessous de cette limite, ce serait comme si nous n'avions pas fait le parcours et nous serions disqualifiés... Mais ce sera facile pour nous vu le vent de sud-ouest attendu, d'abattre pour ne pas s'en approcher ».

Éviter la casse matérielle

Au fil des heures, les conditions de navigation vont donc se durcir et la brise atteindre dès ce jeudi soir plus de 35 noeuds de sud-ouest. La mer déjà formée va donc encore grossir avec des vagues de plus de dix mètres et surtout le risque de déferlement : lorsque le haut de la crête se brise en raison de la pente de la vague, la vitesse de déplacement des molécules d'eau est supérieure à la vitesse du voilier et la déferlante peut submerger le cockpit par derrière. Une situation qui devient dangereuse pour l'équipage sur le pont, mais aussi pour le bateau qui peut se mettre en travers de la lame avec le risque de casser du matériel.

« A priori, nous n'allons pas pouvoir la contourner totalement et il faudra plonger dedans. En s'approchant du centre de la dépression, il y aura le maximum de vagues, peut-être avec une mer croisée et déferlante... C'est ça qui me fait un peu peur ! Pour le moment d'après les fichiers météo, le pire du vent et de la mer sera dans la journée de samedi, juste avant qu'on commence à descendre vers le Sud-Est. Là nous avons du Sud-Ouest (et j'espère qu'il ne va pas basculer au Sud ! ) et il fait déjà bien froid avec une eau à 8°C. Ce ne seront pas des conditions pour attaquer et je ne pense pas que nous pourrons améliorer le record de milles parcourus en 24h... Tous les équipages vont devoir lever le pied, il faut avant tout traverser cette zone sans avarie. Il n'y a pas d'options stratégiques et tout le monde va se suivre, plus ou moins vite. Il faudra faire un compromis entre sécurité et performance, on ne pourra pas exploiter le potentiel à 100% et ça sera difficile de comparer les vitesses de chaque équipage. Je ne crois pas que nous allons nous faire plaisir... même à la barre. Pourrons-nous jouer avec les vagues ? Je ne suis pas sûr. Il faudra se protéger et essayer de tenir debout avec des vagues d'une dizaine de mètres ! Le risque de se faire blackbouler n'est pas négligeable... ».

Ce week-end s'annonce donc terriblement éprouvant pour Franck Cammas et ses hommes. Il n'y aura aucun confort, un froid glacial, un déferlement d'eau sur le pont, une atmosphère de fin du monde dans la zone maritime la plus isolée de la planète puisqu'il n'y aura samedi aucune terre à moins de 2 000 milles (3 500 kilomètres) et aucun navire avant le cap Horn...

Classement 5e étape Auckland / Itajaï à 17 h, heure française

1. Groupama à 5.363,7 milles de l'arrivée ;

2. Camper à 6,1 milles du leader ;

3. Puma à 28,9 milles du leader ;

4.Telefonica à 50,1 milles du leader ;

5. Sanya à 205,6 milles du leader ;

6. Abu Dhabi Ocean Racing à 400,2 milles du leader.

Voir aussi :
Relation presse du maxi trimaran Groupama 3 de Franck Cammas et de son équipe.
[ Voir tous les articles de Franck Cammas - Groupama]
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