En ce mois de mai 2025, la Bretagne rend hommage à l’un de ses plus grands linguistes : Jean-François Le Gonidec de Kerdaniel, né il y a 250 ans, le 4 septembre 1775. Ce grammairien visionnaire, méconnu du grand public, est pourtant l’un des piliers de la survie et de la structuration moderne de la langue bretonne.
📚 Un pionnier de l’unification de l’orthographe bretonne
Issu de la petite noblesse du Léon, Le Gonidec reçoit une formation classique avant de plonger dans les remous de la Révolution. Emprisonné sous la Convention, il échappe de peu à la guillotine, puis rallie la chouannerie. Paradoxalement, c’est ensuite sous l’Empire qu’il trouve un espace pour développer son œuvre savante, en tant que fonctionnaire dans des villes de garnison comme Hambourg.
Dès 1807, il publie une Grammaire celto-bretonne, qui jette les bases d’une orthographe rationnelle et modernisée du breton. C'est en fait la première grammaire du breton. Il poursuivra cette œuvre méthodique jusqu’à son Dictionnaire français-breton paru en 1837, un an avant sa mort. Ce n'était pas le premier dictionnaire puisque en 1464 paraît le Catholicon, qui est également le premier dictionnaire de français.
📖 Un Nouveau Testament en breton... interdit par l’Église
Sa traduction du Nouveau Testament, achevée avec le soutien d'organismes protestants gallois, est publiée en 1827. Ce travail, pourtant fondamental pour l’accès du peuple breton à une littérature religieuse dans leur langue, est aussitôt mis à l’index par l’Église catholique, qui y voit une menace protestante. Ironie du sort pour un homme de foi qui voyait dans le breton un vecteur d’élévation spirituelle et culturelle.
⚖️ Un combat pour la dignité linguistique
L’œuvre de Le Gonidec a permis de faire entrer la langue bretonne dans la modernité grammaticale. En dotant la langue d’outils linguistiques normés, il a offert aux générations futures les bases d’un breton enseignable, traduisible, et inscrit dans le champ des langues de culture.
Son influence se ressent jusqu’aux travaux du XIXe siècle, comme ceux de Luzel ou de Le Braz, et dans l'élaboration du peurunvan au XXe siècle. Nombre de militants bretonnants voient en lui un précurseur majeur, souvent comparé à Venceslas Czerny pour le tchèque ou à Elias Lönnrot pour le finnois.
🌿 Un legs à méditer
À l’heure où le breton lutte encore pour sa reconnaissance institutionnelle, il est essentiel de se souvenir de figures comme Le Gonidec, qui ont œuvré sans relâche pour que la langue survive à l’écrit. Son combat, mené au cœur d’une époque instable, résonne aujourd’hui comme un appel à poursuivre l’effort de transmission et de création en breton.
📍 Conférence au Conquet le 14 mai
À l’occasion du 250e anniversaire de sa naissance au Conquet, le comité de jumelage Le Conquet/Llandeilo organise une conférence gratuite consacrée à Jean-François Le Gonidec. Elle sera donnée par la professeure Nelly Blanchard, du Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) de l’Université de Bretagne Occidentale.
📅 Mercredi 14 mai 2025 à 18h
📍 Salle des Renards, Le Conquet – sa ville natale, où une rue porte encore son nom.