La colère est palpable dans la voix de Jean-Paul Hellequin, président de l'association Mor Glaz et porte-parole de la CGT des marins de Bretagne et du « Grand-Ouest » à propos du dossier SeaFrance : "Pour la CFDT SeaFrance, le mot « privé » est un gros mot tout simplement !"
L'accusation est lourde et tranchée : "Ils ont pensé qu'ils allaient pouvoir continuer comme ça, sans rien changer. Avec le même statut, le même patron, mais les temps changent, la concurrence est là, il faut évoluer".
Interrogé par l'Agence Bretagne Presse sur le projet de reprise déposé par la compagnie bretonne Brittany Ferries à la fin de l'été dernier, le marin lève le voile sur un épisode mal connu du dossier SeaFrance : "Ils se sont obstinés dans leur refus de voir la “Brittany Ferries” arriver. La CFDT était opposée à toute reprise, ils voulaient rester société maritime d'État avec le statut et tout le reste, mais l’État ou la SNCF ne sont pas des armateurs, la Brittany ou la société Louis Dreyfus, eux si !"
Concernant le projet de SCOP (Société Coopérative et Participative) le constat est tout aussi clair : "Pour les Abeilles (les remorqueurs de haute mer NDLR) en 1991, on nous avait proposé une SCOP mais on a refusé. Les SCOP ça marche pour des petites structures mais pas pour des sociétés comme les nôtres, il faut avoir des oeillères pour ne pas s'en rendre compte".
Le mot "gâchis" a beaucoup été employé ces derniers temps pour qualifier le dossier, reste maintenant à s'interroger sur les sources réelles d'un tel fiasco.
Interrogés par l'ABP, les responsables de Brittany Ferries n'ont pas souhaité s'exprimer sur le sujet.