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- Point de vue -
Le Sénat français passe à gauche
La gauche a remporté hier une victoire historique aux élections sénatoriales, remportant une courte majorité, estimée à deux voix.
Par Louis-Benoît Greffe pour ABP le 26/09/11 10:18

La gauche a remporté hier une victoire historique aux élections sénatoriales, remportant une courte majorité, estimée à deux voix.

Dans cette élection complexe aux modes de désignations pluriels et aléatoires (voir le site) la part belle est faite aux collectivités rurales de faible taille et rurales, traditionnellement plus à droite. Les forces de gauche ont gagné de 20 à 25 sièges, en remportant notamment des départements depuis toujours tenus par la droite, comme la Lozère. Pour la première fois depuis la création de la Ve République, le Sénat bascule à gauche.

La Bretagne s'ancre à gauche

La Bretagne connaît la conséquence logique des dernières municipales qui voient la gauche gagner lentement mais sûrement du terrain. Elle gagne ainsi deux sièges dans le Morbihan, qui est perdu par la droite et un siège en Loire-Atlantique où les forces politiques sont maintenant à l'équilibre. Au niveau local, il apparaît que la campagne a été très mal gérée par la droite, qui a péché par excès de confiance dans ses bastions (voir le site) .

En France, la fête de la Rose et des dissidents

En France, la droite coule partout, sauf en Moselle et en Nouvelle-Calédonie, où elle grignote un siège. Dans le fief naguère centriste du Loir-et-Cher, la gauche grignote un siège, tout comme dans les Yvelines. La droite perd un bastion conservateur, la Lozère, recule plus encore dans le Sud-Ouest, n'arrive pas à se reprendre dans l'Est où le rapport des forces reste sensiblement le même. A Paris, la liste conduite par Chantal Jouanno est battue à plate couture, mais le dissident Pierre Charon est élu.

Le ras-le-bol des collectivités locales, cause n°1 du revers

Les collectivités rurales ont exprimé hier leur ras-le-bol. Pour un maire du centre de la France, il y en a « marre, marre, marre ». Suppression de la taxe professionnelle, réforme des collectivités menée au pas de charge, reformation des communautés de communes pilotée au cordeau par les préfectures, autant de sujets de discordes où les maires n'ont cesse de dénoncer « l'État jacobin », d'autant plus que se sont ajoutées des restructurations (suppressions de casernes, de tribunaux, de classes) qui ont contribué à rendre les collectivités rurales plus exsangues encore. On peut ajouter aussi au cahier de doléances « les annonces permanentes du gouvernement, sur des projets de lois, des objectifs chiffrés, etc. qui sont surtout pour nous source d'insécurité législative, car on ne sait plus à quoi nous serons astreints demain ». Des milliers d'annonces depuis 2007, certaines restées des vœux pieux et d'autres détournés par la coterie présidentielle au service de la destruction constante du service public en France et de la protection du patrimoine, notamment.

Pour la Bretagne, aucun changement

La majorité est de gauche est relativement faible, l’élection du président du Sénat se jouera donc au centre. Le groupe centriste du Sénat, qui compte des élus de gauche comme de droite, compte 26 sénateurs, assez donc pour sauver la mise du gouvernement en réélisant Larcher ou achever le travail en donnant la présidence aux socialistes. Il pourrait toutefois y avoir un énième remaniement au gouvernement, puisque deux ministres sont élus sénateurs, mais cela est un non-événement. Quoi qu'il en soit, et même si la gauche s'est emballée, l’élection ne changera pas grand-chose au quotidien, compliquant juste un peu plus le travail législatif dans une période où la situation de crise oblige à des prises de position claires. Il est consternant de constater d'ailleurs à quel point l'intérêt politique prime dans la lecture du scrutin et de ses conséquences.

La lecture du scrutin se fait donc à moyen terme : c'est le dernier avertissement qu'adressent à l'exécutif des maires et conseillers municipaux énervés au-delà de toute limite par l'amateurisme de l'exécutif. Maintenant, la présidence a le choix entre deux voies : soit Sarkozy croit encore à sa réélection et d'ici 2012 il ne se passera plus rien, soit Sarkozy pense que les ponts sont brûlés et tous les chantiers prévus et non prévus sont mis en route rapidement, quitte à ce que la coterie sarkozienne soit balayée par la bronca des députés et des soutiens locaux de la droite.

Depuis 2007, la gestion « rigoureuse » du gouvernement dont « les caisses sont vides » a eu comme résultat d'augmenter la dette de 41 % ; le déficit va dépasser les 6 % du PIB à la fin 2011. Le gouvernement, qui a déjà raclé les fonds de tiroir en saccageant le service public, compte trouver les milliards qui manquent en les prélevant sur tous les Français, et surtout ceux qui sont déjà sortis de la crise ou s'en sortent. Ainsi, 22 milliards doivent être gagnés en ponctionnant plus encore les Français de plus en plus pauvres et chômeurs.

Aucun changement pour la Bretagne donc. L’État qui freine nos entreprises, massacre nos services publics, piétine notre identité et notre langue, vit toujours, même noyé sous des scandales du passé et du présent, que la justice dévoile à raison de deux par jour. Maintenant il s'apprête à faire payer le prix de sa gestion aux Bretons. « Ensemble, tout est possible ».


Louis Bouveron

Voir aussi :
Délégué départemental de la SPPEF (Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique de la France), association d'utilité publique qui a pour but de défendre, depuis sa création en 1901, le patrimoine historique, architectural et naturel français.
[ Voir tous les articles de de Louis-Benoît Greffe]
Vos 5 commentaires
Marc Le Lundi 26 septembre 2011 12:06
Le sénat passe à gauche à cause de l'agacement vis à vis de M. Sarkozy. Malheureusement, le passage à gauche ne risque pas de changer grand chose car les municipalités de gauche se sont aussi largement endettées.
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Michel prigent Le Mardi 27 septembre 2011 06:10
Sans conteste, le citoyen lambda aura suivi d'un oeil torve "la lutte des places" entre la droite et la gauche pour siéger au sénat, sensé représenter les territoires, dont on se demande à quoi il sert dans une France non fédérale.
D'un coté, la droite, évincée de la majorité des collectivités territoriales dont il assèche les subventions et prérogatives pour privilégier le "Gross Paris", de l'autre, une gauche qui se découvre comme par hasard anti-jacobine.
Sur le plan de la gestion, c'est le championat des tocards entre une droite qui accuse un déficit budgétaire de 150 Mds€ et un déficit commercial de 75Md€ sur un an, et une gauche qui augmente son recrutement en personnel de 40 000 fonctionnaires (quand Sarko en supprime 16 000) et accumule en région une dette de 17 Md€ (pour un budget total de 28,8 Md€) sans parler des villes contaminées par des emprunts plus ou moins toxiques.
En tout état de cause, le véritable arbitre de cette compétition droite/gauche hexagonale sera le pouvoir financier international, certes sous la forme des fonds spéculatifs, mais surtout sous la forme des fonds souverains des pays émergents du BRIC, qui ironie de l'Histoire, se proposent de devenir nos créanciers.
Dur, dur pour l'orgueil national.
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Ppol Le Mercredi 28 septembre 2011 21:02
Tout de même, si la gauche à 2 voix, 3 en réalité, de plus que que la majorité absolue, ça devrait lui faire 4 ou 6 voix de plus que la droite.
Je chipote mais tout de même ...
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Rafig Naoned Le Jeudi 29 septembre 2011 21:30
Sénat à Gauche ?
Qu'est-ce que c'est que cette réduction de têtes ? Nous bretons aimons la diversité donc ne tombons pas dans les travers de la presse nationalo-parisienne avec cette simplification de l'hémicycle du Luxemburg. Il y a une poussée des socialistes mais aussi 1 ou 2 verts de plus (3 bonjours les dégâts ;-), des centristes de gauche et de droite, des Modem …
Les choses sont plus complexes. Les médias ont encore fais passer le message du bipartisme en affichant que 2 couleurs sur un demi-cercle rose et bleu. Déjà qu’ils parlent de « candidats principaux » pour signaler les PS et les UMTP … et les autres candidats et les autres sensibilités c’est quoi ?
Bravo pour R. Dantec, écologiste de Nantes, breton. Est-il socialiste avec M. Auxiette ?
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Renée Mazé Le Dimanche 2 octobre 2011 14:42
En tout cas, commentaires critiques ou pas, avec des articles comme ça, je vais finir par m'intéresser à la politique française (en rapport avec la Bretagne tout de même !). Merci à Louis.
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