Audrey Marty, responsable de La Petite Galerie à Saint-Malo, a créé un collectif d'artistes bretons en mars dernier et une dizaine de peintres, sculpteurs, laqueurs, céramistes et autres photographes ont d'ores et déjà répondu favorablement à son invitation. C'est la Finistérienne, Nolwenn Guillou, qu'elle accueille pour une exposition jusqu'au 2 octobre.
Originaire du Nord du Finistère, Nolwenn Guillou est aujourd'hui domiciliée à Guengat où elle a installé son atelier. Diplômée de l’École Boulle, Nolwenn conjugue ses deux passions, architecture d'intérieur et arts appliqués. Ses toiles aux techniques mixtes sont un régal pour les yeux : formes et couleurs vives y sont imbriquées dans des natures mortes très contemporaines. Rencontre...
J'expose depuis très longtemps, au hasard de mes rencontres. C'est ainsi que j'ai participé à l'exposition des peintres de Solidor à Saint-Servan et ai rencontré Audrey Marty qui m'a proposé de m'associer à sa démarche. Depuis quelques années, je fais partie de l'Académie du Taureau (du nom du château voisin), basée en baie de Morlaix, qui rassemble une quinzaine d'artistes. De temps à autre, je participe aux expositions de ce groupe d'amis.
La question du ressenti est essentielle par rapport à la question du sujet. Volontairement, mes sujets sont totalement basiques pour que l'œil glisse dessus et perçoive l'œuvre dans sa globalité. Sans chercher à expliquer, à justifier ni à reconnaître.
Peut-être…. On offre ainsi la possibilité de regarder différemment : comment la lumière circule dans un tableau, comment s'organise la composition… Mais le sujet ne doit rester qu'un prétexte. J'aime lorsque l'émotion est suggérée plus que dite, affirmée. Une touche de peinture peut apporter beaucoup plus de choses. Pour ressentir une œuvre, je crois qu'il faut savoir déconstruire beaucoup de nos acquis et de nos représentations. L'école nous formate de bonne heure ! Regardez, en maternelle, l'enfant peut librement dessiner les cheveux de son personnage de n'importe quelle couleur ; tout à coup, en primaire, une chape lui tombe dessus : un cheval, c'est marron, le soleil, c'est jaune… Il faut donc effectuer un grand retour en arrière !
Le fait d'avoir un autre travail a côté donne beaucoup plus de liberté dans l'approche artistique, moins de pression. J'ai mon atelier à Guengat, non loin de Quimper, ce qui me permet de conjuguer mes différentes activités. C'est un lieu assez grand où je travaille à la fois sur ordinateur pour les projets d'architecture intérieure, j'ai ma presse pour les gravures sur zinc et mes chevalets de peinture.
J'interviens pour la mise à niveau d'arts appliqués (design d'espace, design de produit, design de communication), classes de prépa pour les post-bac, et auprès d'élèves de BTS en communication visuelle. J'apprécie ce travail qui me permet de conceptualiser et prendre du recul, au-delà de la production.
J'affectionne particulièrement la gravure, la peinture mais aussi beaucoup de croquis de nus. Toutes les semaines, depuis plus d'une vingtaine d'années, j'ai cette pratique du nu qui offre un contact très différent, un travail plus spontané alors que le travail de peinture engage plus de réflexion, de composition.
C'est ce que j'appelle des natures mortes. J'aime utiliser ces objets considérés comme anodins. C'est de la gravure sur zinc que je travaille à partir d'acide et de vernis. J'aime aussi mélanger les techniques. Je prends une plaque de zinc parfaitement polie qui est le support de l'impression. Parfois, je commence à travailler à la pointe sèche sur la plaque pour créer des creux mais je préfère plutôt travailler à l'acide avec l'aquateinte qui permet d'obtenir des surfaces, des aplats de gris jusqu'au noir. Ensuite, je recouvre ma plaque d'encre avant de l'essuyer. L'encre demeure dans les creux. Je pose un papier et je presse.
Je cherche à créer de la spatialité par la couleur, la lumière, les rapports colorés, la construction de la surface. Je travaille plutôt sur la frontalité des objets - mais ce n'est pas de l'hyper figuratif non plus. Je me base sur des fragments de la réalité que je recompose. C'est donc une perception assez frontale des choses et je cherche à recréer de la spatialité par le jeu de la composition, le jeu des couleurs et de la lumière. Voilà ce qui m'intéresse.
Informations pratiques
Exposition « Compositions - Toiles aux techniques mixtes de Nolwenn Guillou, jusqu'au 30 septembre 2011, de 10h30 à 12h30 et de 14h30 à 19h (ouvert tous les jours pendant les vacances scolaires, fermé lundi et mardi hors vacances scolaires). La Petite Galerie - 4, rue du Pourpris - Intra-Muros à Saint-Malo.
Contact : Audrey Marty – tél. : 02 99 56 21 34 ou 06 87 26 90 31