C'est avec une satisfaction très mesurée que nous avons pris connaissance de la réponse de M. le Garde des sceaux. Sommé par de nombreuses associations bretonnes, des élus et de simples particuliers, il a réagi – sans plus - aux propos disqualifiant la langue bretonne, assimilée à « un baragouin » par le Président de chambre Pierre Dillange, présidant l'audience de la chambre correctionnel de la Cour d'appel de Rennes du 16 mars 2011.
Le ministre annonce avoir commandé à M. le Premier Président de la Cour d'appel de Rennes - lequel a toujours brillé par son silence - de rappeler l'ensemble des magistrats placés sous sa responsabilité aux devoirs éthiques liés à leur charge. À savoir, de respecter la dignité des justiciables à l'audience et de ne pas se laisser aller à des propos pouvant être perçus comme méprisants.
Bref, un rappel à l'ordre général, qui permettra au bon juge Dillange de méditer sur le respect dû aux êtres humains, quand bien même ne seraient-ils pas parisiens. Indulgence qui profitera également à ses collègues qui ne manqueront pas de le remercier. Car la généralité de ce rappel à l'ordre ne comporte aucune dimension disciplinaire. D'où Bretonnes et Bretons peuvent constater qu'un magistrat peut salir leur langue et culture à l'audience sans un soupçon de conséquence !
Ce fait illustre, une fois de plus, l'expression d'un véritable mépris institutionnel vis-à-vis des vieux peuples que le droit d'une république jacobine persiste à méconnaître. Nous voici confrontés à l'incapacité du droit en vigueur à garantir la protection de la dignité des Bretons. En effet, la jurisprudence repose sur le postulat de l'inexistence juridique du peuple breton. (À preuve, le refus d'examiner du procureur près de la Cour d'appel de Paris du 19 juillet 2006, de la plainte déposée à l'encontre de Jacky Berroyer auteur de propos injurieux à l'égard de l'identité bretonne).
Force est de constater que les atteintes à notre dignité sont en tous points conformes à l'état du droit en vigueur et cela... malgré l'inscription dans la Constitution d'un amendement constatant que les langues régionales font partie du patrimoine de la France.
Aussi, nous permettra-t-on d'être sceptiques quant à la loi qui ressortirait d'une énième discussion sur le sujet alors que Frédéric Mitterrand à Brest le 8 juin dernier déclarait qu'il ne prendrait aucune initiative à ce sujet et le lendemain à Kemper qu'il soutiendra un texte à l'Assemblée nationale dans quelques semaines qui permettra un certain nombre d'avancées !
En 24 heures, dire le vrai et son contraire, c'est déjà annoncer que de toutes façons l'abcès ne sera pas vidé !
Affaire de famille… politique ? Droite ou gauche, le résultat on le connaît d'avance : extrait du discours de Lorient en mars 1981 du candidat françois Mitterrand, Nous proclamons le droit à la différence. Il est indigne de la France qu'elle rejette ses richesses, qu'elle soit le dernier pays d'Europe à refuser à ses composantes les droits culturels élémentaires, reconnus dans les conventions internationales qu'elle a elle-même signées. Il est indigne qu'elle ne respecte pas la parole donnée.
Il fit deux mandats de présidence de cette république à la française…
Trois décennies se sont écoulées depuis le 8 mai 81. La répression continue en toute impunité dans la république monarchique…
Jusqu'à quand le peuple breton supportera-t-il ces infamies ?