Sur décision du Tribunal de Grande Instance de Brest, statuant sur un référé assigné par un plaignant dont l'histoire n'occupe qu'un peu plus d'un chapitre sur onze (10 pages sur 230), le livre de Michel Tréguer « Avec le temps » (éditions Dialogues ( voir notre article )) est totalement interdit à la vente. L'ordonnance suggère même la possibilité d'un deuxième procès en dommages et intérêts !
Contacté par ABP, Michel Tréguer a déclaré ce qui suit : "Bien entendu, je ne discute pas la décision du juge. Le livre est retiré de la vente. Il ne s'agit donc, dans ce qui suit, que de l'expression d'une opinion personnelle en réponse à vos questions, ce qui reste permis ? "
— "Je dois constater avec étonnement que le culte de la vérité qui guide mon travail n'est apparemment pas compatible avec les considérations juridiques sur lesquelles se fonde ladite décision."
– "Je continue à penser – dans mon for intérieur ! – que je n'ai pas porté atteinte à la vie privée du plaignant, fils d'un soldat allemand, puisque son histoire est publique depuis sa naissance, c'est-à-dire depuis 1942. Il l'a lui-même exposée dans des journaux allemands, dans l'espoir de retrouver son père, quête que j'ai probablement menée à bien pour lui. Je n'ai eu avec lui que des relations amicales, le livre ne le cite qu'avec tendresse. Si j'excepte cet épisode juridique que je trouve absurde, je lui conserve toute mon affection.
Je ne ferai sans doute pas appel, car précisément je ne souhaite pas « l'attaquer » à mon tour. À chacun ses débats de conscience. Il ne doit pas être plaisant d'interdire ou de faire interdire un livre dénué de toute agressivité, de tout parti pris."
— "Il y avait bien d'autres choses dans ce livre censuré : toute l'histoire de l'Occupation et de la Libération à Bourg-Blanc (Finistère), contée soixante-cinq ans plus tard, alors que la France et l'Allemagne coopèrent pour bâtir une nouvelle Europe. La vérité reste mon guide. Amen !"
Philippe Argouarch