Pascal Dazin
Docteur en médecine, médecin du travail
Fondateur de « l’Alphabet du Respect des Enfants »
Responsable de REPARE, « Résistance des Parents Responsables »
La Hulotte 22940 PLAINTEL
Madame Michèle ALLIOT-MARIE
Ministre de la Justice, Garde des Sceaux
13, Place Vendôme
75042 PARIS Cedex 01
19 mai 2010
Seconde lettre ouverte à Madame la Ministre de la Justice, Garde des Sceaux
Objet : Violences judiciaires banalisées ; troubles identitaires parentaux ; violations de la Constitution et des Conventions ratifiées (CIDE, CEDHLF)
Madame la Ministre,
J’ai bien reçu votre plaidoirie du 17 mai 2010, en réponse à ma dénonciation vertueuse du premier mai, que je vous avais présentée sous forme de lettre ouverte.
Ce courrier n’est en aucun cas une réponse politique émanant d’une Ministre d’Etat. Vous gommez l’intégralité de mes propos et me soumettez un « copier-coller » de la réponse type que j’ai lue cent fois, émanant du Ministère de la Justice en destination d’adhérents de l’association que j’ai fondée.
Vous m’indiquez que je dois prendre un bon avocat, vous retenez que je vous expose ma situation judiciaire personnelle, oubliant (comme dans tous ces procès normalisateurs, à charge exclusive, au civil comme au pénal) que vous ai présenté cet exemple caricatural pour affirmer le manque d’honnêteté récidiviste du personnel judiciaire et para judiciaire en place.
Et surtout, vous plaidez en porte-à-faux total qu’il faut respecter le principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs, lequel interdirait selon vous l’intrusion du pouvoir politique dans les affaires judiciaires en cours, fussent-elles de malhonnêteté durable.
Pourtant, le fait de vous laver ainsi les mains des sales affaires judiciaires que je dénonce prouve que vous cautionnez le travestissement du pouvoir judiciaire républicain. Pire encore que de seulement collaborer avec cette caricature de droit, vous êtes dans la collusion, la confusion totale avec elle. Collaborer n’a jamais été rester neutre, Madame la Ministre, et vous vous faites complice des terribles « outreauges à citoyens » que je dénonce.
De plus -et là je reconnais que vous êtes la première à aller aussi loin dans l’indécence originale- vous me renvoyez mon courrier , surligné au passage où je vous expliquais pourquoi je ne prendrai pas cet avocat que vous tenez tant à me vendre dans votre réponse. J’ai donc une mauvaise note et dois réviser ma copie ? C’est ce que je fais par la présente, avant de la renvoyer au Maître.
Je tire trois tristes enseignements en découvrant la pauvreté politique de votre réponse.
1) Me renvoyer mon courrier est irrespectueux. Vous en aviez certes « le droit », puisque ce n’est pas interdit par nos livres rouges, mais vous ne faites qu’imiter tous ces magistrats qui depuis seize ans se sont assis sur mon dossier (que j’ai engagé ou pas un avocat), comme depuis quarante ans ils jugent et discriminent des parents en violant deux Conventions ratifiées (ce qui est pour le coup interdit par la Constitution) en s’asseyant sur les réalités de terrain et le devoir de respecter les citoyens avant de les juger. Et surtout, vous ne faites que copier ces avocats –que j’attaque, et non que je paie- et ces magistrats , y compris trois procureurs, qui ont jeté les pièces que je voulais leur montrer. Mon dossier brûle doigts des cabinets, des salles d’audience et des ministères : dont acte. L’un de ces magistrats interrompit la séance de condamnation préméditée sous les applaudissements de toute la salle d’audience quand je lui ai demandé de me présenter ses excuses au nom de ses collègues pour avoir gâché ma vie de famille, ma vie professionnelle et ma vie associative avec l’aide d’avocats sans foi ni loi. Il me glissa un « si vous voulez » en tremblant quand je lui ai demandé de prendre mon dossier qu’il jeta à la poubelle. Je n’avais pas d’avocat, fort heureusement. Vous avez fait de même. Les Résistants auraient-ils emporté le courage dans leur tombe, et ceux qui s’en réclament à présent ne seraient-ils plus que leurs fantômes ?
Je tire donc l’enseignement qu’un courrier qui paraît très poli comme celui que vous me faîtes manque au principal de sa tâche : être respectueux. On se croirait au tribunal!
Ce goût pour la façade mais pas pour le fond est typique de la « grande profession » que le chef d’Etat a promis à ses camarades de faculté de valoriser durant son mandat.
2) la parade gouvernementale est très rodée quand les citoyens critiquent à raison la justice qui les opprime sans qu’ils soient délinquants, qui abuse de son pouvoir et prouve dès lors la faiblesse de son autorité, qui est devenu obèse par l’ingestion d’affaires annexes en négligeant de s’occuper de son coeur de métier (car la Justice ne manque nullement de moyens, puisque ce sont les gens de justice qui sont devenus fous d’affaires, au détriment des services publics neutres et bienveillants dont ils combattent robes et manches l’émergence)
-J’ai stimulé cent adhérents à prouver au Ministère de la Justice que le fonctionnement judiciaire banalisé n’est plus constitutionnel.
Et cent fois vos prédécesseurs ou vous-même avez adressé la réponse méprisante et absurde que vous me faites.
-Vos contemporains, certes ni avocats ni ministres, vous prouvent qu’il ne s’agit pas d’erreurs mais de vice, qu’il n’y a rien à espérer mais encore plus à perdre?
Vous nous affirmez qu’il faut nous jeter plus profondément dans la gueule du loup, en ayant confiance dans ses crocs, finalement au nom du principe de la séparation entre les hommes politiques et les hommes de la rue, que vous respectez quant à lui avec scrupule.
-Nous vous reprochons de laisser la Justice se transformer en machine à broyer illégale où tous les coups sont permis, en centrale d’affaires sans risques ?
Vous nous répondez que vos responsabilités ministérielles et votre dévotion toujours mieux affichée pour la séparation des pouvoirs vous contraint à conseiller d’engager un autre avocat et d’avoir confiance dans le loup-garou.
-Nous vous exposons un problème sociétal tabou de première importance?
Vous restez aveugles à la pollution de l’appareil judiciaire par des opportunistes en robes noires plus intouchables que les ayatollah ou les nobles d’avant 1789,
vous êtes frappé(e)s de surdité face à la pollution des relations humaines par des procédures insensées et aux conséquences humaines et sociales irréparables/
Une soudaine mutité vous fait taire les machinations obscures entre gens de robe qui cherchent à préserver leurs privilèges avant de servir la Justice selon les principes républicains, allant jusqu’à commettre les grossières bavures que je vous ai exposé dans le courrier que vous avez classé sans suites, comme les classeront les professionnels de la ligne hiérarchique que vous me conseillez de saisir.
Et enfin, vous faites mine de ne rien comprendre et d’avoir tant d’autres choses importantes à régler : la grippe A, la burqa, l’abandon de l’abandon du juge d’instruction, la mise à disposition d’un avocat immédiatement et pour tout motif, le délit de violence psychologique masculine au sein des couples pas encore séparés, le sort d’une française jugée à l’autre bout du monde… Par une « justice » opportunément méprisée ici mais qui ressemble pourtant tellement, toute dérive idéologique mesurée, à celle que vous défendez vous-même.
Je vous dis que la peine de mort est infligée avec grande perversité en France, pays qui se gargarise de l’avoir abolie, mais où tous les jours, au sortir d’un tribunal d’affaires, d’un cabinet d’affaires, des hommes se suicident et même parfois tuent en ne supportant pas les violences institutionnelles banalisées et protégées ?
Pour le coup, vous êtes originale par réaction épidermique, et vous me renvoyez mon courrier surligné dans les passages qui sont supposés me prouver que je suis un mauvais consommateur de « justice ».
3) Tout n'est pas génétique dans les caractères récessifs et dominants de nos aliénations
En observant la constance de cette parade de gestionnaires politiques, je constate une fois de plus que les gouvernements, les partis, sont majoritairement composés de diplômés en droit qui ont été avocats et juges, le deviennent en cours d’exercice par intérêt personnel, ou retourneront aux affaires judiciaires ensuite, sans jamais avoir connu la vie réelle de leurs contemporains, qui ne sont pas nés justiciables, mais citoyens.
Qu’une profession soit judiciairement dominante dans un pays socialement récessif est rendu possible parce que cette profession intrinsèquement puissante s’est organisée peu à peu en corporation opportuniste, typiquement perverse narcissique et non pas républicaine. Son comportement est même para mafieux quand le besoin s’en fait sentir. Elle conditionne et stérilise la vie politique, et le copinage entre pouvoirs qui affirment être séparés s’exerce autant que de besoin pour la pérennité d’un système très particulier, un Etat fort judiciaire.
J’affirme donc qu’en France, gouvernements et partis contemporains, jadis truffés de militaires protégeant les abus de gens d’armes, sont à présent aux ordres des nouveaux maîtres pourtant plus souvent chanteurs que ténors, et que ce lobby surpuissant n’est respectueux de la séparation des pouvoirs qu’en façade.
Gouvernements, partis, et le chef d’Etat français, gèrent la crise spirituelle et morale par l’étouffement et le mépris (j’appelle cela le légazisme) , et la crise économique par les effets de manches et parfois même de simples gros mots sublimés dans les médias.
Ils ne donnent même plus l’exemple. C’est à tel point que l’on pourrait regretter un Président de la République militaire qui prenait certes les français pour des veaux mais organisa (quand même !) la Résistance, quand on le compare à un chef d’état avocat qui les aime à présent en moutons, noirs de préférence, distillant les images de son apparente autorité quand il ne se montre en réalité seulement autoritaire, et qu’il ne parle que de la Résistance des autres sans pouvoir proposer la sienne en exemple.
Quant au pouvoir judiciaire -le troisième pouvoir, l’ultime recours- il est passé au premier plan de l’activité politicienne contemporaine. Ceux qui hier critiquaient un état trop militariste jusqu’à commettre et étouffer des crimes, ont oublié leurs beaux idéaux d’antan. Ils ne veulent pas voir les crimes d’une nature plus subtile et décalée, qu’ils cautionnent pourtant aujourd’hui comme hier. Ils laissent l’appareil judiciaire envahir, coloniser nos contemporains, « au nom du droit pour tous » , mais des droits discriminant tout le monde selon des critères de normalisation, de management magistral. Car il s’agit d’un droit vicié, discriminant et non fédérateur, mal servi et dévoyé chaque fois que possible, et quotidiennement en "justice familiale" et ses très nombreuses retombées pénales.
Cette viciation d’un organe devenu prédateur permet tous les excès de pouvoir, les intrusions les tricheries, les malhonnêtetés, le compérage, l’absence d’idéal républicain, et même facilitant la tâche à des personnalités ambiguës qui n’en demandaient pas tant et seraient restées dans les clous sans ce laxisme et cette compromission pour les affaires ambiants.
En conclusion, je retire de votre courrier poliment méprisant que nous ne sommes pas prêts de sortir de la crise morale et identitaire en France, que ce n’est pas avec votre appui que nous le ferons, que vous êtes complice de la multitude d’outreauge à citoyens que je dénonce vertueusement, à côté des quelques outrages à magistrats, parallèlement à la traque quelques femmes en burqa par ceux qui se courbent avec déférence devant les nombreuses robes noires délinquantes, portant ce masque intégral contre la Justice sobrement républicaine
Finalement, votre métier, au-delà de la charge de travail indéniable qui reste à votre crédit, ne consiste qu’à séduire des électeurs, des citoyens qui doivent faire leur devoir à votre profit une fois tous les cinq ans. Votre fiche de poste ne mentionne pas que vous ayiez à prendre votre part au sujet de la restauration de l’éducation civilisée de nos enfants dans le cadre républicain, puisque vous laissez leurs destinées et leurs personnalités être conditionnées dès la naissance par la jungle des affaires, sous prétexte de leur intérêt supérieur.
Ceux qui pensent qu’on aimerait mieux nos enfants que jadis, qu’on les exploiterait moins que ce que l’on dit de nos aïeux, se font bien des illusions.
Jadis, les parents mettaient vite leurs enfants au travail.
Maintenant, on aide les parents à se déposséder de leurs devoirs, et on laisse les professionnels psycho-judiciaires exploiter l’image de leurs intérêts fondamentaux.
Mais votre façon de faire la politique, celle du « rien ne change mais tout se transforme », n’est-elle pas de longue date basée sur ces leurres ?
Les veaux, déplorés par de Gaulle, sont passés de mode : à présent le mouton se tond bien, et on ne le met plus dans un carton pour l’imaginer : on le met dans un tribunal pour le conditionner.
Veuillez agréer, Madame la Ministre Garde des Sceaux, complice d’outreauges à citoyens, mes salutations civilisées.
P. Dazin