Il aura fallu l'intervention de Madame Françoise Louarn, conseillère régionale de la majorité présidentielle, en faveur de l'ouverture d'une classe bilingue supplémentaire breton-français à Bruz pour apprendre que des instituteurs formés pour cet enseignement étaient nommés sur des classes monolingues dans le département d'Ille et Vilaine. Peut-être que l'obstination de l'Inspecteur d'académie Monsieur Huchet à refuser l'ouverture d'une nouvelle classe, malgré des effectifs suffisants, venait du fait qu'il considérait sans doute à titre personnel que le breton était une langue artificielle. Toutes les excuses sont bonnes pour rejeter arbitrairement les souhaits des parents sur l'orientation scolaire de leurs enfants, surtout quand il s'agit de les diriger vers l'enseignement du breton.
Excuse de la même nature que celle du Recteur d'académie Jean-Baptiste Carpentier qui disait l'année dernière en parlant de l'enseignement bilingue français-breton : « Nous nous heurtons à une absence de viviers d'enseignants pour répondre aux attentes » . Des propos aussitôt renforcés par l'inspecteur d'académie des Côtes-d'Armor Yannig Tenne : « Aujourd'hui si on voulait ouvrir une filière bilingue dans le premier degré, on n'aurait personne pour enseigner » . Pour eux « la volonté et les moyens existent » mais le recrutement coince. (O-F du 5 sept 2008 page Lannion)
A la Ligue Bretonne des Droits de l'Homme, nous étions sans doute assez naïfs, avec les parents d'élèves et les enseignants, pour croire que le recrutement des enseignants, professeurs des écoles, se faisait par concours et que c'est l'académie qui décidait du nombre des postulants admissibles. Que la formation de ces enseignants était faite sous la responsabilité de cette académie et que leur affection était décidée par cette même académie.
De qui se moquent ces hauts responsables de l'éducation nationale ? Depuis des années et des années les associations d'enseignants et de parents d'élèves réclament des moyens supplémentaires pour la formation des maîtres en langue bretonne.
Pour atténuer la responsabilité de leur ministère de tutelle dans son œuvre de destruction de la langue bretonne ils sont prêts à accuser d'autres de manque de motivation pour la sauver. Ils sont prêts à tricher en nommant les nouveaux professeurs des écoles bilingues sur des postes monolingues alors que tous les ans il y a une demande de création de classe d'enseignement du breton. Notre langue, toujours sans statut officiel, reste soumise aux diktats de représentants du ministère dont la charge semble davantage de veiller au grain pour freiner son enseignement. Le fondement du problème relève de l'idéologie de l'État. Une idéologie d'État qui perdure depuis des décennies voire plus, et dans laquelle certains responsables politiques se complaisent.
Nous affirmons clairement que la politique linguistique de la France n'est pas encore sur la voie du changement. Elle risque de se complaire encore longtemps dans son illusion d'un pays monolingue.
Pour la LBDH M. Herjean .