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- Lettre ouverte -
Lettre ouverte à Monsieur l'inspecteur d'académie d'Ille-et-Vilaine
Monsieur, Les propos qui vous sont prêtés dans la presse sont particulièrement choquants et ils n'ont pas lieu d'être dans la bouche d'une personne qui exerce une responsabilité comme la la vôtre dans l'administration. Qualifier la langue bretonne d'artificielle laisse transpirer un mépris envers la demande des parents en enseignement bilingue breton-français, voire un mépris pour la langue bretonne elle-même
Par Stefan Carpentier pour Div Yezh Breizh le 17/09/09 9:03

Monsieur,

Les propos qui vous sont prêtés dans la presse sont particulièrement choquants et ils n'ont pas lieu d'être dans la bouche d'une personne qui exerce une responsabilité comme la vôtre dans l'administration. Qualifier la langue bretonne d'artificielle laisse transpirer un mépris envers la demande des parents en enseignement bilingue breton-français, voire un mépris pour la langue bretonne elle-même. La validité de la demande d'enseignement du breton en Ille-et-Vilaine n'est plus à démontrer.

Les ministres de l'Éducation Nationale et vos prédécesseurs à ce poste d'Inspecteur d'académie l'ont jugée recevable puisque l'une des trois premières classes bilingues ouvertes en Bretagne en 1983, l'a été à Rennes. La question est donc tranchée depuis 26 ans par l'application de la circulaire dite Savary remplacée depuis par la circulaire 2001-167. Nous pouvons également citer d'autres textes de l'Éducation nationale qui recommandent par exemple dans l'article L 111-1 du code de l'éducation : « Le droit à l'éducation est garanti à chacun afin de lui permettre de développer sa personnalité ». La langue bretonne avec le gallo et le français fait partie de la personnalité culturelle des Bretons. Le trilinguisme est une donnée historique et incontestable en Bretagne.

Ce jugement péremptoire vient aussi en contradiction avec les développements autour des Langues Régionales. En 2004, le Conseil régional votait un plan de politique linguistique et reconnaissait le breton et le gallo comme les deux langues de la Bretagne à côté du français. Les représentants du département d'Ille-et-Vilaine ont montré à maintes occasions leur soutien aux parents qui désiraient un enseignement en breton pour leurs enfants. Par exemple dans le refus de l'ouverture de Guichen où l'Inspection avait conseillé aux parents de venir inscrire leurs enfants. Bruz où 49 enfants sont aujourd'hui dans une seule classe maternelle… Le président du Conseil général d'Ille-et-Vilaine, Monsieur Tourenne nous a fait l'honneur de visiter la section bilingue breton français des Gantelles et le Conseil général a créé un groupe de travail pour le développement de l'enseignement bilingue public en Ille-et-Vilaine. Enfin, la France s'ouvre aux Langues Régionales. Elle a signé la charte internationale sur la préservation du patrimoine immatériel dont les langues font partie. Au mois de juillet 2008, les députés et sénateurs inscrivaient les langues Régionales dans la Constitution, faisant d'elles un patrimoine à préserver et à transmettre. Il nous apparaît tout de même que ces prises de position faites par des élus du peuple, c'est-à-dire nos représentants, sont assez claires et qu'en démocratie elles s'imposent à l'administration.

Vous prétendez également ne pas avoir trouvé de suppléants pour enseigner en breton. Nous rappelons qu'au mois de juin dernier, Div Yezh par la voix de son président, vous a proposé de vous transmettre des noms de suppléants. Il nous a été répondu que ce n'était pas nécessaire. Div Yezh s'est pourtant enquise de la situation et s'est renseignée car nous sommes soucieux de la qualité du service public. Trois enseignants au moins se sont proposés pour être suppléants dès la fin juin. Pourtant le jour de la rentrée de septembre, ils n'avaient toujours reçu aucune nouvelle. N'ayant pas de nouvelle et devant la perspective peu réjouissante de se retrouver au chômage, ils ont préféré accepter les propositions d'autres employeurs. On voudrait manquer d'enseignants que l'on n'agirait pas autrement. D'ailleurs, il manque, encore une fois de plus, un enseignant sur St-Malo.

Nous ne chercherons pas à vous convaincre Monsieur l'Inspecteur d'académie, du plaisir que nous avons de voir nos enfants maîtriser deux langues vivantes dès leur plus jeune age, et plusieurs langues vivantes ensuite. De les voir ainsi développer leurs facultés, leur approche des langues, leur sensibilité à un autre mode d'expression. Nous ne chercherons pas à vous montrer que les classes bilingues font œuvre de culture. D'ailleurs avez-vous déjà visité une classe bilingue pour voir les enfants s'exprimer couramment en breton ? Auriez-vous proféré une telle phrase s'il avait été question d'une autre langue ? Certainement pas. Le breton serait-elle la seule langue à être illégitime en Ille et Vilaine ? N'importe quelle autre langue aurait eu plus de grâce à vos yeux. Pourquoi tant d'infamie pour cette pauvre langue bretonne qui n'en mérite pas tant ? C'est bien à une vision coloniale que nous avons affaire ici. Vous ne mettez pas les langues et les cultures sur le même pied d'égalité ? Et les Humains qui les représentent et les portent ?

Gardez vos certitudes Monsieur l'Inspecteur mais de grâce n'utilisez plus votre charge pour mener une politique d'éradication du breton. Choisissez un département où il n'existe pas de langues Régionales.

Paul Molac

Président de Div Yezh.

Voir aussi sur le même sujet :
Coordinatrice 56 pour Div Yezh Breizh,association des parents d'élèves pour l'enseignement du breton à l'école publique
[ Voir tous les articles de Div Yezh Breizh]
Vos 2 commentaires
Henry Pascal Le Mardi 31 août 2010 23:27
Il est vrai que comme tous les ans, peut être plus cette année(?) la très forte progression qui aurait du être enregistrée à la rentrée dans l'enseignement bilingue breton-français est limitée par des représentants de l'état, ici, ou des élus, là, qui s'opposent à la demande parentale. Combien d'élèves supplémentaires y aurait-il si, chaque année, pour des raisons bidons, telle ou telle ouverture n'avait pas été refusée depuis des années. Au moins deux fois plus. Sans compter que chaque site ouvert une année connait les années suivantes une grosse progression quand les parents se rendent compte que ce qui marche pour les petits des autres pourrait être fort profitable à leurs propres petits. A moins que, ici ou là, on ne mette pas un enseigant bilingue, on ralentisse, on décourage. Souvent, la mauvaise foi est de mise, on parle de coût, alors qu'un enseignement bilingue ne coûte pas plus qu'un enseignement monolingue. Rarement, les dérapages se produisent, comme les propos de ce représentant de l'Education Nationale qui ne respècte même pas une loi déjà trop pingre. Si, certes, la loi doit changer, si des mesures doivent être prises au niveau des institutions, il ne faut pas, pour autant, rester, bras croisés à pester contre ... et attendre un changement qui ne viendra pas tout seul. La mobilisation de tous ceux qui pensent qu'il faut sauver le breton, de tous ceux qui pensent, avec les linguistes et pédagogues que cette éducation est profitable à nos petits, doit nous inciter à pousser, nous, au quotidien, convaincre nes amis, nes voisins qui sont parents de demander une scolarisation bilingue pour leurs enfants, en basse Bretagne, mais aussi en haute Bretagne. Vous en connaissez des parents de jeunes enfants? Vous leur avez parlé des avantages d'une éducation bilingue? En Loire Atlantique, les effectifs croissent tous les ans. c'est un point positif. Les refus d'ouverture aussi. C'est négatif, mais positif aussi car, à force de pousser et de rendre inéluctable l'ouverture de nouveaux sites, cela donne des idée à d'autres parents et cela renforce ceux qui, preuve à l'appui, donc, posent, par leur vécu, le problème de l'inéficacité des lois actuelles pour sauver la langue, ou, simplement répondre à la demande parentale. Plus nombreux seront les enfants inscrits, plus il faudra former des enseigants (par exemple, remettre une formation de breton à Nantes où elle a été supprimée), plus les parents parleront de leurs expérience aux autres parents, plus le courant d'opinion, donc le rapport de force politique incitera les responsables à changer les lois. Bravo aux parents de Bruz et d'ailleurs pour leur combats. Merci à eux, aussi. Et dès demain, nous, nous nous documentons sur les avantages du bilinguisme précoce, et nous allons voir nos voisins, nos enfants, nos amis pour leur dire que eux aussi, ils peuvent offrir à leurs enfants cette chance.
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henri de lesquen Le Mardi 31 août 2010 23:27
Combien de lettres de ce genre envoyees et pour quel resultat ?
On ne fera rien dans l'etat francais.
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