Introduction : ci-dessous, la réponse au directeur de publication du magazine "Bretons", concernant les assertions d'un de ses collaborateurs sur une guerre 14-18 "propre" (dixit meus) où les Bretons n'eussent pas été "volontaires" au sacrifice.
Le but de votre serviteur, doté d'un grade scientifique incontesté, aura été de montrer, en s'adressant au patron de ce magazine, qu'il a laissé la plume à un collaborateur étrangement zélé. 14-18 est un génocide organisé ! Il ne lui a pas été donné réponse. Signé : l'auteur, Gh. D. T. : 18 mars 2009.
Monsieur,
Votre collaborateur monogrammiste MRK signe dans votre avant-dernier numéro, 38, p. 9, un texte qu'il n'aurait pas pu écrire s'il avait été historien ! En quoi les journalistes ont-ils droit de s'instituer historiens et manipuler les faits de l'histoire en vue d'une historiographie tout autant négationniste que nauséabonde ? Où sont les protocoles ? Où sont les sources, l'éthique et la déontologie ?
Et pourtant ce journaliste s'autorise une assertion aussi ambiguë que vicieuse en concluant ... que : « La thèse du sacrifice délibéré des Bretons » semble cette fois-ci définitivement écartée.
Il n'y a pas lieu ici de gloser ni encore moins d'épiloguer sur l'interprétation fallacieuse et l'usage outrecuidant du verbe « sembler », ni du mot « sacrifice » qu'il eut pu remplacer (votre collaborateur) plus honnêtement par holocauste, (dans ce cas volontaire) ou mieux encore par génocide (rarement vu dans l'Historiographie comme « volontaire » ou « délibéré »)... On n'en finirait pas ici de décortiquer, analyser, révéler ou avérer la sémantique de ce seul article, ce qui me fait dire que cette sémantique, ainsi que l'anonymat de son rédacteur, coïncident hélas trop avec le négationisme anti-Bretons qu'encourage tant le totalitarisme parisien. S'il veut réaliser un travail d'historien de la Bretagne (ce qui n'est pas bien vu à Paris et encore plus mal vu en Bretagne ! ), on se contentera d'indiquer à MRK quelques points de méthode, au cas où, la fois prochaine, il voudrait passer pour un vrai historien ! Il y apprendra quelque chose. Certes, il y laissera quelque temps de ses loisirs.
1) Définition de l'objet
S'agit-il de dénombrer les morts à la guerre, ou les morts de la guerre ? Au nom de quoi on s'autoriserait à ne comptabiliser que les malheureux dont on a retrouvé les corps ? Et les disparus ensevelis vivants mais déclarés déserteurs et donc non comptabilisés ? Et les fusillés ? Et les gazés ainsi que toutes ces «Gueules Cassées» qui mourront en très grand nombre pendant des années après l'armistice ? Sans parler des mutilés ayant survécu ... mais si invalides qu'on ne peut les désigner que comme « morts-vivants » ?
Que veut-on ? Veut-on trancher définitivement sur la question, à savoir : si le pouvoir sis à Paris s'est servi de la guerre pour éliminer « en catimini » des Bretons en masse ? C'est toujours plus subtil qu'un génocide déclaré en Arménie, et c'est de tradition française : déportations au Château de Versailles (pour sa construction à moindre coût), répression des Bonnets Rouges, sac de Rennes en 1720 (qui ne fut pas un accident, et de loin !), noyades ligériennes, vérolisations et oradours en Haute Bretagne, fusillades massives à Quiberon, camps et prisons de la mort dès la fin 1944 puis après : ces derniers et dernières si affreux et si proches de nous qu'il est encore tabou d'en parler. Évidemment, si telle est la question on conçoit d'emblée qu'il est encore et toujours plus subtil d'envoyer au casse-pipe des couillons analphabètes (un sur deux avec les Bretonnants, si ce n'est, avec les Gallos ... deux sur trois ou trois sur quatre) ne connaissent pas la langue de l'ordonnadeur parisien, c'est-à-dire le français, devenu « port uniforme » depuis Jules Ferry). (N.B. Ils ne la connaissent pas plus au Front quand il s'agit d'exécuter les ordres / ou d'abord de les comprendre !) D'où les fusillés qu'on ne dénombre jamais, parce que « insoumis », ou « déserteurs »!
Ainsi, si l'on voulait en avoir le cœur net, il faudrait pouvoir arriver à établir des proportions : combien de morts par habitant avant guerre : ceci en Bretagne, mais bien sûr aussi en France ! ... Cependant, pour la moyenne française, il faut évidemment retirer du chiffre des «Hexagons» (le mot permettant de distinguer la citoyenneté de la nationalité, ce que peu de nos bons penseurs pharisiens autant que parisiens & intellectuels jacobinos-fachos savent faire ), retirer, disions-nous donc, et nous le disons encore soustraire du bilan global, les défunts Poilus suivant -- (liste non limitative) :
1) - Bretons (qui haussent singulièrement la moyenne hexagonale),
2) - Basques (par hasard très sollicités comme lanceurs de pelottes-grenades, aussi en première ligne!),
3) - Corses, pris de force quand ils n'avaient pas pris le maquis et bien sûr :
4) - Maghrébins et bien sûr :
5) - Africains d'Afrique Noire (qui d'ailleurs se disputaient le volontariat, ce qui signifie aussi, clairement, qu'on leur avait caché ce à quoi ils allaient être confrontés, sans aucun doute au nom de la démocratie et de la liberté tant prônées par la France –lumière universelle !). Je passe vite sur les extensions possibles à la liste précédente :
6) - Comtois (déjà massacrés à 50 % en vue de leur soumission, afin que leur pays s’enorgueillît de devenir « franche Comté » (au nom de l'éternel rayonnement français, bien sûr, qui, vous le savez bien, justifie tous les crimes contre l'humanité : même celui de tuer une langue, la langue d'un peuple, le savoir, la science et la culture qu'elle porte);
7) - Savoyards, trop fraîchement encore à cette époque inclus dans ce qu'il fallait faire ressembler à un Hexagone.
8) - Niçois ou Venaissins, pour la même raison.
9) - Catalans.
Ce faisant, on verrait sans doute plus clair à comparer la moyenne bretonne, tout benoîtement, avec celle de Paris ou de l'Île-de-France ! Et ceci à tel point qu'on se demande s'il ne serait pas plus simple et plus parlant de procéder ainsi ? Je renvoie le lecteur à un livre récemment paru sur les « planqués » de Paris, nommés par les Poilus du Front : les « Embusqués » (dans leurs planques, pas dans leurs tranchées), ou encore les « Fils d'Archevêques », livre diffusé par le Club de l'Histoire, (Charles Ridel : Les embusqués, 2008). À ce sujet, je donne mon sentiment : pour qu'un système ait pu envisager de construire de telles niches de planqués à demeure, on peut naturellement être enclin à penser aussi qu'il ait été capable de programmer que l'on creusât des tranchées pour fossoyés en devenir.
Évidemment, il faudrait faire la sommation de tous les chiffres résultant de toutes les communes de l'Hexagone, étant entendu que, même en Bretagne (qui est juste un peu plus grande que la Belgique), un travail d'analyse des registres communaux dès décès – bien sûr conforté par une contre-lecture des registres paroissiaux, prendrait, à un seul chercheur, toute une vie, sinon plus !
2) Les traces facilement accessibles ou visibles
En attendant qu'une opération politiquement financée permette de lancer des équipes de maîtrisants ou de doctorants en France et en Bretagne sur cet objectif (ce qui pourrait d'ailleurs être atteint sous dix ans pour célébrer avec décence le Centenaire du 11 novembre !), je vais indiquer ci-dessous à MRK quelques autres « trucs » d'historien ou d'archéologue pour prendre la température du terrain, ou le palper.
a) – Le monument aux Morts
A chaque fois que MRK se déplace en France ou dans l'Europe belligérante de l'époque, comme tout Républicain conscient de son histoire, il doit se rendre au Monument aux Morts, ou aux plaques dans les églises et les Hôtels de Ville, puis, après avoir comptabilisé, faire un ratio avec une estimation de la population; (N.B. : le Maire local est souvent un bon « indicateur »; si ce n'est le cas : voir le bâti architectural ou / et les vieux plans). Évidemment, à chaque commune qu'il traverse (cette fois-ci en Bretagne), MRK s'arrête, et en fait autant, tellement c'est simple le travail d'historien. Je lui conseille aussi de faire comme moi : photographier les listes puisqu'elles sont si impressionnantes, notamment celles fréquentes dans les sanctuaires ; elles sont parfois de vrais « monuments ». Ainsi, le touriste allie le plaisir de l'œil à celui de la rigueur intellectuelle.
Je soumets par ailleurs à MRK le principe d'une réflexion méthodologique supplémentaire face aux Monuments aux Morts. Comparons les quatre ans de 14-18 avec les quelques mois de (39)-40. C'est net. La guerre a duré moins longtemps... donc il y a moins de morts ! Et pourtant, après la Drôle de Guerre, pendant les réelles hostilités militaires il y eut, selon certains historiens (pardon de ne pas me souvenir ici de leurs noms), il y eut donc et cependant, par jour, plus de morts en 40 que par tout autre jour durant toute la guerre 14-18. Preuve d'ailleurs que les Français de base n'ont pas décanillé devant les Allemands, en 40, comme on le dit souvent. Il faut dire que le temps manquait à nos bons gouvernants pour induire et suggérer à nos excellents généraux un nouvel holocauste, généraux qui d'ailleurs s'étaient – habitude vite prise – sans tarder repliés loin du front.
Cependant, pour ces jours tant meurtriers de 1940, les noms que l'on portera aux monuments aux Morts, font, en Bretagne, bien triste mine face aux litanies et théories de noms des Bretons de 14-18, sur ces mêmes monuments aux morts !
Y a-t-il un hiatus ? Non ! Pour les Bretons c'est clair : à journée meurtrière, les Bretons meurent autrement plus en 14-18 qu'en 40 ! Comme c'est étrange ! Auraient-ils été plus héroïques en 14-18 qu'en 40 ? (cf. : le prétendu sacrifice délibéré, qui de fait, comme le conclut MRK, est une thèse à écarter). Se seraient-ils sentis en 14-18 « deux fois plus français parce que bretons », qu'en 40 ?, et en 40 dix fois moins français ? Certes non ! Le cas de mon propre père m'en a convaincu, même si un tronc ne fait jamais une forêt.
L'évidence des Monuments au Morts confond les négationnistes. Et d'ailleurs, on n'observe pas cette distorsion des chiffres entre 14-18 et 40 sur les Monuments aux Morts de la France, à proprement parler : on énumère parfois presque autant de morts en 40 sur les Monuments français (de la France historique et réelle), qu'en 14-18 ! Et, à ce sujet, j'imagine que le Sous-Secrétariat d'État aux Anciens Combattants n'est pas sur le point de développer une méthode objective, transparente, contrôlable et vérifiable du chiffrage des morts, tenant compte de ma rhétorique ! .. et qu'il ne le sera pas même sous les dix-ans qui nous séparent du Centenaire ! Les morts ne le méritent pas ! L'historiographie non plus !
b) – Santez Anna an Alre
Autre Monument aux Morts en Bretagne qu'est celui désigné, ironiquement par les souverainistes bretons autant que « religieusement » par les nationalistes français comme Monument du « Sacrifice National », situé sur le site de l'esplanade de la Basilique de Sainte-Anne d'Auray : La Crypte, dont on parle si peu !... Sensément, les noms de tous les Bretons morts à la guerre y sont inscrits, sauf que, là déjà, il y eut beaucoup de communes absentes au rendez-vous au cimetière, (entendez : qui n'auront pas eu les moyens de répondre au recensement, ou l'honnêteté de le faire). Ceci mena pourtant à ces interminables et épouvantables énumérations lapidaires.
Je m'y suis rendu, bien décidé d'apporter un jour nouveau sur la question. Las ! Je croyais pouvoir compter tout seul, mais... émotion ou impéritie, je n'ai pas réussi. Je conseille donc à MRK de se faire aider et mieux, d'y aller en famille, pour, plus de bras... plus d'yeux... plus de cerveaux. Tout ici comme ailleurs reste à faire, ou à vérifier.
3) Les études précédentes et les témoignages
On sait bien que les bases de données qui enregistrent ce qui s'écrit sur la Bretagne et surtout sur son histoire récente ne sont pas accessibles... au plus grand nombre ! Ce qui est peu dire. Cependant...
Qui ignore l'enquête faite par une petite équipe à l'initiative de Olier Mordrel, entre les Deux Guerres, sur notre propos ? Elle eût aimé être exhaustive ; elle ne fut qu'imparfaite (puisqu'à l'initiative d'un Breiz(h) Atao(/v) sans grands moyens). Bien des communes de Bretagne n'y répondirent pas, mais on totalisa 240.000 Bretons recensés comme Morts au Front (c'est-à-dire morts à la guerre, non pas de la guerre). MRK voudrait ne retenir que le déjà lourd tribu de 138.000 massacrés. Hélas, de cette façon, le problème demeure : de ce nouveau bilan revu «à la façon Ministère de la Défense », quelle proportion de morts par centaine d'habitants en Bretagne, et , autre rapport, quelle proportion de morts par cent habitants à Paris ou même en Île-de-France ? Quelles réelles et objectives proportions ?
Réviser l'historiographie « officielle » (c-à-d : parisienne) et réviser les chiffres de l'Histoire, voilà ce que certains ministères ne veulent surtout pas qu'on fasse, ni fasse savoir, à dix ans encore du Centenaire de la Grande Putasserie, alors qu'ils en ont tous les moyens archivistiques. Ha! Les salauds ! Il faut être naïf et bien jeune, pour croire que les chiffres proposés à Paris, et aux serviles thuriféraires du pouvoir jacobino-facho, puissent avoir la moindre valeur scientifique.
Sans pouvoir malheureusement mieux préciser, pour l'instant, mes sources, (il faut dire que je travaille sur un passé plus lointain), je signale à MRK que votre honorable confrère, le journal « L'Avenir de la Bretagne » publia, dans la fin des années 60, des textes sur la question, agrémentés de témoignages de deux généraux – part entière de la tragédie, en leur temps - admettant ou reconnaissant avoir reçu les ordres adéquats, en sorte que les Bretons fussent prioritairement envoyés au front (sous les discours habiles et bien connus : le courage, l'ardeur au combat, le don de soi pour la patrie, etc.), étant entendu qu'ils connaissaient ceux qu'ils exploitaient. En effet, l'État Major en avait déjà bien fait l'expérience puisque, à la Marne, ce sont pas les taxis qui firent la différence, mais bien la mort des Bretons). Sans parler du grandissime général Robert Nivelle (commandant en chef des Forces Française en 16 et 17) : « Ha ! J'en ai envoyé des Bretons et des Bretons aux première lignes » (dans le texte – je ne garantis pas à la lettre – mais dans l'esprit, sous-entendu : à la mort !).
« Chaire à canons » !
Qui donc, nés comme enfants de Poilus, (donc, grosso modo, dans l'entre deux guerres), ou même né et enfant avant que les derniers témoins lucides ne disparaissent, (disons donc, nés dès après 45 et avant 69), n'aura entendu, dans les repas de famille, aux veillées, à la Toussaint, aux communions, etc. que les Bretons furent considérés, – au moins par eux-mêmes – comme de la chaire à canons et destinés à un épouvantable « massacre obligé » que personne finalement, jusqu'à maintenant, n'aura vraiment dénombré : c'est autre chose qu'un « sacrifice » délibéré, MRK ! Cependant, « Chaire à Canons », ce fut bien là le témoignage-leitmotiv des acteurs et victimes ayant survécu au drame, peu ou prou éloquentes, devant leurs épouses, leurs parents, leurs enfants et petits-enfants.
« Sacrifice Obligé ! »
Cette sinistre formule d'effrayante mémoire, me fait penser à cette notion, que j'ai formulée il y a déjà malheureusement longtemps, face aux horribles et monstrueuses techniques de recrutement dans la «Fonction Publique» , ou pire encore de notation à l'Université ou ailleurs, celles de « viol, par consentement obligé ». Mais, il paraîtrait que c'est un autre débat, Ha ? Et qu'il ne faut surtout pas en parler, pas même dans le secteur privé de l'emploi ! Ha ! ... N'est-ce pas ce qu'on appelle Le fascisme à la Française que cette sorte de sacrifice à la Française ? (à la Française !). Viol des corps ici, viol des consciences là.
Bien sûr, avec le temps, tout s'en va, notamment les souvenirs indésirables, et s'ensuivant, les témoignages indésirables, ou brouillés, ou flous. En ce début du XXIe siècle, si j'écoute les puînés de ma fratrie, il vous disent dans leur suprême éloquence : « Ha que, que de toute façon, c'est la guerre, ouais ; et d'abord, la guerre c'est pas bien et en plus de ça, ça que c'est, c'est con, ha que, et ha que, qu'il faut pas la faire ».
Vous pensez bien que ceux dont on a voulu faire de nouveaux esclaves ou de futurs robots en ne les informant de rien et en les désinformant sur tout, notamment sur l'Histoire, et sur l'art de s'exprimer, que ceux-ci donc seront peu aptes au jugement critique rétroactif qui pourtant, engage leur avenir. Mais ? Seront-ce bientôt eux les lecteurs de votre magazine, Bretons, ou ne seront-ce plus que nous, les « vieux croulants », qui savent encore lire ?
Aux XXe et XXIes siècles, le totalitarisme à la française, passe par la destruction des faits de l'Historiographie, ou par leur falsification ; puis, cela exécuté, le négationnisme se transforme en prétendue pédagogie, dès l'école primaire, au CP, jusqu'à l'Université, sans discontinuer jusqu'à l'Agrégation-agrégante. Agrégante... Agrégante... (de gregis = troupeau).
Est-ce de là qu'émerge MRK ? MRK maintenant, en tant que journaliste, « enseigne », puisqu'il s'adresse à un auditoire d'adultes, majeurs et vaccinés, comme on dit : c'est-à-dire aux lecteurs de Bretons. MRK ! Tout' même ! Probablement, vous octroiera-t-on prochainement, MRK, une charge de Maître de Conférences à L'Université locale, pour bons et loyaux services, comme à bien d'autres. Et la boucle va bientôt devenir sans fin. Le désinformé désinformera, comme l'aurait dit et redit le fameux sociologue des processus de colonisation, Albert Memmi, dans son remarquable « Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur » (ou vice-versa), ouvrage qui colle plus encore à la réalité bretonne qu'à celle indochinoise de son époque. Mais c'est une digression.
Retournant à nos moutons agrégés, qui étaient et qui sont troupeaux en Bretagne comme sont légions ceux de Panurge en France, il m'importe, pour conclure, de préciser ma pensée sans langue-de-bois :
a ) Méfiez-vous du discours historiographique français, (du discours sur l'histoire), surtout s'il porte sur des périodes récentes (destruction de notre agriculture, destruction de notre armada de pêche, l'incendie-attentat du Palais des États et du Parlement de Bretagne, méfiez-vous de la version officielle concernant le pseudo-attentat de Quévert près Dinan, etc.).
b) Pour ce qui est de la Grande Guerre : nul ne devrait avoir droit d'en parler avant d'avoir usé de la méthode ! La méthode, c'est : La Méthode ! La seule qui soit : celle de l'Historien. Mesurer, compter, vérifier, mesurer et compter encore, enregistrer, faire compter à nouveau par d'autres quand les chiffres sont vraiment stupéfiants, etc.
c) Et pourtant, chacun garde un droit essentiel et primordial : celui de se servir de ses yeux et de son bon sens ! A chaque fois qu'un Breton voyage en France, qu'il compare, non de non, les listes des Français morts en 14-18, de sa commune, de son bourg, de son village, avec ceux de la commune où il s'arrête. Cette fois-ci, comparaison sera raison ! L'évidence s'impose.
**********
J'affirme donc, même sans avoir dénombré de façon exhaustive ce que, « l'évidence visuelle » (pour faire pléonasme), cette seule évidence visuelle, afflige, à la seule vue des Monuments aux Morts, que les Bretons de 1914 à 1918 ont connu un génocide, orchestré, calculé, organisé, et mis en œuvre, par Paris.
Il aura été subtilement déguisé en appel au courage, à la bravoure, au « sacrifice » pour « le pays », par les politiciens véreux autant que monstrueux, et leurs polichinelles engalonnés, tout dévoués et tous dévoués à une Shoa avant la lettre et avant la date ! Génocide franco-breton, indépendamment d'un autre génocide, franco-français, au même moment, que je laisse aux grands démocrates républicains le soin de démontrer : les ruraux, sacrifiés prioritairement en 14-18 au profit des urbains, les soldats des secteurs votant « tradition » plus sollicités que ceux des secteurs « républicains ». Cela aussi est tombé aux oubliettes de l'histoire officielle !
Ceci donc est bien plus qu'un « J'accuse », c'est un « J'affirme » d'historien, Docteur en sa discipline.
Aurez-vous, Monsieur, l'honnêteté de faire entendre à vos lecteurs un autre son de cloche ?
Les « sacrifiés » vous en sauraient gré.
Ghildas Durand Touz Dr., (U.H.B.), D.H.E.E., (Coll. Eur.).