Concarneau, le 29 décembre 2008
Monsieur le Premier Ministre,
De naissance, de résidence et d'élection, vous êtes proche géographiquement de la Bretagne et en connaissez les contraintes de péninsularité d'une région excentrée.
En tant que chef du gouvernement vous avez en charge le maintien du contrat républicain basé sur un consensus national. Celui-ci repose sur l'équilibre des territoires et l'égalité des chances économiques et sociales favorisée par la discrimination positive en faveur des secteurs pénalisés (îles ; DOM-TOM ; montagnes ; péninsules…).
La Bretagne en a bénéficié par la création d'un réseau de voies express de désenclavement.
Ne soyez pas, avec votre gouvernement, celui qui va défaire par la taxation ce que le président De Gaulle avait fait en nous dotant d'un Plan de routes gratuites !
Or en réponse (Journal officiel du 16 décembre 2008) à ma question sur l'écotaxe qui toucherait, au prétexte du Grenelle de l'Environnement, les poids-lourds pour l'usage du réseau national non concédé, le ministre d'État Jean-Louis Borloo semble exclure toute exemption de la Bretagne même s'il en reconnait, à l'instar du Finistère, la spécificité.
Outre le précédent, permettant une généralisation ultérieure, que constituerait une telle décision, nous nous opposons à ce surcoût d'origine fiscale qui frappera lourdement les entreprises bretonnes : elles y contribueraient 3 fois plus que la moyenne des autres régions !
Même si l'objectif global du Grenelle de l'Environnement est louable, l'effet pervers est évident sur cet aspect car la Bretagne n'est pas une région de transit mais d'origine et d'aboutissement des marchandises. Pour éviter cette distorsion nouvelle de concurrence, ce différentiel artificiel de compétitivité et ce prélèvement injuste pour notre économie, je vous demande solennellement d'exempter la Bretagne.
…/… Cette nouvelle taxe serait sinon, ici, un déni de géographie et une remise en cause d'une compensation historique à notre handicap majeur d'accessibilité.
Confiant dans votre attention particulière portée à ce dossier sensible et vous remerciant d'avance des suites à la présente, je vous prie d'agréer, monsieur le Premier Ministre, l'expression de ma haute considération.
Gilbert LE BRIS