Le bon sens et l'expérience contre l'aéroport de Notre Dame-des-Landes. La pensée d'un Californien originaire de Nantes.
« Nier les complications et les difficultés revient à les multiplier et nier la réalité parce qu'elle est mauvaise revient à augmenter le mal » . Horace Meyer Kallen.
Kallen, qui a obtenu son doctorat de philosophie à Harvard en 1908, a été le premier à avoir parlé du pluralisme culturel.
Ma référence à Kallen dans ce papier répond au souci de la pensée et du regard de l'autre, de celui qui est différent, et par là si proche, comme le dirait Gilles Deleuze. En économie le mot à la mode est benchmarking. (évaluation, comparaison, étalonnage). On ne peut procéder à un véritable benchmarking que si on accepte un pré-requis incontournable : l'ouverture d'esprit.
Le benchmarking utilise des procédures et des techniques ; ce n'est pas une simple comparaison. Mais sans un préalable d'acceptation de ce qui va être révélé, il est alors inutile.
Dans mon activité militante pour le fédéralisme au sein du Mouvement Fédéraliste de Bretagne, j'ai reçu un témoignage de grand intérêt à propos de cet « éléphant blanc » qu'est le projet d'aéroport de Notre Dame des Landes. Je vous le livre ici :
Bonjour :
Je suis Nantais expatrié en Californie depuis 1972 et donc pas directement concerné par le projet d'aéroport à Notre Dame des Landes (NDDL).
Cependant, après avoir lu, sur l'édition de Ouest-France en date du 28 juin 2008, la déclaration de Yves Aumon de Saint-Sébastien-sur-Loire, au nom du groupe « Centre, démocratie et progrès » : " Il n'y aura pas de grande métropole en bordure de l'océan sans aéroport international " [ 1 ], ma conscience m'oblige à m'insérer dans le débat, car j'ai vécu à peu près le même scénario près de chez moi. L'aéroport John Wayne (du nom de l'acteur) gênant les « riches » qui habitent sous le décollage des avions, ceux-ci avaient décidé de le transférer 12 km plus loin sur une base militaire aérienne qui venait de fermer avec ses deux pistes en place intactes. (voir le site)
Une fois bien informés des "mensonges (2)" des porteurs de ce projet et du coût (malgré ses deux pistes déjà existantes), en 2002 les citoyens (3) ont voté contre, et ce nouvel aéroport n'a jamais vu le jour ! Cela aurait été le cinquième aéroport de la Région dans un rayon de 100 km, sans compter celui de Palm Springs et San Diego à 160 et 200 km de Los Angeles.
Aujourd'hui, personne ne s'en plaint ! Bien au contraire, car cela aurait été un fiasco financier de proportion catastrophique ! On l'avait prédit, bien qu'ici les gens prennent l'avion comme en France on prend le train.
Tout d'abord et à titre de comparaison, Orange County en Californie où j'habite, et où se trouve Disneyland, a une population de 3 millions d'habitants. (Aux États-Unis le comté est une division territoriale plus grande qu'une municipalité qui assume des compétences propres)
(voir le site) ,_California
Si ce Comté était un pays, son économie serait classée au 31e rang dans le monde parmi 200 nations, et elle est plus importante que celle d'Israël et de l'Irlande. (voir le site) alors que son aéroport John Wayne (voir le site) n'est même pas international bien que Disneyland ne se trouve qu'à 25 kilomètres de cet aéroport.
Sa piste unique de seulement 1737 mètres (la plus petite pour avions commerciaux de tous les États-Unis) accueille près de 10 millions de passagers avec une capacité physique maximum de 13-14 millions.
(1) Je considère qu'il s'agit de propos politiques car en tant qu'élu, j'ai du mal à croire que Yves Aumon ne sache pas les réalités structurales et économiques du transport aérien international que je suis en train de préparer pour les autres élus nantais.
(2) L'un de leurs mensonges était qu'on aurait plus à aller à Los Angeles pour les vols internationaux non-stop, alors que c'était archi faux. Un autre, bien sûr, était la promesse d'emplois alors que le comté de Los Angeles avec un Major International Airport avait perdu plus de High Tech jobs que notre Comté (Orange County) sans aucun vol international durant la récession des années 90 !
(3) Avec un certain nombre de pétitions, n'importe qui (ou organisation) peut en Californie élaborer des lois sous forme d'initiatives et après, les électeurs votent pour ou contre. Après quatre référendums, nous avons gagné la bataille !
Nicolas G Dzepina
Mission Viejo Ca 92692
L'intérêt du texte de Nicolas est qu'il démontre la stupidité économique du projet, mais aussi qu'il montre que la démocratie directe existe dans un pays fédéral.
Rappelons que le conseil municipal de Notre-Dame-des-Landes s'oppose au projet.
Rappelons aussi que les citoyens n'ont pas leur mot à dire dans ce pays au régime autoritaire.
L'Ayraultport est un véritable scandale économique et un viol des principes fondamentaux de la démocratie.
Je rappelle que dans le transport aérien, ce sont les compagnies qui décident où leurs appareils vont décoller et atterrir. L'offre aéroportuaire n'a aucun sens quand elle n'est pas une réponse à une demande des compagnies.
Dans un communiqué du MFB, j'avais évoqué le Hub manqué de Kansas City où j'avais atterri en provenance de Chicago. Une belle aérogare, de grands bâtiments et…pas d'avions.
Nous devrions tenir compte de ce qu'écrit Nicolas. Y compris à propos de cette idée datarienne d'un Grand Ouest.
Orange County a fait mieux que LA ; le « petit » fait la pige au « gros » …
On est tous plus ou moins grand que quelqu'un d'autre. Cet eugénisme administratif qui veut faire accroire que seul ce qui est grand peut survivre est absurde et dangereux.
Le Pays Basque est plus petit que la Bretagne B4. Qui pourrait assurer que le Duché du Luxembourg n'existe que parce que son véritable nom est le Grand Duché du Luxembourg ?
Il ne s'agit pas d'être grand ou plus grand, seulement d'être soi-même.
C'est d'ailleurs une erreur commise par les partisans de Bretagne Réunie.
Qu'en serait-il de cette démarche si le 44 était pauvre et dépeuplé ?
L'intérêt à ce qu'un territoire se reconstitue après avoir vécu les turbulences d'une histoire saugrenue ne tient pas dans l'avantage économique qui pourrait en résulter.
Premièrement parce que l'économie réelle est déjà là. Il n'y a pas de frontières. S'il s'agit seulement de faire figurer des chiffres dans un tableau, on se trompe de combat.
Des aéroports internationaux, nous en avons : les vols low cost à destination de Londres par exemple.
Mais croire qu'on aurait des vols intercontinentaux réguliers de Nantes à Los Angeles est une véritable hérésie.
Regardons l'avenir : avant 2040, la langue majoritaire aux États-Unis sera l'espagnol (US Census bureau).
Cette « révolution » va réduire la domination anglo-saxonne et l'assurance de l'Irlande qui se croit privilégiée, à tort. N'oublions pas qu'à l'époque de la conquête de l'Ouest, à l'entrée des saloons il y avait un écriteau qui disait : "Paddy don't apply". (pas d'Irlandais ici).
La force des “Hispanics” est qu'ils sont inscrits dans l'économie : ils ont des commerces, des entreprises, des maisons de production de disques et de radio… Et ils sont prospères, tellement qu'on ne les voit plus seulement dans les États frontaliers, mais aussi en Illinois, en Virginie et dans les deux Carolines…
Ils ne sont pas policiers à Chicago ou à New York….
Certes des voix réctionnaires vont s'élever comme celle de samuel Huntington.
Je reviens sur Kallen : le pluralisme culturel.
S'il est tout à fait « normal » et non contestable de prendre note de ce qui dit un Nantais expatrié depuis 1972, il serait souhaitable de le faire avec quiconque a l'expérience du sujet qui nous préoccupe.
En Bretagne, hélas, à l'instar de la France, on n'aime guère les pensées qui dérangent.
On se construit une histoire, des mythes et des légendes au lieu de bâtir une économie saine qui améliore le quotidien de l'ensemble des Bretons. Chacun développe son fonds de commerce, plus ou moins celtique, souvent dans le cadre d'une économie informelle. On entend les corporations manifester, un jour les pêcheurs, le lendemain les paysans, mais jamais l'ensemble de la Bretagne. Morvan Lebesque avait regretté ce comportement symptomatique.
Ce ne sont pas les officines régionales alimentées par les deniers publics, qui ne vivent que du prélèvement sur l'activité déclarée, qui vont résoudre le problème du pouvoir d'achat de nos concitoyens. C'est même le contraire.
Une Bretagne autonome dans un système fédéral vivrait mieux. Il vaut mieux regarder vers la Californie ou le Kentucky que vers le Pays de Galles ou l'Irlande pour s'enrichir des expériences et des pratiques, notamment pour ce qui concerne l'usage de la démocratie directe.
Et aussi parce que l'asymétrie fiscale a des limites.L'Irlande commence à éprouver de graves difficultés ce que le Pays Basque a su éviter en développant ses industries traditionnelles sur les conseils de Michael Porter, professeur à Harvard et auteur de The Competitive advantage of nations.