Le Premier ministre canadien, Stephen Harper, a présenté devant le Parlement les excuses officielles de son pays à quelque 80 000 autochtones ayant été soumis à une assimilation forcée. Son homologue australien l'avait précédé, par un acte public de contrition, en février dernier. Les peuples premiers d'Australie et du Canada ont en commun, parmi nombre de traitements inhumains que leur réservèrent les colons européens, d'avoir été soumis pendant le XIXe siècle jusqu'aux années 1970 à ce qui est parfois décrit comme un «génocide culturel» : les enfants des autochtones, selon un plan fédéral, étaient retirés à leur famille pour être placés dans des pensionnats religieux, où il leur était interdit de parler leur langue maternelle. Sous le regard de l'ONU, qui a voté un texte défendant les droits des peuples premiers le 13 septembre 2007 à New York, cette repentance est toutefois menée à petits pas calculés. Selon les statistiques officielles, une soixantaine de langues autochtones continuent d'être parlées, mais seulement trois ne semblent pas menacées à long terme.
On ne peut comparer que ce qui est comparable, mais il y a des similitudes avec l'histoire des minorités nationales de l'État français.
En Bretagne par exemple c'est avec obstination que l'État s'est employé à faire disparaître la langue bretonne. Une langue qui en 1900 est parlée par 75 % de la population de Basse Bretagne, la moitié parlant uniquement cette langue. "Pour l'unité linguistique de la France, la langue bretonne doit disparaître". Cette phrase définitive et sans appel, prononcée en 1925 par de Monzie, le ministre de l'Instruction publique, est un appel au nettoyage linguistique en Bretagne. " Nettoyage linguistique qui sera imposé principalement par l'école." C'est à Jules Ferry que l'on doit cette uniformisation de la langue et de la pensée en rendant en 1881 et 1882 l'école laïque gratuite et obligatoire. "En bon colonisateur et dans l'esprit des républicains des années 1880, sa consolidation du régime politique passait par l'instruction publique et par cette uniformisation linguistique « des peuples considérés comme inférieurs » .
« Quand on arrache sa langue à un peuple on lui enlève son identité, on lui retire le droit inaliénable de l'accession à son histoire donc à ses droits pour une quelconque reconnaissance. Une reconnaissance qui ne pourrait être obtenue pour nous qu'après une révision complète des fondements idéologiques de la société et de la politique française, le centralisme et le nationalisme. »
La LBDH affirme que ce n'est pas un rafistolage de la constitution française par un amendement dérisoire proposé au vote du congrès cet été qui changera les choses, c'est un leurre. La Bretagne ne fait pas partie du patrimoine de la « nation française » c'est une hérésie. La langue bretonne est menacée d'extinction à moyen terme si rien de sérieux n'est entrepris pour la sauver.
Des pays comme le Canada et l'Australie admettent aujourd'hui les erreurs de la colonisation et se repentent des dégâts commis sur des peuples qu'ils considéraient comme inférieurs. La France est-elle capable aujourd'hui d'en faire autant ? Quand on voit le nombre d'années de lutte qu'il a fallu afin que l' « opération de pacification » menée en Algérie soit enfin reconnue comme une guerre, et afin que les faits de torture qui s'y sont déroulés soient aussi reconnus, c'est loin d'être certain.
Pour la LBDH M. Herjean