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Patrick Malrieu.
Patrick Malrieu.
- Communiqué de presse -
10 000 personnes à Nantes le 20 septembre
Merci à vous tous d’être venus affirmer notre volonté à maîtriser nos choix culturels. Merci aux chanteurs et musiciens qui maintenant vont donner à cette rencontre une dimension plus festive et dont la présence est particulièrement symbolique. Merci aussi à tous ceux qui se sont impliqués dans l’organisation de cette festimanif. La liste est longue et il est impossible de mentionner chacun. Toutefois je voudrais quand même remercier spécialement l’équipe du Conseil Culturel, l’Agence Culturelle Bretonne de Loire-Atlantique dont l’action sur place aurait été irremplaçable, les Ententes de pays, les grandes fédérations, les écoles bilingues pour l’organisation des déplacements en car et la promotion locale, avec une mention particulière pour la mobilisation des bagadoù, tout au long de l’été et aujourd’hui encore.
Par Patrick Malrieu pour Conseil Culturel de Bretagne le 28/09/08 4:03

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Note ABP. Allocution de Patrick Malrieu après la manifestation et avant les concerts, le 20 septembre. Voir aussi la video sur ( voir notre article ).


Merci à vous tous d’être venus affirmer notre volonté à maîtriser nos choix culturels.


Festimanif à Nantes, cyberfestnoz à Quimper, 50 ans de chant des Morvan à Saint-Nicodème, Nuit de la gavotte à Poullaouen, Concert création en hommage à Kristen Noguès à Brest… autant d’événements le même jour qui montrent que la Bretagne revendique la maîtrise de son avenir, chante, danse et créée… c’est le moins qu’on puisse dire !

Et, en face de ce bouillonnement, les ministères et leurs serviteurs essaient d’encadrer, contrôler, marchandiser, trouver astuces et arguties pour enrayer cette insupportable envie de vivre et d’aller de l’avant !

Festimanif e Naoned, cyberfestnoz e Kemper, 50 vloaz kan Ar breudeur Morvan e Sant Nikouden, nozvezh ar gavotenn e Poullaouenn, sonadeg e koun Kristen Noguès e Brest. Setu aze kalz a zarvoudoù dalc’het an hevelep devezh a ziskouez pegent mennet eo Breizh da vestroniañ he dazont. Kanañ a ra, dañsal a ra, krouiñ a ra...
Dirak ar virvidigezh-se emañ ar Velestradurezh uhel hag he servijourien o klask kabestrañ, kontroliñ, marc’hata, klask laou lec’h ma ne vez ket evit distrujañ ar c’hoant digouzañvus-se da vevañ ha da vont war-raok.


Comme à chaque rentrée scolaire, parents et élèves sont confrontés au refus d’ouverture de classes bilingues (quand ce n’est pas aux fermetures de classes existantes – l’attitude de l’enseignement catholique n’est pas meilleure que celle du recteur !), au manque de postes, à la nomination de professeurs monolingues dans des classes dites bilingues, au manque de plan sérieux de formation d’enseignants pour couvrir les besoins, à la déperdition considérable d’enfants bilingues au passage en secondaire (pour l’enseignement public), aux difficultés matérielles pour ouvrir de nouvelles écoles pour Diwan.

Sans vous noyer de chiffres, il est symptomatique de constater une progression globale de presque 5 %, soit + 567 élèves, alors que la demande parentale est largement plus forte, certainement + de 1000 élèves par an, et qu’il en faudrait encore plus pour inverser la courbe des locuteurs. Rien que sur Lorient entre fermeture de classe et non satisfaction de la demande c’est environ 70 élèves qui sont privés de filière bilingue !


Dans le domaine des activités culturelles, nous venons de vivre 6 mois délirants où nous découvrions au fur et à mesure des textes plus débiles les uns que les autres mettant en péril des pratiques amateurs qui ne demandaient rien à personne mais dont le plus grand défaut était sans doute de réussir.


Dans le domaine des institutions, l’État français, qui aime bien communiquer sur les mérites de la démocratie et de l’état de droit, illustre le vieil adage sur les cordonniers qui sont les plus mal chaussés.

N’est-il pas ahurissant de voir l’État s’entêter à maintenir une décision du régime de Vichy, aux ordres des nazis : une partition administrative de la Bretagne contraire à la volonté de la population comme le montrent bien tous les sondages, et contraire aux votes des deux assemblées élues (Conseil général de Loire-Atlantique en 2001 et Conseil régional de Bretagne en 2004, et à l’unanimité)

La loi veut qu’il appartient maintenant à l’État, soit de réunifier par décret, soit de consulter la population par un référendum local. Mais, au mépris de la démocratie et de la loi, il fait répondre par le Préfet que les conditions opportunes ne sont pas réunies. Curieuse conception du référendum et du respect des citoyens qui voudrait qu’on ne fasse un référendum que si le résultat prévisible est conforme à la volonté du Pouvoir..


Pour autant, il faut aussi noter un certain nombre d’évolutions :

— Après 16 ans de lutte, les langues régionales trouvent enfin une place dans la Constitution, ouvrant ainsi la possibilité de concrétiser des dispositions pratiques pour leur sauvegarde et leur développement. Il n’était que temps quand on sait combien nos langues sont en péril.
— Tant pour cette révision constitutionnelle que pour le projet de loi sur les pratiques amateurs, la mobilisation de nos élus (tant de droite que de gauche, et qui connaissent bien la volonté populaire sur ces sujets) a été déterminante. Qu’ils en soient sincèrement remerciés ici !
— De plus en plus nombreux sont ceux qui sont convaincus de la faillite à laquelle conduisent les schémas de gouvernance actuelle de la France. Tels ces géographes qui alertent l’opinion sur l’absolue nécessité de donner un vrai pouvoir aux Régions. Ce transfert de compétences et de moyens que nous réclamons pour notre part dans les domaines de la culture et de la langue, mais qui a tout autant sa raison d’être pour les autres domaines (économiques, sociaux etc…)

Pour reprendre l’exemple caricatural des pratiques amateurs, quelle région aurait pu avoir l’esprit assez malade pour imaginer un tel projet ? Aucune, c’est évident.


Donc il nous appartient de

— continuer à faire preuve de cohésion et de synergie entre les différents domaines de la culture ;
— savoir rester unis, même après un recul stratégique comme celui de Mme Albanel, mais qui peut réapparaître, tout comme ce projet n’est que la suite logique de celui d’il y a 4 ans qui visait à imposer une taxe aux spectacles de musique traditionnelle pour financer le développement de la musique de variété ! ;
— faire des propositions, correspondant à nos attentes ;
— solliciter à nouveau nos élus pour qu’ils portent nos revendications.


Nos droits

— Le bilinguisme est un droit auquel tous les parents qui le souhaitent doivent avoir accès sans contrainte pour leurs enfants ;
— L’initiation, dans le cadre scolaire et pour tous les enfants, aux fondamentaux de notre culture est un droit et une nécessité pour comprendre le monde dans lequel ils vivent (histoire, littérature, civilisation bretonne, etc…) ;
— La libre expression de notre culture sous toutes ses formes est un droit et les moments et lieux d’expression et de diffusion doivent être mis à disposition ;

— — Est-il par exemple concevable que BAS soit obligée, comme c’est le cas, de dépenser 20 000 euros pour disposer d’une salle publique pour ses concours ?
— — Est-il concevable que les grandes salles conventionnées et subventionnées par nos propres collectivités ne programment que parcimonieusement (l’alibi de l’année) des artistes bretons. ?
— — Est-il normal que la DRAC ne subventionne aucune association bretonne à une ou deux exception près ?
— — Est-il supportable de continuer à être privés de médias de service public (radio et télé) exprimant la vitalité de la culture bretonne et audibles sur les 5 départements ? Avec l’enseignement, il s’agit là d’un droit fondamental et d’un vecteur indispensable pour valoriser et diffuser notre culture, nos artistes, nos productions, nos événements ;
— — Est-il acceptable de voir l’État inventer des tracasseries du genre « licence d’entrepreneur de spectacle » imposée à des bars et restaurants organisant quelques soirées musicales dans l’année ? Conséquence immédiate, ces derniers renoncent et cela se traduit par autant de possibilités d’expression dont sont privés aussi bien les intermittents que les amateurs.

J’arrête car on pourrait y passer la soirée….

— — Est-il concevable qu’une population qui affirme depuis 67 ans sa volonté de communauté de destin, de culture, d’histoire se voie refuser la réunification qu’elle souhaite pour satisfaire le fantasme dogmatique de quelques jacobins décrépis ?

Le droit international et européen sont clairs sur ces questions. Ces droits nous sont dus !


Et le candidat Sarkozy, s’il s’est illustré lors de la campagne électorale en étant à peu près le seul à refuser la ratification de la Charte européenne pour les langues et cultures régionales ou minoritaires, a dit être d’accord pour répondre à la demande sociale tant en matière d’enseignement que de média, donnant même l’exemple de la chaîne de télévision corse Via Stella.

Il reste donc à mettre en œuvre ces promesses tout autant que les conséquences logiques des modifications constitutionnelles de juillet. C’est ce à quoi nous allons travailler dans la foulée de cette manifestation. Et nous aurons certainement à nouveau besoin de nos élus pour y arriver.


Il y a 30 ans la Bretagne avait connu une première évolution dont nous mesurons aujourd’hui la portée : la Charte culturelle de Bretagne (applicable sur les 5 départements). Ce fut un acte de reconnaissance de l’identité bretonne, de la spécificité culturelle de la Bretagne. Pour de nombreuses associations, ce furent les premières aides jamais reçues et dont on voit les fruits maintenant.

Aujourd’hui, il est bien sûr nécessaire de continuer à aider les associations qui s’avèrent toujours le meilleur garant de notre culture (les cahots de ces derniers temps le prouvent encore).

Mais il importe maintenant de passer à une stade institutionnel, structurel. Le palliatif associatif a ses limites. Il importe de donner aux citoyens les services publics auxquels ils ont droit.
Je me répète… mais on le répétera jamais assez :
— enseignement bilingue sans restriction, garanti sur tout le cursus ;
— libre choix entre filière immersive ou à parité horaire ;
— initiation pour tous aux connaissances de base sur la Bretagne ;
— des médias qui soient l’expression de notre culture et sans exclusion pour la Loire-Atlantique ;
— développement de lieux et moments d’expression de toutes les facettes de notre culture à travers ses artistes et ses associations ;
— réunification administrative.

Et la seule manière de réussir passe par le transfert de compétences et de moyens de l’État à la Région. N’est-ce pas Einstein qui disait « On ne peut pas résoudre les problèmes avec les gens qui les ont créés » ?

Poent eo d’ar Stad C’Hall a live gant kumuniezh Europa. Poent bras eo da Vreizh kaout ur statud evel hini Bro Skos, Bro Gembre, Catalunya, Euskadi...

An adreizh-se a vefe a-dra sur kreñvoc’h ha talvoudusoc’h evit Breizh, hec’h ekonomiezh, he sevenadur, hag he dazont eget hini bet degaset gant ar Garta sevenadurel 30 vloaz ‘zo.
Deomp-ni da vezañ unanet, pennek ha youlek evit dont a-benn da c'hounit an emdroadur-se.

Il est plus que temps

Il est plus que temps que l’État français se mette au niveau des pratiques de la communauté européenne. Il est plus que temps que le peuple breton puisse enfin disposer du statut de l’Écosse, du Pays de Galles, de la Catalogne ou du Pays basque…

Une réforme qui, n’en doutons pas, sera encore plus forte et déterminante pour la Bretagne, son économie, sa culture, son avenir, que celle apportée par la Charte culturelle d’il y a 30 ans. Face à la mondialisation stérilisante et uniformisante, pouvoir maîtriser nos choix culturels est la condition de base pour pouvoir vivre la société de notre choix à l’avenir.

À nous d’être unis, pugnaces, actifs et vigilants pour obtenir -provoquer- cette évolution

Bevet ar Gwir hag an Demokratelezh

Vive la démocratie et le respect des droits humains.
Vive le respect de la diversité culturelle.
Vive la Bretagne


Merci à

Merci aux chanteurs et musiciens qui maintenant vont donner à cette rencontre une dimension plus festive et dont la présence est particulièrement symbolique, montrant par là qu’à l’opposé du ministère, ils ne considèrent la pratique amateur comme une concurrence mais bien une complémentarité. Merci pour leur engagement.

Merci aussi à tous ceux qui se sont impliqués dans l’organisation de cette festimanif. La liste est longue et il est impossible de mentionner chacun. Toutefois je voudrais quand même remercier spécialement l’équipe du Conseil Culturel, l’Agence Culturelle Bretonne de Loire-Atlantique dont l’action sur place aurait été irremplaçable, les Ententes de pays, les grandes fédérations, les écoles bilingues pour l’organisation des déplacements en car et la promotion locale, avec une mention particulière pour la mobilisation des bagadoù, tout au long de l’été et aujourd’hui encore.

Merci à Jean-Yves Le Drian et Patrick Mareschal de nous honorer de leur présence. Merci à toute l’équipe technique (son, régie, électricité…) pour leur remarquable travail dans des conditions particulièrement difficiles, et pour l’esprit dans lequel elle l’a réalisé.

Patrick MALRIEU
Président du Conseil Culturel de Bretagne
Naoned, 20 septembre 2008

http://ma-tvideo.france3.fr/video/iLyROoafYEf1.html de France 3 avec la video de 1' 53.
"20/09/08 : Nantes, capitale de la Bretagne pour un jour".

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Le Conseil culturel de Bretagne est une chambre consultative chargée de proposer des avis, voeux et études sur la politique publique de la Région en matière de culture, identité bretonne et rayonnement de la Bretagne. Présidé par Catherine Latour, le CCB est composé de 70 représentants issus du monde associatif et institutionnel et de personnalités oeuvrant pour le développement de la culture bretonne.
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