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Les jeunes de l'UDB visitent l'exploitation d'Alain Rousseau
Les jeunes de l'UDB visitent l'exploitation d'Alain Rousseau
- Chronique -
Weekend-jeunes de Groix. Vivre et travailler sur une île
L'UDB Jeunes vient de passer un week-end militant sur l'île de Groix. Café-débat, rencontre avec des travailleurs de l'île et vente du Peuple breton étaient au programme. Le thème général,
Par Victor Gallou, Trefina Kerrain pour Jeunes de l'UDB le 30/04/15 0:27
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L'UDB Jeunes vient de passer un week-end militant sur l'île de Groix. Café-débat, rencontre avec des travailleurs de l'île et vente du Peuple breton étaient au programme. Le thème général, « vivre, travailler et décider au pays » , était bien choisi sur un territoire qui souffre d'un traitement inéquitable, mais dont la population reste mobilisée pour le maintien d'une communauté de vie accessible à tous sur l'île.

Dès leur arrivée à Groix, les jeunes de l'UDB sont allés à la rencontre des habitants sur le marché pour annoncer le café-débat du samedi soir. Ce fut l'occasion de refaire le point sur la situation des îliens après la hausse des tarifs des traversées (imposées par la compagnie et la majorité de droite du département du Morbihan).

En plus des tarifs prohibitifs pour les voyageurs, l'organisation du chargement des marchandises au départ de Lorient pose problème : à cause d'un manque de souplesse dans la réglementation de la compagnie, certains commerçants se voient facturer des frais de port plus élevé que le prix de leurs produits ! On ne peut pas dire que le système actuel soit favorable au maintien d'activités non touristiques sur l'île… La hausse des tarifs et les problèmes logistiques portent en germe le risque d'un embourgeoisement de l'île, ce dont les habitants sont bien conscients.

Le « Peuple breton » de décembre 2014 s'était fait l'écho du débat sur les nouveaux tarifs et de leurs conséquences prévisibles sur la vie des îliens. Depuis, les « cirés jaunes » , collectif de défense des intérêts groisillons, s'est mobilisé et a obtenu certaines concessions : les tarifs, bien que toujours en hausse, ont été renégociés et la farine a pu être considérée comme un produit de première nécessité (ce qui diminue les frais de port et facilite le maintien d'activités de transformation sur l'île). Les cirés jaune diffusent aussi aux usagers un questionnaire sur l'organisation du transport maritime entre Lorient et Groix. Le résultat permettra de rediscuter avec la compagnie sur la base des attentes des premiers concernés.

L'après-midi a été bien rempli grâce à un agriculteur bio, installé à Groix depuis 11 ans, qui a fait visiter aux jeunes militants son exploitation et leur a expliqué ses conditions de travail. Sa philosophie est basée sur l'autonomie : il ne demande pas à être aidé mais à pouvoir exercer son métier sans se voir imposer des méthodes qu'il réprouve. Il prépare lui-même ses semences à partir de souches du pays qui n'ont pas subi de mutations génétiques artificielles, car il tient à ne pas tomber dans la dépendance de grandes firmes comme Monsanto. « Autrefois, il y avait 1 500 vaches à Groix » , nous explique-t-il. « On critique beaucoup l'élevage bovin aujourd'hui, pour des raisons soit-disant écologiques, mais les vaches n'ont pas leur pareil pour corriger les déséquilibres des sols. Elles sont une bonne alternative à l'usage d'engrais de synthèses » . Les engrais de synthèse, lui et sa famille les évitent depuis qu'ils ont constaté qu'en se contentant d'engrais naturels, ils n'avaient presque jamais besoin d'avoir recours au vétérinaire.

Mais ses choix de production sont menacés par une réglementation favorable aux lobbys de l'agro-industrie, qui ne tolèrent pas que des agriculteurs puissent vivre de leur travail sans se placer dans leur dépendance.

La rencontre a été enrichissante pour les jeunes militants qui prônent l'autonomie politique pour la Bretagne et ont rencontré un professionnel pour qui l'autonomie est une condition essentielle de la dignité et de la survie de son métier.

Le samedi soir, le café-débat sur le thème "vivre, travailler et décider au pays" a permis de discuter avec les habitants de nombreux sujets : commerces, transports, accès au foncier, agriculture…. Quelle que soit la profession des îliens rencontrés, tous mettent le doigt sur un débat de fond qui ne concerne d'ailleurs pas que Groix : la volonté de maintenir une activité productive et le refus du tout-résidentiel.

Pour certains économistes en effet (ceux qui ont inspiré la dernière réforme territoriale), seules quelques grandes villes seraient capables de maintenir une activité productive, Paris principalement, et les autres territoires devraient se contenter de fonctions résidentielles (tourisme, banlieues dortoirs…).

Ces thèses ont été démontées du point de vue statistique comme du point de vue social et écologique, mais gardent une certaine influence sur certains dirigeants car elles justifient la confiscation du pouvoir politique et économique par un petit groupe de privilégiés (pour en savoir plus, lire cet article, où le résumé qui en a été fait dans le Peuple breton de mars 2015).

Le taux élevé de résidences secondaires pose de vrais problèmes aux habitants : certain résidents encombrent les places de parking en y laissant leurs véhicules pendant des mois, et le prix du foncier constitue à terme une menace pour l'activité agricole. La spéculation provoque des situations absurdes : des propriétaires non résidents de terres agricoles rechignent à les louer ou à les vendre à des exploitants, dans l'espoir de pouvoir un jour revendre plus cher comme terrains constructibles.

La société groisillonne mérite pourtant un autre avenir que le rachat de l'île par des vacanciers aisés. Une vraie solidarité existe entre les habitants, nourrie par une vie culturelle riche et une envie de créer, de mener à bien des projets collectifs. Les jeunes de l'UDB ont eu la chance d'en avoir un aperçu au cours de quelques évènements comme la kermesse bretonne ou la soirée-concert animée par un groupe groisillon.

Et la langue bretonne sur l'île de Groix ? Très peu d'habitants la parlent encore aujourd'hui, mais l'envie de la réapprendre est forte chez certains, notamment des jeunes. Gageons que des cours sur l'île remporteraient un certains succès et éviteraient à la terre d'origine du poète Yann-Bêr Kalloc'h de perdre irrémédiablement sa langue et son accent…

Voir aussi sur le même sujet : UDBJeunes, langue bretonne, Weekend Jeunes, UDB