Toujours aussi incurablement nombrilistes ces francophones, même en Suisse ! L\'idée qu\'il puisse y avoir d\'autres langues que le français en France (et dans le monde) ne semble pas avoir effleuré l\'esprit de M. Rémi Mogenet... Si les langues régionales sont à la mode en France, c\'est parce que le français tel qu\'il est enseigné n\'est plus assez frais et spontané... Il faut donc rafraîchir la langue française... Les Bretons, les Basques, les Corses, les Catalans, les Flamands, les Alsaciens-Mosellans se disaient bien que c\'était là la solution de tous leurs problèmes.... Imaginez un instant l\'horreur d\'une Suisse à la sauce française, et vous comprendrez notre calvaire :

1) la Suisse est désormais une république centralisée « une et indivisible » sur le modèle jacobin français

2) l\'unique « langue de la république », gravée dans le marbre de la Constitution Suisse, est l'allemand. Çà ne se discute pas.

3) Le devoir « d'intégration républicaine » des Romands est d'accepter l'assimilation scolaire germanophone de leurs enfants dès la maternelle, ainsi que l'hégémonie exclusive de la langue allemande dans toute la sphère publique : administration, vie professionnelle, médias etc. La langue allemande doit devenir la nouvelle langue d'usage courant des Genevois et des Lausannois. La langue régionale française ne sera pas complètement interdite, mais rigoureusement marginalisée dans la sphère privée : le soir après 18 heures, dans les catacombes des maisons de vieillesse, au bistro ou \"chez les ploucs\". Bien sûr, une fois germanisés, on ne persécutera plus les Suisses anciennement francophones. Comme chez moi en Alsace, ils pourront même apprendre un peu la « langue du voisin français » comme une langue seconde strictement facultative. Mais attention : toujours derrière et en dessous de l'allemand qui reste ultra-prioritaire ! S'ils sont sages, les Romands auront même droit à 8 minutes de « Rund Um » par jour dans leur langue, obligatoirement sous-titré en allemand, sur la chaîne de télévision régionale romande, car la Suisse germanophone est infiniment bonne et généreuse. Etant bien entendu que tout le reste des programmes de la télévision régionale romande seront en allemand, la « langue de la république » suisse…

4) Les suisses germanophones respectent beaucoup le folklore désuet des autres langues, notamment celui du \"patois\" régional français d'antan, mais tout citoyen suisse germanophone (ou germanophonisé) doit pouvoir s'établir sur n'importe quelle parcelle du territoire suisse sans avoir à apprendre le sabir local, le français, l'italien ou le romanche d'autrefois, car la langue commune de tous les Suisse doit être l'allemand, au nom de « l'égalité républicaine » suisse.

5) Les Suisses encore francophones, italophones ou romanches qui ne sont pas contents de ce grand progrès républicain et qui osent revendiquer des droits culturels, voire l'égalité linguistique au lieu de 'l'égalité' germanophone de tous les citoyens Suisses sont, dans l'ordre : des « communautaristes ethniques passéistes », des « arriérés », des « repliés identitaires », des « suppôts de la féodalité et de l'Ancien Régime », des « valets de la mondialisation et de l'hégémonie anglo-saxonne », des « renégats de l'anti-Suisse » etc… La Suisse républicaine 'une et indivisible' est germanophone de Genève à Bâle et de Lausanne à Lugano : tu l'aimes ou tu dégages !

6) Les « ethnicistes » Romands qui affirment que la République Suisse \"une et indivisible\" opprime la francophonie sont de fieffés menteurs. Ils « se victimisent » sans raison, dans le noir dessein de réhabiliter en Suisse « la langue de l'absolutisme royal, de l'esclavage, de Pétain et de la Saint Barthélemy ». Du moment où tout l'espace public est germanophone, les Romands sont parfaitement libres de parler français le reste du temps. On les incitera juste fortement à parler allemand à leurs enfants pour ne pas hypothéquer leur avenir scolaire et professionnel qui se fera intégralement en allemand. Les Romands sont également parfaitement libres de réapprendre le français en cours du soir, et à leurs frais. Les Romands devront toutefois financer de leurs impôts l'Education Nationale Suisse chargée de germanophoniser leurs enfants ainsi que le ministère suisse pour la promotion de la germanophonie dans le monde. En contrepartie, la République Suisse \"une et indivisible\", bonne fille, tolèrera même l'existence de 7% de classes bilingues associatives que les Romands les plus teigneux auront finalement réussi à créer eux-mêmes. Les droits des francophones sont donc parfaitement respectés dans la nouvelle république suisse 'une et indivisible'.

Question 1 : aimeriez-vous vivre dans une telle Suisse ? Non ?

Et bien nous non plus, nous en avons pardessus la tête de vivre quotidiennement dans une telle France. La France est le pays occidental qui a le plus de mouvements séparatistes sur son sol, ce qui n\'étonnera personne.

Question 2 : Comment la France peut-elle prôner le plurilinguisme chez les autres, exiger la reconnaissance publique des minorités régionales francophones en 'Acadie', au Québec, en Wallonie et en Romandie, défendre leur droit imprescriptible à une « société distincte » basée sur « l'exception culturelle francophone », tout en érigeant chez elle l'impérialisme du français à l'encontre des Bretons, des Basques, des Corses, des Catalans, des Occitans, des Alsaciens-Mosellans ?

Ecrit par : Lingelser | 28.06.2008

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