Après des mois d’atermoiements et de concertation, le Gouvernement, par la voix d’Edouard Philippe, vient de clarifier sa doctrine en matière de retraites. Elle est finalement très classique et s’inscrit dans la logique libérale de faire baisser les pensions de retraites.
Alors que le financement des retraites est actuellement proche de l’équilibre, le Gouvernement propose de rajouter deux années de travail supplémentaire pour pouvoir bénéficier d’une retraite pleine. Quand on sait que 56% des personnes âgées de 55 à 64 ans sont actives en France, et plus précisément de 30% pour la tranche d’âge des 60 à 64 ans, on perçoit clairement que cette mesure vise à abaisser le niveau des retraites au lieu d’apporter des solutions concrètes en termes d’amélioration de l’emploi des seniors.
A l’avenir, il faudra donc travailler 44 ans, au lieu de 42 aujourd’hui, sans interruption, pour toucher une retraite complète.
Le Gouvernement propose aussi de sanctuariser la valeur du point lors du passage à une retraite à points. Le Premier Ministre a annoncé que ce sont les partenaires sociaux qui fixeront le point d’indice, sous contrôle du Parlement, mais que celui-ci serait indexé sur les salaires. Toutefois, rien n’empêche une prochaine majorité de remettre en cause cette indexation. Cette sanctuarisation n’en est donc pas vraiment une.
Le système de retraite par point, contrairement à ce qu’affirme le Gouvernement, est profondément injuste par nature. Ce faisant, les inégalités de début de carrière, pour les individus n’ayant pas accès à un emploi stable et durable dès leur début de carrière, seront dès lors inévitablement pénalisés lors de leur départ à la retraite. Les inégalités économiques et sociales que subissent les jeunes adultes (contrats précaires, chômage…) seront inéluctablement reproduites à travers le montant des pensions de retraite, quand bien même ils auraient travaillé de manière continue durant les vingt dernières années de leur vie professionnelle.
De plus, l’espérance de vie d’un ouvrier est de sept ans inférieur à celle d’un cadre. Lorsqu’on sait que cette réforme aura pour effet de paupériser les pensions des populations les plus défavorisées, on se demande où est la justice sociale.
Parmi les propositions, seules deux mesures me semblent véritablement intéressantes. D’une part, celle qui consiste à n’avoir aucune retraite inférieure à 1000 euros. Mais, les ambiguïtés ne manquent pas, car, pour en bénéficier, il faudra afficher une carrière complète, soit 44 ans de cotisation. De plus, comme pour l’Allocation Adultes Handicapé, cette pension minimum sera calculée par foyer fiscal. Si une femme touche une pension de 600 euros et son conjoint 1400 euros, ils cumuleront, ensemble, un total de pension de 2000 euros, La réforme n’aura donc aucun effet sur eux. D’autre part, je trouve judicieux la majoration des pensions de 5% par enfant. Auparavant, il fallait avoir eu au moins trois enfants pour bénéficier d’une majoration de pension de 10%. Désormais, un bonus de 5% serait accordé dès le premier enfant ; et chaque enfant supplémentaire donnerait droit à une majoration de 5% également.
Avec de telles propositions, il n’est guère étonnant que les syndicats appellent à la grève. Même la CFDT, l’UNSA et la CFTC ont décidé de rejoindre le mouvement en appelant à manifester le 17 décembre.
Paul MOLACCe communiqué est paru sur Le blog de paul Molac