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Le gouvernement français étale sa duplicité à l'Unesco
Le site web de l'Unesco présente un résumé de la conférence générale qui vient de s'achever le 17 octobre à Paris. Ce résumé est assez bien fait et j'en reproduis ici quelques extraits, suivis par le discours de Chirac.Le gouvernement français a pris une part importante (prépondérante) dans la préparation de cette conférence pour
Par Philippe Argouarch pour Michel Bellégo le 21/10/03 19:00

Le site web de l'Unesco présente un résumé de la conférence générale qui vient de s'achever le 17 octobre à Paris. Ce résumé est assez bien fait et j'en reproduis ici quelques extraits, suivis par le discours de Chirac.

Le gouvernement français a pris une part importante (prépondérante?) dans la préparation de cette conférence pour tout ce qui concerne la promotion de la diversité culturelle (sauvegarde du patrimoine culturel immatériel), car Paris prétend lutter pour la diversité culturelle en faisant la promotion de la "francophonie" dans le monde et en résistant à l'influence américaine. Et pourtant, on voit bien que Paris s'oppose dans l'hexagone aux idées qu'il fait mine de défendre sur la scène internationale.

La Conférence Générale a affirmé que le respect de la diversité culturelle était inséparable du respect de la dignité de la personne humaine. Pourtant, le gouvernement français et les syndicats d'enseignants continuent de nous présenter le respect de la diversité culturelle comme un obstacle à l'égalité française et comme un signe de communautarisme intempestif.

Deux des textes adoptés se rapportent à la communication et à l'information. Il est en particulier recommandé de promouvoir le multilinguisme. Malheureusement, dans les faits, Paris s'oppose clairement à l'enseignement du breton, et ne veut absolument pas entendre parler d'un bilinguisme anglais-français (similaire à ce qui existe par exemple en Islande). Parmi les textes adoptés par la Conférence Générale figure la Recommandation sur la promotion et l'usage du multilinguisme et l'accès universel au cyberespace (*), où il est notamment question : - d'élaborer et promouvoir des contenus et systèmes multilingues - de développer et promouvoir des contenus du domaine public

Concrètement, je pense que ces recommandations signifient que l'administration française a pour devoir de financer la création de contenus en breton sur internet. Cette administration produit énormément de textes en français sur internet, mais absolument rien en breton.

Les mesures proposées dans le texte de la Recommandation sur le multilinguisme et l'accès au cyber-espace visent à "garantir un accès équitable à l'information et à faciliter le développement de sociétés du savoir multiculturelles". Mais pour l'instant, on constate dans l'hexagone que les chaines de télé et radio sont confisquées par Paris. Même l'information locale doit passer par eux, ce qui est un obstacle évident au droit à l'information et au multiculturalisme.

Enfin, l'Unesco se déclare inquiet du nombre croissant d'actes de destruction intentionnelle du patrimoine culturel. Je pense que la politique des gouvernements UMP et PS à l'égard de la langue bretonne est un bel exemple de ce vandalisme.

Quelques extraits du résumé présenté sur le site de l'Unesco : (voir le site)

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Paris, 17 octobre - La 32e session de la Conférence générale qui s'est achevée aujourd'hui a été marquée par l'adoption de cinq textes normatifs - dont la CONVENTION INTERNATIONALE POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL

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Dans le domaine du patrimoine, la Conférence générale a adopté à une écrasante majorité la CONVENTION INTERNATIONALE POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL (*). Complément à la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel (1972), qui régit les monuments et les sites naturels, la nouvelle Convention traite des traditions et expressions orales, Y COMPRIS LA LANGUE en tant que vecteur du patrimoine culturel, des arts du spectacle, des pratiques sociales, rituels et événements festifs, des connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers, ainsi que des traditions artisanales.

Pour défendre ce patrimoine particulièrement vulnérable, la nouvelle Convention prévoit l'élaboration d'inventaires nationaux des biens à protéger, la création d'un Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, composé d'experts des futurs États parties, ainsi que la constitution de deux listes : l'une représentative du patrimoine immatériel de l'humanité et l'autre regroupant des expressions de ce patrimoine nécessitant une sauvegarde urgente. Le texte souligne par ailleurs que la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel est un processus complexe qui implique de multiples acteurs, à commencer par les communautés et groupes qui lui donnent vie.

En vertu de la Convention, les activités de sauvegarde seront financées par un fonds dont les ressources proviendront notamment des contributions des États parties, des fonds accordés à cette fin par la Conférence générale, ainsi que des versements, dons ou legs faits par d'autres États, organisations ou personnes privées. Pour entrer en vigueur, la Convention devra être ratifiée par 30 États.

Toujours dans le domaine culturel, une Déclaration concernant la destruction intentionnelle du patrimoine culturel (*) a également été adoptée par la Conférence. Selon ce texte qui rappelle « la destruction tragique des Bouddhas de Bamiyan » et S'INQUIÈTE DU « NOMBRE CROISSANT D'ACTES DE DESTRUCTION INTENTIONNELLE DU PATRIMOINE CULTUREL » , les États membres devraient prendre « toutes les mesures appropriées pour prévenir, éviter, faire cesser et réprimer les actes de destruction intentionnelle du patrimoine culturel, où que ce patrimoine soit situé » . Bien que non contraignante, la Déclaration entend inspirer la pratique des Etats. Elle couvre à la fois les activités en temps de paix et les situations de conflit armé, de nature internationale ou non internationale, y compris les cas d'occupation. Elle préconise notamment que les États deviennent parties à la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé et à ses deux protocoles, ainsi qu'aux quatre Conventions de Genève de 1949. Le texte incite également les États à coopérer entre eux et avec l'Unesco et à sensibiliser le public dans ce domaine.

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Dans le domaine de la communication et l'information, la Conférence générale a réaffirmé la volonté de l'UNESCO d'étendre à l'internet les droits inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et de mettre l'énorme potentiel des technologies de l'information et de la communication (TIC) au service du développement des individus, des communautés et des pays. Les mesures adoptées mettent particulièrement l'accent sur la contribution que les TIC peuvent apporter à la liberté d'expression, à la diversité culturelle et linguistique, à l'éducation et à l'accès à l'information (en particulier l'information appartenant au domaine public).

Deux textes ont été adoptés. Il s'agit d'abord de la RECOMMANDATION SUR LA PROMOTION ET L'USAGE DU MULTILINGUISME et l'accès universel au cyber-espace (*). Elle s'organise autour de quatre grands axes à prendre en compte pour que le plus grand nombre puisse bénéficier des apports des TIC : ÉLABORER ET PROMOUVOIR DES CONTENUS ET SYSTÈMES MULTILINGUES ; faciliter l'accès aux réseaux et services ; développer et promouvoir des contenus du domaine public ; réaffirmer et promouvoir un juste équilibre entre les intérêts des titulaires de droits et ceux du public. Les mesures proposées visent à mieux GARANTIR UN ACCÈS ÉQUITABLE À L'INFORMATION et à FACILITER LE DÉVELOPPEMENT DE SOCIÉTÉS DU SAVOIR MULTICULTURELLES.

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La Conférence générale a ainsi demandé que soit élaboré un instrument normatif international concernant la diversité culturelle. En 2001, elle avait adopté la Déclaration universelle de l'UNESCO sur la DIVERSITÉ CULTURELLE qui reconnaissait pour la première fois celle-ci comme un «patrimoine commun de l'humanité » et considérait sa défense comme UN IMPÉRATIF ÉTHIQUE ET CONCRET, INSÉPARABLE DU RESPECT DE LA DIGNITÉ DE LA PERSONNE HUMAINE.

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(*) textes disponibles sur le site de la Conférence générale : (voir le site)

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J'ajoute un extrait du discours de Chirac prononcé à l'Unesco il y a quelques jours. C'est sans intérêt, sauf qu'on voit une fois de plus que Chirac prétend défendre la diversité culturelle devant les autres pays, alors qu'on sait tous qu'il travaille à sa disparition dans l'hexagone. Il prétend que son idéal est de concilier les valeurs universelles et l'expression particulière des diverses cultures, alors qu'en réalité, il pratique une politique d'extermination des cultures autres que française.

(voir le site)

Allocution de S. E. M. Jacques Chirac, Président de la République française à la 32e session de la Conférence générale de l'Unesco, Paris, 14 octobre 2003.

Monsieur le Président de la Conférence générale de l'Unesco, Monsieur le Directeur général, Madame la Présidente du Conseil exécutif, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs,

[ . . . ]

Aujourd'hui, nous attendons de l'Unesco qu'elle s'affirme comme une référence, qu'elle donne un sens et une finalité humaniste aux forces à l'œuvre dans la mondialisation. Le progrès et la diffusion sans précédent des sciences, des techniques, du savoir et de l'information abolissent les frontières, rapprochent les hommes et transforment nos vies. Les conditions semblent réunies pour un monde plus uni.

Pourtant, au même moment, et parfois en réaction, le voici, ce monde, traversé par des mouvements de repli sur soi, d'exclusion, d'intolérance, de rejet de la modernité. Ici, à l'UNESCO, il est urgent que les États conduisent une réflexion sur ces transformations afin de les maîtriser. Notre organisation doit être le lieu privilégié où se rencontrent L'UNIVERSEL ET LE PARTICULIER : l'universel de l'humanité, de ses valeurs fondamentales, de ses aspirations communes à la paix, au bien-être et au savoir ; LE PARTICULIER DE CHAQUE NATION, DE CHAQUE CULTURE, DE CHAQUE PEUPLE, TOUS ÉGAUX EN DIGNITÉ comme le sont les hommes par nature.

Tel est le sens de LA FUTURE CONVENTION INTERNATIONALE POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL dont nous avons achevé l'élaboration. Elle élargit la défense du patrimoine aux cultures dont les modes d'expression privilégient l'oralité, la mémoire, les savoir-faire ancestraux. Elle rend hommage à des peuples trop souvent ignorés, des peuples qui disparaissent dramatiquement année après année, dans l'indifférence de l'humanité, des peuples pourtant dépositaires d'une expérience irremplaçable pour notre avenir : ces peuples premiers qu'il est urgent de protéger, de respecter et de rétablir dans leurs droits.

Ici même, voici deux ans, convaincu que le combat contre le terrorisme passe par le dialogue des cultures, je vous avais présenté LES PROPOSITIONS DE LA FRANCE. Elles ont fait écho à une aspiration commune dont témoignent l'adoption de la DÉCLARATION UNIVERSELLE SUR LA DIVERSITÉ CULTURELLE, le 2 novembre 2001, ainsi que l'engagement de tant d'Etats, notamment d'États francophones.

Ces principes posés, il nous faut maintenant les ancrer dans le droit par une convention. Grâce à elle, les peuples et les États, inquiets pour leur identité, aborderont l'ouverture au monde avec plus de confiance. Nouveau prolongement de la Déclaration universelle des droits de l'homme dont elle réaffirmera les acquis, cette convention reconnaîtra à chaque État le droit d'adopter ou de maintenir les POLITIQUES PUBLIQUES NÉCESSAIRES À LA PRÉSERVATION ET AU DÉVELOPPEMENT DE SON PATRIMOINE NATUREL, CULTUREL ET LINGUISTIQUE. Elle affirmera la spécificité des créations culturelles. Elle organisera la solidarité internationale, nécessaire pour que ce droit profite à tous. Elle constituera la réponse de la communauté internationale aux projets d'enfermement identitaire qui, dévoyant les traditions des peuples, cherchent à les opposer, les soulever les uns contre les autres, et ainsi à mieux les asservir.

A ceux qui craignent qu'un tel texte ne restreigne la liberté de circulation des œuvres de l'esprit, la France répond qu'il n'en est rien. Dans toutes nos démocraties, même les plus libérales, une constitution et des lois assurent l'exercice des libertés, luttent contre les monopoles, PROTÈGENT LES MINORITÉS, stimulent la création artistique et le mécénat, favorisent en un mot la DIVERSITÉ. Car la liberté s'épanouit dans la loi et s'étouffe dans l'anarchie. Ce qui vaut pour nos États vaut pour le monde. Loin de tout protectionnisme, la convention sur la DIVERSITÉ CULTURELLE nous donnera l'instrument d'une circulation des idées plus assurée, parce que RESPECTUEUSE DE L'AUTRE.

Mesdames, Messieurs, Étape après étape, une conscience universelle se fait jour. Après des siècles de lutte contre l'oppression, la communauté internationale en reconnaît les principes. Elle a affirmé les droits et les libertés fondamentales dont la Déclaration de 1948 constitue l'expression solennelle. Elle a proclamé ensuite les droits économiques et sociaux. Confrontée à l'appauvrissement et à la disparition dramatique de tant de langues et de cultures, elle veut défendre la DIVERSITÉ CULTURELLE. Avertie par l'expérience que la science peut être mise au service de projets malfaisants, elle ressent aujourd'hui la nécessité d'une éthique des sciences et de règles qui préserveront l'intégrité et la dignité de l'homme.

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