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L'appel de Gaïa

Chronique « L'appel de Gaïa » ou le développement soutenable proposé par Jean-Claude Pierre. Les journalistes sont-ils objectifs ? Cent fois entendue lors de rencontres avec des publics divers, la remarque attire toujours de ma part la même réponse : Bien sûr que non.

Jean-Charles Perazzi pour JCP le 3/03/12 17:14

Chronique

« L'appel de Gaïa »

Ou le développement soutenable proposé par Jean-Claude Pierre

Plomelin/Ploveilh. Suite du journal de campagne de J.C. Perazzi

Les journalistes sont-ils objectifs ? Cent fois entendue lors de rencontres avec des publics divers, la remarque attire toujours de ma part la même réponse : « Bien sûr que non. » Et je parle en connaissance de cause. On peut juste espérer qu'il est honnête, envers lui… et ceux qui le lisent ou l'écoutent. Mais alors qui croire, en ouvrant son poste de radio ou de télé, son journal ? Et qu'est-ce qu'être honnête ?

On peut aller très loin dans ce type de débat.

Le mieux, quand c'est possible, est de s'en tenir aux faits. Et, avec le recul, de voir la leçon, l'enseignement que l'on peut en tirer.

La parution de « L'appel de Gaïa » de Jean-Claude Pierre, à « Liv'Editions » illustre assez bien ces évidences.

C'est à la fin de l'année 70, le 20 novembre, que je rencontre pour la première fois, au Faouët, ce militant écologiste, issu du mouvement coopératif, dont on ne mesure pas encore à ce jour le rôle historique qu'il a joué, qu'il joue, dans le combat (pacifique) pour la défense de la nature en Bretagne. Deux mille pêcheurs, défenseurs de l'eau, canoéistes défileront ce jour-là contre des projets d'élevage de truites sur l'Ellé. Le président de la toute jeune APPSB (Association pour protection et la promotion des salmonidés en Bretagne) qui deviendra par la suite « Eau et rivières en Bretagne », délivre alors cet avertissement: « Il y a danger pour les autres espèces et la faune. Nous sommes ici, non pour défendre des intérêts privés, mais l'intérêt général : celui des générations à venir. Nous faisons notre devoir de citoyen. »

Sept passent. On apprend que les parcs à moules de l'embouchure de l'Aven vont devoir fermer pour cause de pollution. En cause, la station d'épuration vétuste de Pont-Aven. Mais pas seulement elle. Au nom de l'APPSB, Jean-Claude Pierre dénonce alors la multiplication anarchique des élevages industriels, l'utilisation abusive des produits pharmaceutiques et des médicaments, l'emploi croissant des produits chimiques en agriculture. Bien vu tout cela et même prophétique, non ?

1977. Les chantiers de remise en état des rivières bretonnes prennent de plus en plus d'importance. Des centaines de militants de l'eau se retrouvent le week-end sur le Scorff, l'Elorn, le Leff et d'autres rivières de Bretagne. Les explications de Jean-Claude Pierre : « Nous sommes motivés par la honte, la révolte, l'incroyable dégradation subie par nos rivières ces vingt dernières année. Il y a aussi une prise de conscience devant la première et la pire de toutes les pollutions : l'indifférence des citoyens. » Qu'ajouter de plus ?

Et voici qu'en pleine bagarre de Plogoff, Jean-Claude Pierre se mêle aussi … du nucléaire, en dehors duquel il n'y aurait pas de salut : « Escroquerie. » Et de me donner en exemple le Danemark « pays très largement engagé sur la voie des économies d'énergie, sans pour autant avoir choisi la récession économique. » Depuis, on a imaginé un « Grenelle de l'environnement », pour tenter de rattraper le retard. Rideau.

Les mouvements écologiques ont confié à Jean-Claude Pierre la mission d'être son porte-parole au sein du Comité économique et social de Bretagne. Le 17 octobre 1980, à Rennes, c'est dans un silence de cathédrale que nous l'entendons présenter son rapport : « On a cru que la course à la production allait régler tous les problèmes comme par enchantement. Aujourd'hui les agriculteurs sont les premiers à se rendre compte que la lutte contre la pollution grève leurs coûts de production. Il coûte quatre fois moins cher de ne pas polluer. »

Sur leurs bancs, les représentants de l'agriculture et de l'industrie agro-alimentaire feront ce jour-là le gros dos.

« Eau et rivières » fête ses vingt-cinq ans les 25 et 26 novembre 1989, à Lorient. En présence de plus de cinq cents militants. Evoquant les actions en justice engagées contre des pollueurs pour le non-respect des procédures d'installations nuisibles à l'environnement, les explications de son président : « Nous avons voulu attirer l'attention sur le fait que la pollution constituait une menace grave sur l'économie bretonne essentiellement bâtie sur le vivant (…) Les lois existent. Elles doivent être respectées. »

En 1992, le 1er mars, il faut suivre à Lamballe l'assemblée générale d' « Eau et rivières ». Un grand moment. Les écologistes jugent « loin d'être parfaite » la loi sur les pollutions adoptée au début de l'année. L'élimination des lisiers de porcs, de volailles et de bovins, causes d'importantes pollutions chimiques et bactériologiques, reste une préoccupation majeure.

Gilles Huet, l'un des permanents de l'association, met en cause « le trop grand laxisme de l'administration. » Et Jean-Claude Pierre enfonce le clou : « L'agriculture industrielle pollue. C'est à elle de supporter le coût de la dépollution. Pas à ceux qui choisissent un modèle d'agriculture moins polluant. » Tout est dit.

L'année suivante, toujours de son siège du Comité économique et social, il déplore que les vœux pieux émis depuis vingt ans pour la préservation de l'environnement sont comme autant de coups d'épée dans l'eau. Et réclame une charte du développement durable (il dit aujourd'hui « soutenable »), « permettant à tous les partenaires de se mettre d'accord sur les objectifs à poursuivre. »

Bien vu. Reste, comme on dit au rugby, à transformer l'essai. D'où « L'appel de Gaïa », Gaïa ou Pachamama, notre mère la terre, livre magnifique, essentiel, appel fraternel à nos consciences, à la solidarité pour que notre planète soit demain, pour nous et nos enfants, un monde où il fait bon vivre.

Jean-Charles Perazzi

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