Certains francophones s'imaginent qu'avec le Brexit le français pourrait revenir en force dans les instances européennes. Ces mêmes francophones, journalistes ou politiciens ne comprennent pas que l'anglais qui est depuis longtemps la langue internationale des scientifiques est aussi le lien qui unit les européens. Cette langue n'est pas liée à une volonté hégémonique post-coloniale, elle sait se faire modeste avec un niveau d'adaptation au plus grand nombre sans être obligé de maîtriser Shakespeare dans le texte. Elle n'est pas liée à un pays et n'est donc pas perçue comme une prédominance d'une nation ou d'un État sur les autres. Pour les Bretons et particulièrement les Bretons brittophones l'anglais est la langue complémentaire au breton. Elle est le lien qui unit les pays celtes. Entre Irlandais, Gallois, Écossais, Manxois, Corniques et Bretons l'anglais est la langue qui nous permet de communiquer entre nous. Réduire l'impact d'une langue à un rapport de force est donc une conception très française de l'usage d'une langue. Cette conception de l'hégémonie linguistique qui crée une peur bien française est directement liée à la création de la France. Son État s'est imposé en combattant les langues bretonne, basque, corse, occitane, créole... Hégémonie linguistique depuis François 1er et renforcée sous les républiques, particulièrement dans sa période coloniale en Afrique. La langue française a écrasé les peuples sous la force des baïonnettes. Au XXI é siècle il est triste et pathétique de constater que cette défense de la langue française n'a rien perdu de ce concept colonial. Promouvoir sa langue c'est promouvoir la richesse de toutes les langues, richesses de l'humanité. Sous cet angle et sous cet angle seulement c'est une belle chose.