Malgré une belle reconnaissance de son vivant, éditée par Seghers puis par Rougerie, Angèle Vannier, née il y a 100 ans, n'a plus aujourd'hui l'audience et l'attention que son oeuvre mérite. Nicole Laurent-Catrice invite à la redécouvrir dans un essai et un choix de poèmes. Un bel hommage pour le centenaire de sa naissance.
« Angèle Vannier préserve tout de l’ombre, merveilleusement » . Cette phrase de Paul Éluard, extraite de sa préface du deuxième recueil d'Angèle Vannier L’arbre à feu paru en 1950, en dit long sur l'estime en laquelle il tenait la poète.
Découverte par Théophile Briant, Angèle Vannier reçut, à l’instar de René-Guy Cadou, Marcel Béalu, Jean Laugier et Luc Bérimont, le prix du Goéland, considéré à l’époque comme le Goncourt de la poésie. Son poème Le Chevalier de Paris, chanté en 1950 par Édith Piaf, fit le tour du monde en plusieurs langues.
Nicole Laurent-Catrice a rencontré Angèle Vannier à la Maison de la Culture de Rennes en 1974 et fit partie de son cercle de familiers. Depuis lors, durablement marquée par sa personnalité et son oeuvre, elle s’attache à faire connaître son nom trop oublié. Elle lui consacre un essai Demeure d'Angèle Vannier qui vient d'être édité par Les éditions Sauvages.
Nicole Laurent-Catrice retrace l'itinéraire de la poète devenue aveugle à 22 ans, de la Bretagne à Paris, son retour à la maison de son enfance à Bazouges où elle mourut en 1980, ses récitals-spectacles.
Elle la montre "femme, celte, aveugle et poète", telle qu'elle aimait se définir. "Angèle Vannier n’est pas une “poétesse bretonne”, avec ce que cette appellation peut avoir de mièvre et de localiste", affirme-t-elle, en montrant une femme poète, enracinée mais ouverte sur d’autres cultures, notamment sur le merveilleux et les mythes éternels qui l'ont rapprochée des poètes surréalistes.
Elle entrecoupe habilement le récit biographique de segments d'une voix plus personnelle, d'un grand souffle poétique, où elle interroge les énigmes en suspens de la vie et de l'oeuvre d'Angèle Vannier.
Elle ajoute 12 poèmes d'Angèle Vannier qu'elle a choisis parmi les plus essentiels. Ce choix est d'autant plus précieux que ces poèmes, parus dans des ouvrages épuisés depuis de longues années, dont Choix de poèmes en 1961 chez Seghers, étaient restés inédits.
Nicole Laurent-Catrice offre aussi aux lecteurs son "premier poème à Angèle" en 1974, qui était inédit, et le dernier poème qu'elle lui a dédié.
La couverture est de l'artiste Serge Bouvier qui a fait partie des amis d'Angèle Vannier. L'ouvrage comprend aussi une photo de Dominique Daguet et une gravure de Sophie Degano.
À noter en fin d'ouvrage une bibliographie très complète de l'oeuvre d'Angèle Vannier, qui inclut ses publications en revues et recense les ouvrages, les études et articles qui lui ont été consacrée.
Nicole Laurent-Catrice : Demeure d'Angèle Vannier, suivi de 12 poèmes d'Angèle Vannier, Les éditions Sauvages, collection La Pensée Sauvage, 2017.
ISBN : 978-2-917228-39-5
10 €, en vente en librairie ou par correspondance.