Dans la soirée du 15 novembre, le Parti Socialiste a officialisé l'accord électoral avec les Verts. C'est un accord très politique qui fait l'impasse sur l'EPR et l'aéroport de Notre-Dame des Landes.
Le PS et le parti Europe Écologie – Les Verts (EELV) établissent des volontés politiques communes, notamment en matière de société. L'accord est aussi très favorable pour la constitution par les Verts d'un groupe parlementaire fort, car les Verts auront 15 circonscriptions en cas de défaite à la présidentielle et le double en cas de victoire. Parmi ces circonscriptions, de très beaux morceaux, comme la 6e circonscription de Paris où devrait se parachuter Cécile DUFLOT, à la grande fureur du maire de Paris.
Sur le nucléaire, 24 réacteurs seront fermés d'ici 2025 et le centre de retraitement des déchets à la Hague cessera son activité . Ces bonnes nouvelles sont trompeuses, tout au moins en ce qui concerne la France, en effet la grande importance du nucléaire qui représente 80 % de l'électricité française est un facteur de compétitivité et d'indépendance important. Dans la pratique cette part d'origine nucléaire sera remplacée dans l'immédiat par des combustibles non renouvelables, tels que le gaz et le pétrole. Certes, l'activité des terminaux de Montoir-de-Bretagne ou de Fos augmentera, mais la diplomatie française sera aussi plus dépendante d'états fournisseurs puissants, et dont l'influence s'oppose de plus en plus à celle de la France, voire de l'Europe, à savoir l'Algérie en Afrique et la Russie en Europe de l'Est. Par ailleurs, la question des déchets et de leur traitement demeurera irrésolue ; ces avancées tendent donc à hypothéquer l'avenir de la France.
L'accord prend acte de deux désaccords entre les Verts et le PS : l'EPR et le nouvel aéroport de Nantes. Si l'abandon de la construction de l'EPR, grande revendication des écologistes « historiques », est discutable sur le plan d'une stricte orthodoxie budgétaire car elle coûtera sans doute plus cher que la poursuite et l'achèvement des travaux, la question de l'aéroport est bien plus importante pour l'avenir et l'image d'Europe Écologie.
Elle révèle l'importance de Jean-Marc Ayrault, pressenti pour être le Premier ministre de François Hollande et qui a imposé ce dispendieux projet bombardé « Aéroport du Grand Ouest ». Rappelons qu'on ne sait pas encore ce que coûtera l'unique projet d'aéroport en Europe, dont l'estimation des coûts oscille entre 4 milliards d'€ pour Le Canard Enchaîné (2008) et 551 millions d'euros pour le Syndicat mixte chargé d'étudier les projets. Les travaux ne sont pas commencés (ils devraient l'être en 2014) et la concession a pour l'heure été attribuée pour 55 ans au groupe de BTP Vinci.
Au niveau local, Debout la République, le NPA et le Modem s'étaient prononcés contre le projet. L'UDB l'avait approuvé en 2005 en l'estimant nécessaire pour une Bretagne que le parti estimait "sous-développée" http://www.udb-bzh.net/archives/article.php3?id_article=131&lang=fr dans le paysage aéroportuaire européen. Le Parti Breton a pris en 2010 une décision résolument contraire ( voir notre article ) en s'opposant au projet aéroportuaire, qualifié d'aberration écologique, sociale et financière.
Europe Écologie avait fait courageusement de l'Aéroport de Notre-Dame des Landes un cheval de bataille national, en estimant contraire aux objectifs du Grenelle de l'Environnement un projet qui détruirait 2000 hectares de bocage conservés et bétonnerait des terres situées sur une nappe phréatique stratégique pour l'alimentation de Nantes. L'accord passé avec le PS apparaît donc comme un accord politique qui laisse délibérément de côté l'environnement et les territoires , un accord qui nie la spécificité écologique et militante d'EELV.
Louis Bouveron