L'association « Div Yezh-Naoned » des parents d'élèves pour l'enseignement du breton à l'école publique, ou « kevredigezh tud ar vugale evit ar c'helenn brezhoneg er skolioù publik », dont Danièle Lennon est la représentante pour la Loire Atlantique, a organisé son « fest deiz » annuel dimanche dernier à l'école des Marsauderies.
Grande affluence, de toutes les générations, pour danser avec “Kelien”, “Esquisse”, “Les Cousin's” et “Un chant des Choux”. La chorale des enfants de l'école a ravi l'assistance en interprétant avec un réel talent son répertoire en breton.
Le duo Antoine B. et Nathan B. chanta ensuite, et sans aucun trou de mémoire, les six couplets de « Tri martolod », refrains repris en chœur par tous les enfants. Très applaudis, ils ont même été bissés et le public, qui n'attendait que cela, chanta alors avec eux. Ce fut un grand moment, plein d'émotion ! Une belle convivialité, grâce à la langue bretonne.
[ABP] Nathan hag Antoine, demat deoc'h ! Brav kenañ e oa ho “Tri martolod”. Ped sonioù all ho peus kanet gant an holl ?
[N. ha B.] « Kanet hon eus “Al livioù”, “Ar stummoù”, ha “Delioù vrav”. »
[ABP] C'Hwi a 'oar kanaouennoù all e brezhoneg ?
[N. ha B.] « Pa oan bihanoc'h, desket 'm boa “Ur maligorn ”. Ya, me ivez. »
[ABP] Prest oc'h bremañ evit “Kan ha Diskan” ha lakaat an dud da zañsal, ne soñjit ket ?
[N. ha B.] « Ya ? Marteze... met diwezhatoc'h ! Itron, hag al luc'hskeudennoù ho peus graet... ??»
[ABP] War Internet e vo lakaet ganin, war lec'hienn Agence Bretagne Presse, pajenn Naoned.
[N. ha B.] «Ah ! Mersi bras, itron »
[ABP] Yaël Ménard, vous êtes présidente de l'association « Div Yezh Naoned ». Depuis quand ?
[YB] « Alors que l'association “Div Yezh Breizh” existe depuis 1979, celle de Nantes fut créée en 1999, pour les maternelles et les jeunes primaires. »
« C'est une association de parents d'élèves avant tout, et concernés par le breton. Donc nous nous impliquons le plus possible pour favoriser son enseignement. »
[ABP] Justement, comment est-il organisé ?
[YB] « Il y a parité horaire pour les deux langues, et nous avons donc un instituteur bretonnant par classe. »
[ABP] Et la suite de la scolarité ? Quels projets pour le collège ?
[YB] « Du fait que nous n'avons pas pu ouvrir de collège bilingue à la rentrée 2006, des élèves sont entrés en sixième française et ont malheureusement perdu la continuité en breton. »
« Pour l'année 2007-2008, nous avons bon espoir d'ouvrir la sixième bilingue. Le rectorat est d'accord car le minimum requis de 10 élèves sera atteint et même tout juste dépassé. »
[ABP] Combien d'élèves actuellement ?
[YB] « L'école compte 143 élèves, sections maternelle et primaire confondues. »
[ABP] Leurs parents sont-ils bretonnants ?
[YB] « Pas forcément, mais beaucoup le sont. C'est l'école du quartier, alors tous les enfants suivent le breton. En quelque sorte ils n'ont pas le choix ! » « Les parents qui ne sont pas bretonnants, et même pas toujours bretons d'origine, ne sont pas hostiles, au contraire, à ce que leurs enfants apprennent très tôt une deuxième langue, car ils sont persuadés que le bilinguisme précoce est positif pour l'ouverture d'esprit, le contact avec les autres. Il n'y a donc pas de problèmes. »
« De plus nous faisons participer les enfants à beaucoup de manifestations de la culture bretonne à Nantes, chaque fois que possible. Par exemple, l'année dernière, ils ont chanté à Nantes lors du forum des associations bretonnes, place du Bouffay. » « Ils vont au cinéma quand sont projetés des films bretons, aux séances de théâtre en breton aussi. Ces sorties sont une joie pour eux et la réalité du breton vivant leur est évidente. » « Nous les retrouverons d'ailleurs bientôt avec Jean-Luc Roudaut qui viendra à Nantes en mai pour un concert. »
[ABP] Merci beaucoup Yaël.
[ABP] Jean-Yves Jézéquel, vous êtes un parent qui s'implique beaucoup dans l'association, m'a-t-on dit. Pourquoi êtes-vous membre de « Div Yezh Naoned » ? Voulez-vous dire quelques mots de votre rapport à la langue bretonne ?
[J.-Y. J.] « En effet. J'ai toujours été “branché” culture bretonne à la maison étant jeune, la musique, la danse... Il y a forcément le côté affectif qui joue dans ce soutien à l'association. » « Ma grande fille de 14 ans n'a pas pu profiter de l'enseignement bilingue, il n'avait pas encore été organisé quand elle était petite. Pour la plus jeune, qui est en CM2 cette année, cela fut possible dès la maternelle et je n'ai pas hésité. »
« Car alors, un mauvais souvenir a rejailli en moi, celui de l'interdiction faite à mes parents, dans le Léon, de parler leur langue maternelle à l'école. » « Puis j'ai découvert et compris les bienfaits du bilinguisme précoce, quel qu'il soit d'ailleurs, donc pourquoi pas le breton ? Cela permet aux enfants de comprendre qu'il y a des gens différents, qu'on peut parler avec eux, ainsi on les accepte, on accepte les différences et c'est très important de le savoir dès le plus jeune âge. »
[ABP] Merci Jean-Yves.
Quelques informations supplémentaires
— Div Yezh Breizh : (voir le site)
— Div Yezh Naoned : (voir le site)
L'Office de la langue bretonne, antenne de Nantes, a publié, en novembre dernier, son « Diagnostic de l'état de la langue bretonne dans la ville de Nantes » :
(voir le site)
Le samedi 5 mai, de 9 h à midi : Portes ouvertes à l'école élémentaire bilingue des Marsauderies 9 rue de la Bertinière à Nantes (près du boulevard Jules Verne, derrière la salle Bonnaire), tél. 02 40 49 39 56.
Le dimanche 13 mai à 15 h : Concert de Jean-Luc Roudaut : chansons pour enfants, en breton, salle Paul Fort. 5 €, gratuit pour les moins de 3 ans, organisé, dans le cadre de la Fest Yves-Gouel Erwan, par l'Agence Culturelle Bretonne de Loire Atlantique.
tél. 02 51 84 16 07, postel acb44(AT)fr.st et (voir le site)
Maryvonne Cadiou