La crise que nous traversons change la donne psychologique et politique en France et en Europe. Satisfaits jusqu'ici d'être citoyens d'un État réputé protecteur, offrant la sacro-sainte Sécurité sociale, prodiguant un service de santé soi-disant envié, et une organisation publique efficace, les Français, et les Bretons avec, assistent à leur déclassement brutal. C'est un traumatisme.
Ce qui était prévisible a fini par arriver. Dépensant pourtant plus que tous ses voisins, avec un endettement avant crise de 100% du PIB, l'État français ne nous protège pas d'une crise majeure. Mal équipée, sans réserve de matériels, n'anticipant rien malgré le principe de précaution inscrit dans sa Constitution, gérée par des incompétents coupés du réel, la France compte 268 morts par millions d'habitants (avec confinement), contre 49 pour l'Allemagne (avec un confinement non coercitif et variable selon les Länder) pour le même nombre de contaminations. C'est un scandale politique, c'est la preuve que cette crise est celle du modèle jacobin pyramidal.
Pays déclassé et qui sera endetté après crise de 115% de son PIB, la France s'interroge sur son avenir. Le vrai débat, il faut le souligner, a débuté entre les partisans d'encore plus d'Etat et ceux favorables au fédéralisme et la subsidiarité. Ce débat intérieur se déroule alors que Paris a essuyé, de ses partenaires européens sérieux, plusieurs refus de son plan de mutualisation des dettes. Les dirigeants français ont été mis à la place qui leur sied, au second rang. Qui peut encore croire les politiciens de Paris ? Le citoyen ordinaire a noté que, pendant que son État lui distribuait des amendes, le Portugal et la Grèce, oui, le Portugal et la Grèce distribuaient des masques. Sans parler du Maroc.
Si le système français fonctionnait, on aurait eu des milliers de morts en moins, nous n’aurions pas été confinés de cette manière, nous ne serions pas confrontés à tous ces impôts et tout le chômage qui s'annoncent. Nous n’aurions pas ce cirque quotidien d'ordres et de contre-ordres.
Alors, ce débat pour quel monde d'après ? Simplement un monde qui prévoit et qui s'équipe, où les responsables décident sur le terrain, où nos impôts servent à payer des médecins et des infirmières, et non des bureaucrates, un monde moderne et responsable. C'est clairement un monde avec beaucoup moins d’ordres et de directives de Paris, un monde où l’on écoute enfin les représentants des régions, des communes avec évidemment une autonomie financière dans la gestion de leurs territoires.
Vincent Fraval, Secrétaire Général de Breizh Europa