Comme le relate Le Parisien, GEO, TF1 et France Bleu, Plouégat-Guérand, une commune de 1084 habitants (INSEE), dans le Nord Finistère, a obtenu gain de cause : La commune pourra conserver les noms de ses 140 lieux-dits.
La Poste lui demandait de se soumettre à la loi 3DS qui oblige les communes de moins de 2000 habitants à nommer toutes leurs rues et à numéroter l'ensemble de leurs bâtiments d'ici le 1er janvier 2026. Ironiquement, les 3D veulent dire "différenciation, décentralisation, déconcentration". En guise de "différenciation" la Poste aurait demandé des noms "à la française", avec les mots "allée, chemin, route, rue, impasse", etc. Les élus du Conseil municipal ont dit non.
Les Bretons qui remplissent des formulaires en ligne construits par des webmasters parisiens sont souvent étonnés que le formulaire leur impose d'entrer un numéro de rue alors qu'ils habitent un lieu-dit. Il y aurait 24 000 lieux-dits sur toute la Bretagne historique (voir les travaux de Jean-Yves Le Moing). Ces lieux-dits n'ont pas de numéro de rue puisque ce ne sont pas des rues. Les Bretons souvent entrent un zéro ou un 1 pour pouvoir compléter le formulaire numérique.
Renaud de Clermont-Tonnerre, maire de Plouégat-Guérand, propose d'ailleurs que si la Poste veut rendre obligatoire un numéro dans les adresses postales, on préfixe le numéro 1 aux lieux-dits, ainsi lieu-dit Coat Coazer deviendrait "1 lieu-dit Coat Coazer". La toponymie serait ainsi préservée.
Renaud de Clermont-Tonnerre dénonce dans Le Parisien une "culture de l’efficacité tirée par les cheveux". Pour lui, cette toponymie a "une histoire depuis des générations". Il souhaite préserver "la poésie des lieux" en langue bretonne.
Ma langue me remue les tripes et le cœur parce qu’elle me relie à mes grands-mères, à mes ancêtres, à mes parents, à mon fils, à mes amis, à ma terre, qui par ses noms de villes, de lieux-dits, de rivières, de champs, me parlent et me disent leur histoire et me permettent d’y inscrire la mienne. - Nolwenn Korbell
Pour rappel en Bretagne, chaque bois, chaque champ, chaque ferme avait autrefois une appellation en breton ou en gallo. On peut d'ailleurs retrouver cette toponymie sur les anciens cadastres.
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