Le Tribunal de Grande instance de Paris a rendu cet après-midi le jugement du procès de l'Erika.
Total est condamné. Total s'est rendu coupable d'une "faute d'imprudence" dans le naufrage de l'Erika, en ne tenant notamment pas compte de l'âge du navire. L'amende s'éléve à 375 000 Euros qui est l'amende maximale autorisée. On est loin du milliard réclamé par les parties civiles.
L'Erika, affrété par Total pour transporter du fioul lourd en Italie, a sombré dans le golfe de Gascogne en décembre 1999, provoquant une marée noire qui a pollué 400 km de côtes bretonne et vendéenne et tué plus de 150 000 oiseaux.
La société de classification italienne Rina a été déclarée elle aussi coupable de « pollution maritime ». L'entreprise devra également verser 375 000 Euros d'amende. L'armateur Giuseppe Savarese et le gestionnaire du pétrolier, Antonio Pollara, sont reconnus coupables d'une faute caractérisée et devront payer 75 000 Euros d'amende.
Les victimes de l'Erika ne manquent pas de faire remarquer que le premier groupe pétrolier mondial, l'Américain Exxonmobil avait dû débourser 4,75 milliards de dollars pour les victimes de la marée noire causée par le naufrage de son pétrolier Exxon Valdez, qui avait déversé 50 000 tonnes de fioul lourd sur la côte de l'Alaska.
Beaucoup de victimes pensent que les dommages économiques, le manque à gagner des entreprises bretonnes et les dommages écologiques sur la côte bretonne s'élèvent à bien plus que les 192 millions Euros qui seront reversés aux associations environnementales, aux entreprises lésées et aux communes touchées par la marée noire de l'Erika. Certes, la loi impose des limites aux amendes mais il est clair que les dommages et intérêts que Total devra payer ne sont pas à la hauteur des véritables dommages.
Parmi la centaine de parties civiles - régions, départements, communes, État français, associations -, l'État obtient à lui seul 153,8 millions d'euros, l'intégralité de ses demandes. La région Bretagne obtient 2,57 millions d'euros, le Finistère 3,31 millions, la Loire-Atlantique 4,28 million, les Pays-de-Loire, 1,73 million, le Poitou-Charente un million d'euros.
Philippe Argouarch