Selon un graphe américain établi sur les données de l'OMS, c'est en France que le virus se répand le plus rapidement avec un taux de progression de 38,6% par jour. Cela veut dire quoi ? S'il y a 1000 cas un jour, il y en a 1386 le lendemain. Hier, il y avait 4500 cas connus (il y en a bien plus évidemment), donc aujourd'hui, dimanche 15 mars, il y aurait 6237 personnes infectées ou dans cet ordre de grandeur...
Le chiffre officiel du nombre de cas est en fait inférieur aux prédictions, 5400 cas au dimanche 15 mars. Soit le taux de progression est en dessous de 38,6%, soit beaucoup de cas ne sont pas enregistrés car les malades n'ont pas pu ou pas voulu accéder aux soins ou à un simple test. Les mesures de confinement commencent à avoir de l'effet ? C'est trop tôt pour le dire. Dans tous les cas, la progression est toujours exponentielle.
Le nombre de cas déclarés ou détectés est un chiffre contesté. Le nombre de cas est bien sûr bien plus élevé. Pour s'en rendre compte il nous faut partir du nombre de décès dû au coronavirus qui est un chiffre incontestable et incontesté car tous les décès sont enregistrés. Le taux de mortalité change d'un pays à l'autre mais le pays qui a le plus testé est la Corée du Sud, donc le plus près de la réalité, soit un taux de mortalité de 0,5%. Ce qui donne, pour 120 décès en France, 24 000 cas véritables de malades du coronavirus ou juste de porteur du virus au 15 mars. Si le taux de mortalité est juste 1%, il y aurait en réalité 12 000 personnes contaminées en France, soit trois plus que le chiffre officiel. On peut en conclure qu'au 15 mars le nombre de personnes contaminées par le virus se trouve entre 12 000 et 24 000.
Beaucoup d'explications sont données pour expliquer cette progression rapide du virus en France. Le Français est indiscipliné, ne prend pas au sérieux l'épidémie, ou se croit invulnérable. Les facteurs les plus déterminants semblent culturels. Les Bretons comme les Français se font la bise et la plupart continuent aujourd'hui à se faire la bise alors que ce contact est un facteur critique de transmission du virus, comme se serrer la main d'ailleurs. Que l'Italie, l'Espagne et la France, tous des pays latins, soient des pays où le coronavirus sévit le plus en Europe n'est pas dû au hasard : ces pays ont des caractéristiques culturelles similaires y compris se faire la bise, une pratique qui serait héritée de l'empire romain. Intéressant, la bise avait disparu au XIVe siècle à l'époque de la peste noire car on pensait qu'elle la propageait. Le contact transmettait certainement les puces porteuses du virus. Faut-il des millions de morts pour changer des habitudes culturelles ?
L'autre point commun de ces pays latins est de sortir presque tous les soirs faire la fiesta, y compris aller au fest-noz, mais aussi en France pour toutes sortes d'activités culturelles extérieures : cinéma, théâtre, expos, etc etc. On dirait que les latins sont incapables de rester chez eux, lire un livre, regarder un bon film, s'éduquer avec internet, jouer avec les enfants, leur lire ou leur raconter des histoires. Les Français ne respectent pas les consignes du gouvernement sur le sujet et le virus se répand comme une traînée de poudre.
Les Français ne sont pas les seuls responsables de ce fiasco. Le gouvernement a aussi commis des erreurs. Le rapatriement des Français du Wuhan en Chine semble avoir été une très mauvaise idée. Il aurait été bien plus sage de les laisser en quarantaine en Chine et de ne pas les rapatrier pour le moment, et interdire tous les vols en provenance de Chine dès le début. Que la contamination ait débuté à la base militaire de Creil dans l'Oise où ont atterri les rapatriés ou à CDG ne change pas grand chose au fait que le virus n'a pas été pris au sérieux dès le départ. Il suffit d'écouter la déclaration de la ministre de la Santé du vendredi 24 janvier à la sortie du Conseil des Ministres: "En termes de risques pour la France, les analyses de risques d’importation sont modélisées régulièrement par des équipes de recherche. Le risque d’importation de cas depuis Wuhan est modéré, il est maintenant pratiquement nul parce que la ville est isolée. Les risques de cas secondaires autour d’un cas importé sont très faibles. Les risques de propagation du virus dans la population sont très faibles...". On est trois jours avant les premiers cas en Italie. Tout est dit dans cette phrase en ce qui concerne l'arrogance et ce sentiment de supériorité que nos dirigeants affichent en ce qui concerne nos institutions, notre système social et finalement ce pays. Certes le système de santé français est un des meilleurs au monde, mais n'aurait-il pas entraîné un sentiment d'auto-suffisance et d'optimisme béat ? Et que penser de ce gros mensonge de la ministre de la santé du 27 janvier 2020 quand elle affirme : "Nous avons des dizaines de millions de masques en stock en cas d’épidémie” .
Nous sommes aujourd'hui incapables de fournir suffisamment de masques et de lunettes aux médecins généralistes qui se retrouvent en première ligne. Or, ce point est fondamental : si nous mettons en danger les soignants et les professionnels de santé, nous serons incapables de faire face à un afflux massif de malades. Pire, on apprend que le 17 février la France aurait envoyé à la Chine 17 tonnes de matériel sanitaire dont son stock de masques FFP2, des masques qui font cruellement défaut aujourd'hui aux médecins et aux soignants.
En Bretagne, la situation n'est pas encore dramatique comparée à ce qui se passe dans l'est de la France où les hôpitaux commencent à être saturés. Nous pouvons éviter le pire, il suffit de rester chez soi. Faites des provisions pour deux mois et ne sortez plus de chez vous ! Il vous manque quelque chose d'indispensable ? Commandez-le sur internet.