« Les tribulations des Bretons en Chine »
le nouveau livre de Roger Faligot :
une histoire méconnue et passionnante.
Roger Faligot présentait hier au club de la presse de Rennes
son nouveau livre sur les très étonnantes aventures de bretons en Chine
qu’il a judicieusement titré « Les tribulations des bretons en Chine »
(Editions Les Portes du large).
Depuis toujours, l’empire du Milieu fascine et repousse à la fois : eldorado commercial pour les uns, état tortionnaire issu du « despotisme oriental »
pour les autres.
Depuis cinq siècles que les Bretons s’y sont rendus en nombre, ils ont fait des découvertes surprenantes et ont joué d’influences multiples. C’est tout un pan méconnu de l’histoire armoricaine que Roger Faligot nous conte – archives et illustrations à l’appui – dans ce nouveau livre. Il est le fruit de trente ans de recherches et d’enquêtes sur les affaires chinoises.
À l’instar du rôle central des Écossais dans la constitution de l’empire britannique, les Bretons se sont étonnement trouvés et de façon structurée, au cœur des relations des États français (royauté, empire et Républiques) avec la Chine.
Les commerçants et explorateurs d’abord : Pierre Malherbe de Vitré, ingénieur des mines et expert en métaux précieux, a été le premier Breton (et le premier habitant du royaume de France, c’était sous Henri IV) à s’y rendre (Macao, Canton, Hangzhou) et à nous rapporter des informations sur ce pays de 100 millions d’habitants à l’époque de la dynastie Ming. A travers les siècles, les prêtres, jésuites ou missionnaires ont joué un rôle notable à commencer par la délégation d’astronomes et de mathématiciens envoyés par Louis XIV auprès de l’empereur Kangxi et dirigée par les Bretons de Visdelou et de Fontaney.
Plus tard, les docteurs brestois – Victor Segalen ou les frères Mesny – épaulent leurs homologues armoricains de l’Université Aurore de Shanghai qui fondent les écoles de médecine occidentale et de dentisterie.
Les ingénieurs lorientais Charles Guillemoto et Prosper Giquel construisent l’un la ligne de chemin de fer ralliant le Tonkin au Yunnan, l’autre l’arsenal de Fuzhou et la flotte de combat de l’empire chinois. La diplomatie des Bretons a été importante depuis la création de la Concession française de Shanghai par le Rennais de Montigny en 1849 jusqu’aux relations menées par Etienne Manac’h (de Plouigneau), l’ambassadeur envoyé par de Gaulle.
Dans la première partie du XXe siècle, à l’observatoire de Zikawei, à la lisière de Shanghai, le RP brestois, Louis Froc, de sa station météorologique, alerte les flottes de commerce de toute l’Asie sur le tracé des typhons qui menacent tandis qu’Edmond Hersart de la Villemarqué, le petit-fils de l’auteur du Barzaz Breiz, construit et dirige l’observatoire astronomique. Le Jésuite fougerais Pierre-Marie Heude conçoit le musée d’histoire naturelle, encore aujourd’hui admiré par les Chinois.
Les soldats de l’armée de terre ou les marins de la Royale, aux deux tiers bretons, ont malheureusement participé à quatre guerres coloniales au XIXe siècle en Chine, et au sac du Palais d’été en 1860, mais au siècle suivant, en 1937, d’autres marins bretons aident les Chinois contre l’invasion japonaise notamment à Shanghai, avec à leur tête le vice-amiral Jules Le Bigot (de Saint-Brieuc).
Pendant ce temps, les « incorruptibles bretons » de la police de Shanghai combattent les maîtres de l’opium et la puissante mafia, la Bande verte et créent le cercle des Bretons de Shanghai, baptisé « Armor ».
Le Nantais Jean Cremet a aidé en 1930 la révolution chinoise en armant les maquis du futur président Deng Xiaoping dans le Guangxi.
Elle triomphe, cette révolution, en 1949, mais le régime de Mao Zedong expulse les prêtres et de nombreux religieux sont maltraités par cette Chine qu’ils affectionnent pourtant, tels Edouard Sauvage de Carhaix ou Mgr Pinault (d’Evran), évêque de Chengdu, oncle de l’homme d’affaires François Pinault.
Suite à la reprise des relations sino-françaises en 1964, les Bretons jouent un rôle pionnier : dans le jumelage entre la Bretagne et le Shandong, dans l’accueil du président Hua Guofeng en 1979 à Rennes et Brest, dans le rayonnement de la langue chinoise et l’accueil des étudiants, mais aussi dans le soutien aux dissidents après le massacre de la place Tiananmen en 1989… La diplomatie culturelle parallèle de la Bretagne –avec le rôle de l’abbaye de Daoulas à l’époque de Jean-Yves Cozan – tranche par son originalité.
Les nombreux portraits et tribulations que restitue Roger Faligot dans son livre nous amène jusqu’à nos jours avec le développement de la présence bretonne dans le monde économique et commerçant à l’époque de Xi Jinping, et avec les réseaux dynamiques qui ont pour nom Zhong-Breizh ou Ker Shanghai.
L’auteur reste prudent dans son évaluation des relations avec Pékin, alors que son livre sort au moment de la révolte de Hong Kong. Et concernant les difficultés qu’on peut avoir pour commercer ou simplement échanger sur le plan culturel avec la Chine, il conclue en citant une anecdote de Chateaubriand dans ses Mémoires d’Outre-Tombe qui reste valable de nos jours : « Un homme avait médité un voyage à Pékin ; un de ses amis l’aperçoit sur le Pont Royal à Paris : “ Eh comment ! je vous croyais en Chine ? – Je suis revenu : ces Chinois m’ont fait des difficultés à Canton, je les ai plantés là.” »
Roger Faligot est également l’auteur d’un livre qui fait autorité «Les Service secrets chinois» plusieurs fois réédités et maintenant en poche. Traduit en plusieurs langues, il vient d'être d'être republié en Grande-Bretagne sous le titre "Chinese Spies, from Chairman Mao to Xi Jinping" (Hurst Publishers).
Roger Faligot sera présent aux salons du livre de Carhaix et de Guérande.
Il dédicacera également son ouvrage à la librairie DIALOGUES de MORLAIX
Samedi 2 Novembre de 10H30 à 12H.
Site web : roger-faligot.fr
https://www.portesdularge.com