Arrivé de Tunisie en Bretagne en 1973, le responsable actuel des aumôniers musulmans pour le Grand Ouest, Mohamed Loueslati a commencé par des études de droit, il a travaillé dans les assurances, s'est marié, a eu trois enfants. Il militait dans des mouvements de droits de l'homme, puis s'est engagé.
Il a côtoyé Taubira, Valls, et a l'habitude des ministères. Quand il parle des jeunes prisonniers musulmans en France et en Bretagne, il parle d'abord d'exclusion sociale, de petits délits dûs au manque d'argent et aux soucis d'insertion, comme les jeunes de Lyon en 1970.
La délinquance de 2015 est la même, mais les exclus viennent majoritairement des banlieues et des populations d'origine maghrébine ou subsaharienne.
Il essaie l'impossible, avec deux heures de présence hebdomadaire dans les prisons de Nantes (deux établissements de quatre cents prisonniers), pour les 900 prisonniers de Rennes, les 800 de Caen, les prisons de Ploemeur, Brest... Car les prisonniers musulmans seraient, selon lui (il n'existe pas de statistique officielle), près de 80%.
Pour éviter la radicalisation, il dénonce les dernières mesures qui consistent à concentrer les prisonniers les plus dangereux dans le même site : l'absence de visite de leurs familles trop éloignées pour venir les voir, de mélange avec d'autres, ne peut, selon lui que radicaliser encore les choses.
Il parle de l'islam de France, très varié, très différent de celui d'Allemagne (en grande partie turc) et de celui d'Angleterre (en grande partie pakistanais) et il appelle à la prudence et à la vigilance.
Les jeunes Français musulmans sortant de prison n'ont pas beaucoup de perspectives : c'est à la République de proposer à ces jeunes un avenir, qui ne soit pas la drogue ou la Syrie, en intégrant dans les prisons un soutien plus important, une formation, une seconde chance. Sinon...