Terrorisme et Vérité
« Après la mort de l’ état providence , faut-il craindre l’apparition d’une justice providentielle » c’était le thème de la conférence débat organisée à l’espace ouest France de Rennes par le Kiosque citoyen et la FNAC . le conférencier s’appelait Gilbert Thiel , premier juge d’instruction au tribunal de grande instance de Paris ( section anti-terroriste) .
En Bretagne le juge Thiel à sa réputation , en tant juge mais pas encore comme nouveau philosophe. A Rennes il nous a livré des définitions particulières et très personnelles du « terrorisme » et de la « vérité » « la vérité avec un grand V n’existe pas .Mais la vérité judiciaire , parfois ,s’en rapproche » Une phrase creuse d’intello de salon qui cache mai un aveu de taille :dans les meilleurs cas, c’est à dire parfois, l’appareil judiciaire fonctionne sur la base d’approches….Le reste du temps, à défaut d’approche de la vérité, il faut bien s’en forger une de toutes pièces. les convictions( élucubrations dans le cas présent) d’un juge instructeur, plus ou moins fortes et plus ou moins sincères mais fréquemment affichées en public pour les transformer en vérités, servent alors de base pour le maintien en détention des opposants politique à mater. Dans ces occasions , le juge Thiel se contrefout de la vérité , comme de la loi, c’est pas peu dire. Le devoir de réserve, connaît pas, le secret de l’instruction, connaît pas . C’est quoi la vérité judiciaire quand on est un juge d’instruction anti- terroriste et que la raison d’Etat escamote, dans tous ses dossiers l’Etat de droit Pourtant à un autre moment de la conférence il dit en égratignant au passage les gouvernants politiques « lorsqu’ils ne prennent pas leurs responsabilités, les faisant assumer par les juges » C’est la vérité judiciaire qui doit remplacée la vérité celle qui n’a pas un grand V, politiquement honteuse Il est probablement bien placé pour le dire puisque à toutes les occasions où sa hiérarchie lui a demandé d’intervenir il y avait eu des carences du pouvoir politique qui préfère toujours la répression à la négociation . C’est valable pour la Corse , pour le pays Basque et aussi de plus en plus pour la Bretagne. L’Etat refuse systématiquement de prendre en compte les revendications populaires spécifiques de notre pays, l’exemple le plus récent étant la revendication sur la langue bretonne et son enseignement , concernant les écoles Diwan. « c’est O K on vous intègre à l’éducation nationale, on vous donne une avance sur vos subventions de l’année prochaine mais vous ne revendiquez plus l’apprentissage de la langue par l’immersion » dit le duc de Rohan gouverneur de Bretagne. Cela s’appelle imposer ses vues par la force ou l’intimidation, économique certes, et avec notre argent de surcroît, mais intimidation et coercition tout de même : vous vous soumettez à notre politique « intégratrice » (nivelatrice en réalité) ou faute d’argent pour fonctionner vous disparaissez . Un chantage méprisable, chantage du puissant sur le plus faible ,qui incite forcement à la révolte et à la résistance !
Terroristes ou Résistants et Patriotes Qu’on soit Corse, Basque ou Breton, tenter d’imposer ses vues par la force ou l’intimidation est la définition du terrorisme » telles sont les déclarations à visées moralisatrices du juge Thiel lors de cette conférence débat ,nous livrant là une interprétation très personnelle de ce mot . Pourtant son usage devrait s’exercer avec prudence et pertinence. Il faut se méfier des mots . il importe d'éviter l'amalgame que certains puissants de ce monde peuvent faire ,en confondant intentionnellement ,entre leurs adversaires et les "terroristes". Les anciens se rappelleront avoir lu dans la presse de Vichy (1940-1944) que les résistants Français y étaient qualifiés de "terroristes". Pour le gouvernement du maréchal Pétain collaborant avec l'Allemagne nazie d'Hitler, les patriotes français étaient des "terroristes". Après la Libération de la France en 1944-1945, ces "terroristes" sont devenus pour tous des patriotes salvateurs, ils avaient été précédemment qualifiés de cette façon infamante. Qui étaient ils ceux qui se sont révoltés le 1er novembre 1954 en Algérie des résistants ou des terroristes Leur initiative est reconnue aujourd’hui comme une juste réponse à la violence et à l'injustice du régime colonial établi par la force depuis 1830 et à l'impossibilité de cet l’état dominant pour trouver une solution par le choix d’une émancipation pacifique. Dés la première manifestation de leur violence légitime l’état qui les considérait comme des sous hommes dénommait ce peuple entier de terroriste .Contraint de leur donner l’indépendance , les manuels d’histoire les reconnaissent aujourd’hui comme des résistants . Ce même état reçoit aujourd’hui les descendants des « Frères de la Toussaint » comme des interlocuteurs politiques et économiques. Etats dominateurs méfiez vous de cette appellation "terroristes" ! les Etats constitués ont trop fréquemment tendance à appeler "terroristes" leurs adversaires. Les puissants désignent souvent ainsi totalité ou partie de leur population en rébellion larvée ou ouverte contre le pouvoir central .Aujourd’hui pour la Russie, Vladimir Poutine qualifie dans son ensemble le peuple tchétchène de "terroriste". Alors que les organisations non-gouvernementales et les médias le critiquaient pour la répression de ce peuple. .Il y avait 800.000 Tchétchènes en Tchétchènie il y a quelques années, aujourd’hui il en reste moins de la moitié . Qui est le terroriste Vladimir Poutine ou le peuple qui a été obligé de fuir dans les républiques voisines pour organiser sa résistance. Il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec les agressions que les croisades chrétiennes ont constituées à l’égard des musulmans au Moyen Age. Dans notre histoire contemporaine en Europe , dans le monde les exemples de ces résistants appelés « terroristes » sont trop nombreux pour ne pas en tenir compte . A l’occasion de ce débat citoyen de Rennes les définitions du professeur Thiel ont été orientées et modifiées de leurs genèses en fonction de sa charge particulière de bon serviteur de l’état jacobin tout comme d’ailleurs celle qu’il donne de nos camarades toujours incarcérés dans son livre en les traitant d’éthylo-nationaliste.* Une mise en bouche pour le procès qui arrive. Monsieur Thiel n’est pas venu en Bretagne par hasard .Les définitions qu’il a donné ce jour là sont celles de deux mots clés qui auront un poids important et sans doute essentiels quand nos camarades prisonniers politiques passeront en procès devant la cour d’assises spéciale au mois de mars : Terroriste et vérité . Vérité surtout , parce qu’il n’est pas certain que la vérité de Monsieur Thiel corresponde à celle du juge anti –terroriste . Après quatre ans d’instruction il a encore besoin de venir « enfoncer le clou » chez nous . Il renvoie quatre personnes devant les assises spéciales pour un attentat qu’il s’est efforcé de mettre en avant dans ses différents dossiers afin d’en criminaliser l’ensemble . Quatre personnes pre-supposées complices alors qu’il ne renvoie personne devant cette cour comme auteur de l’acte . C’est la magie de la justice d’exception . Juge , philosophe et magicien . Qui peut encore croire dans cette justice.
M. Herjean
*on ne réveille pas un juge qui dort, édition Fayard