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Breizh Civic Lab
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- Reportage -
Une monnaie citoyenne pour soutenir l’économie bretonne sur la voie du développement durable
Alors que l’idée de s’appuyer sur des monnaies locales complémentaires pour faire face aux conséquences de la crise que nous traversons fait son retour dans le débat public, le Breizh Civic Lab propose la création d’une monnaie citoyenne bretonne, avec des modalités de diffusion et d’utilisation volontairement très larges. A court terme, cette monnaie pourrait être un instrument de relance économique régionale et à moyen et plus long terme, elle pourrait contribuer à la transformation de notre société pour répondre aux objectifs de développement durable définis à l’agenda 2030.
Stéphane Péan Par Breizh Civic Lab le 3/08/20 15:07

Alors que l’idée de s’appuyer sur des monnaies locales complémentaires pour faire face aux conséquences de la crise que nous traversons fait son retour dans le débat public, le Breizh Civic Lab propose la création d’une monnaie citoyenne bretonne, avec des modalités de diffusion et d’utilisation volontairement très larges. A court terme, cette monnaie pourrait être un instrument de relance économique régionale et à moyen et plus long terme, elle pourrait contribuer à la transformation de notre société pour répondre aux objectifs de développement durable définis à l’agenda 2030.

Les monnaies complémentaires, un instrument ancien, souvent présent en situation de crise économique

Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire monétaire, on retrouve des monnaies complémentaires utilisées en parallèle des monnaies officielles. D’usage limité à une activité ou un service en particulier, à un territoire restreint, ou encore à une période spécifique, elles ont toujours été utilisées pour faciliter l’activité et les échanges économiques. Les timbres, les tickets restaurant, ou encore les points de fidélité délivrés par une enseigne, peuvent par exemple être considérés comme des monnaies complémentaires.

Toutefois, c’est au lendemain de la crise de 1929 qu’a vu le jour en Suisse l’expérience de monnaie complémentaire la plus durable ; le WIR est encore en circulation aujourd’hui. Face à la réduction soudaine des lignes de crédit bancaire, de nombreuses entreprises, dans l’impossibilité de passer commande à leurs fournisseurs, se voyaient contraintes de réduire, voire d’arrêter leur activité. Plusieurs d’entre elles ont alors décidé de s’entendre sur de nouvelles modalités d’échange et de reconnaissance de dette. Cette nouvelle monnaie connaît depuis un succès fluctuant, directement lié à l’état de santé de l’économie et des circuits bancaires traditionnels. Dans une étude sur le sujet[1], l’économiste américain James Stodder a d’ailleurs souligné le caractère déterminant de ce système monétaire parallèle dans la stabilité et la résilience de l’économie suisse depuis 90 ans.

En 1998, c’est dans une favela de Fortaleza au nord-est du Brésil qu’une initiative d’un genre nouveau a vu le jour avec le lancement de la Banco Palmas, organisme bancaire lancé par des habitants, notamment engagé dans le micro-crédit. Faisant le constat amer que les rares arrivées d’argent dans ce quartier fortement paupérisé ne favorisaient en rien son développement, l’argent en question étant en général immédiatement dépensé au centre-ville, ils décidèrent de créer une monnaie complémentaire favorisant les échanges économiques au sein de la favela. Les résultats de cette initiative ont été rapides et spectaculaires[2] : en 10 ans, la part des achats effectués par les habitants sur le quartier est passée de 20% à 90 %, entraînant la création de 1 900 emplois et plus largement une dynamique de développement social bénéficiant à l’ensemble du territoire et de ses habitants.

En France, c’est surtout après la crise financière de 2008 que des monnaies complémentaires ont pu essaimer un peu partout au plan local, en s’inscrivant dans le mouvement de l’économie sociale et solidaire (ESS).

En Bretagne, c’est tout d’abord l’Heol qui a vu le jour dans le Pays de Brest fin 2011 à l’initiative de l’ADESS Pays de Brest (Association de développement de l’économie sociale et solidaire), rapidement suivie en 2012 de la Sardine à Douarnenez, puis en 2013 du Galleco en Ille-et-Vilaine, davantage porté par le Conseil départemental. Si d’autres initiatives ont vu le jour depuis ou sont en préparation dans le reste de la Bretagne, il convient de noter l’initiative nantaise de la SoNantes, lancée en 2015 avec le soutien du Crédit Municipal, se distinguant par le choix d’emblée d’un fonctionnement 100% numérique, mais portant aussi dès l’origine l’ambition d’être d’abord un instrument au service des entreprises. En juin 2020, elle a fusionné avec le Retz’l pour devenir Moneko dont l’ambition vise désormais l’échelle départementale. Cette initiative renoue d’ailleurs avec une tradition de monnaies complémentaires locales nantaises, dites alors monnaies de nécessité. A cet égard, le musée Dobrée[3] retrace cette histoire en proposant une importante collection numismatique, rappelant également que Nantes frappait autrefois la monnaie ducale bretonne. Enfin, il est à noter qu’en mai 2018, les représentants de cinq monnaies locales des cinq départements bretons ont signé un manifeste[4] soulignant leurs valeurs communes et leur vision des transformations à engager pour assurer des transitions vers un mode de vie durable, respectueux de la nature et de l’environnement.

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