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- Chronique -
Les combats essentiels : La langue, la démocratie, la terre
La langue, la démocratie, la terre : ce sont les trois piliers pour construire l’avenir du peuple
Par pour François Alfonsi le 7/06/21 17:07

La langue, la démocratie, la terre : ce sont les trois piliers pour construire l’avenir du peuple corse. A l’heure des choix de la prochaine élection territoriale, ils sont la priorité.

Le combat pour la langue se relance à travers la mise en place de la filière d’enseignement par immersion, telle que la développe enfin Scola Corsa, hélas avec plusieurs décennies de retard sur ses homologues basques et bretons. A côté de Scola Corsa qui engage une structuration de long terme en milieu scolaire, d’autres initiatives foisonnent.

Currilingua, l’équivalent corse de Ar Redadeg en Bretagne ou de la Korrika au Pays Basque, aura lieu pour la première fois le 4 juillet prochain. Elle permettra chaque année de recueillir des fonds pour toutes les associations impliquées dans la sauvegarde de la langue. Une nouvelle dynamique se fait jour, tournée vers la jeunesse et appelant à l’implication active de tous, parents, acteurs culturels, étudiants, enfants, enseignants, etc…

Il était temps d’impulser un second souffle à ce combat qui s’était laissé endormir dans les faux semblants d’un « bilinguisme » de façade dont les représentants de l’Etat vantaient impunément les mérites, alors que nous assistions impuissants à l’effondrement du nombre des locuteurs dans les nouvelles générations. « Ce n’est pas l’Education Nationale qui sauvera la langue corse » titrait Arritti quand il a pris l’initiative du lancement des premières écoles immersives en Corse. Il était temps que l’on en prenne conscience. C’est chose faite, enfin.

Une observation simple témoigne du retard pris. Nous étions 300 à Bastia contre la censure par le Conseil Constitutionnel de la loi Molac, ce qui est déjà satisfaisant car cela faisait bien longtemps qu’une telle mobilisation n’avait pas eu lieu. Mais ils étaient vingt fois plus nombreux à Guingamp et à Bayonne. L’explication est simple : la manifestation de Guingamp a coïncidé avec l’arrivée de la Redadeg qui a mobilisé des centaines de personnes tout le long de son parcours pendant une semaine, et le réseau Seaska, qui pratique la mobilisation permanente, est une « machine de guerre » impressionnante au service du combat pour la langue basque.

J’étais avec une délégation « Scola Corsa » durant 48 heures au Pays Basque pour parfaire la connaissance de leur modèle éducatif en immersion qui, de la maternelle à la terminale, scolarise 4.000 enfants, plus de 12% des effectifs scolaires basques, et qui progresse chaque année en effectifs. Et on a pu les voir à l’œuvre, et, dès lors, on comprend mieux la saisine à l’arrache du Conseil Constitutionnel depuis la « coupole » du Ministère de l’Education Nationale dirigé par Jean Michel Blanquer : il fallait coûte que coûte empêcher la loi Molac de favoriser ce modèle éducatif qui permet la régénération des langues régionales à travers les plus jeunes, et qui fait émerger une alternative à la mort lente voulue par les Rectorats, en Corse comme ailleurs.

La formidable mobilisation du 29 mai à travers tous les territoires a opposé une belle résistance à cette agression calculée de l’Etat contre les langues régionales. Il faudra la continuer et l’amplifier, et le vote du 20 juin prochain sera une première occasion pour cela : sus aux listes du parti de M. Blanquer pour qu’elles soient sanctionnées sévèrement en Corse, en Alsace, en Bretagne, en Occitanie et ailleurs. Et il faudra continuer jusqu’à obtenir la modification constitutionnelle qui sécurisera les acquis de l’immersion sur tous les territoires.

Le terrain corse appelle aussi deux autres combats essentiels, celui de la démocratie et celui de la terre. Les deux se confondent : la spéculation immobilière est au cœur des dérives mafieuses qui gangrènent la Corse, et la perversion claniste n’hésite pas à utiliser les relais de la pression mafieuse pour arriver à ses fins. Cela ne date pas d’hier, et cela n’existe pas qu’en Corse. Mais cela existe encore, aujourd’hui, en Corse !

Chacun doit y être attentif à l’heure où il faut faire des choix fondamentaux pour l’avenir de la Corse. Durant sa Présidence, Gilles Simeoni a posé des actes clairs pour empêcher une emprise mafieuse sur l’île de Cavallu comme pour régler dans le meilleur esprit la redistribution des terres du domaine Casabianca de Linguizzetta au profit de l’installation de 25 jeunes agriculteurs.

Ce n’est qu’un début, mais c’est dans cette direction qu’il faut poursuivre.

logo Membre de Femu a Corsica et préside depuis 2014 l'Alliance libre européenne (ALE). Élu une première fois député européen le 7 juin 2009, Il est de nouveau élu député européen le 26 mai 2019, sur la liste Europe Écologie Les Verts.
Vos 2 commentaires
François Le Lundi 7 juin 2021 20:11
Très important ce qui vient de se passer. C'est en se soutenant dans des actions comme celles du 29 mai, que nous avancerons, revivrons et éviterons la disparition des identités régionales.
Peut être que les trois priorités que vous citez sont données dans un ordre quelconque. Ou bien la défense des langues régionales étant présente dans l'actualité, vous citez la langue en premier. Pour ma part, je citerais la terre en premier. Avec ce qu'elle contient, ce qu'elle supporte, ce qu'elle nous apporte, ce qu'elle exprime. La langue puis la démocratie viendraient ensuite.
La terre à défendre contre le promoteurs, contre les pollutions,contre l'immigration massive de diverses origines. Il faut éviter à nos descendants de vivre dans des réserves comparables à celles de certains indiens d'Amérique. On est bouleversé pour toujours, après avoir été face à des vies anéanties par la destruction du lien de ces autochtones avec leurs terres. Protégeons les nôtres.
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Marie-Noelle Rinquin Le Lundi 7 juin 2021 22:34
Merci Francois Alfonsi La langue, la démocratie, la terre sont aussi importantes l'une que l'autre. Il faudrait aussi rajouter le commerce maritime, terrestre et l'industrie de production. Une vraie démocratie passe par un vrai pouvoir régional de décision qui ne doit pas se sentir inféodé à Paris et à une mafia comme c'est depuis longtemps le cas dans le sud de la France. Mais la mafia est une vieille gangrène qui s'étend depuis longtemps de plus en plus vers le Nord. La Bretagne est probablement déjà atteinte par cette gangrène. Les ventes massives de maisons transformées en maisons secondaires, ou locations saisonnières, de terrains constructibles à des gens d'ailleurs empêcheront le développement économique local, la possibilité pour les jeunes générations de travailler et vivre dans la région ou ils sont nés et ont grandi. Pour nous battre et obtenir des avancées, de vrais bénéfices pour nos régions, il faut nous mobiliser plus fortement, plus souvent comme le 29 mai dernier pour nos langues. Défendons-nous contre cet envahissement.
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