On imaginait que l'auteur allait se contenter de ressortir les écrits du Moyen-Âge, les vitae de saints et les pièces de théâtre de parvis d'église, ou le fameux Catholicon, l'emblématique dictionnaire trilingue. Mais non, l'auteur, le professeur, linguiste et écrivain Francis Favereau va bien plus loin. Il répertorie tout : la moindre épitaphe, le moindre glyphe sur les pierre tombales ou les panneaux de bois des églises, mais aussi les toponymes, les patronymes, et les notes en breton dans les cartulaires en latin voire dans un traité de médecine en latin conservé à l'université de Leyden en Hollande.
Les lais étaient des chants, souvent épiques, une poésie de trouvères et de bardes. Le mot correspond à l'allemand lied et à l'irlandais laid. Il y en aurait eu plus de soixante-dix.
Reste-t-il des lais écrits en breton ? C'est le sujet du chapitre 9 page 30. Les nombreuses traductions de Marie de France commencent souvent par « Encore un lai qui nous vient des Bretons » . C'est clair et incontesté. Marie de France dont on ne connaît pas le vrai nom, a pu être bretonne bilingue. La disparition des originaux écrits en breton, ces joyaux de la poésie bretonne, une oeuvre unique, est aussi désastreuse que le fut la défaite de Saint-Aubin-du Cormier. Ils sont pour beaucoup à l'origine des romans de la Table Ronde qui se sont greffés à la fois sur des gestes de chevalerie et sur un héritage de la mythologie celtique.
Au 16e siècle, ce sont les mystères, ces pièces de théâtre que l'on joue sur les parvis des églises comme "le Grand mystère de Jésus". Ce sont aussi les vitae ou buhez santez, les vies de saints bretons qui vont faire vivre le livre en breton qui prend son essor avec le début de l'imprimerie. La Vie de sainte Nonne avec 2080 vers écrits en moyen-breton, celle de sainte Barbe, celle de saint Guénolé, préfigurent le best-seller Buhez ar Zent (1752) et la version en français d'Albert Le Grand (1637).
Le 16e siècle, c'est aussi la sortie du Catholicon, un dictionnaire latin-breton-français, qui serait le premier dictionnaire trilingue publié en Europe (1499). Pour bien comprendre la rareté d'autres écrits profanes, il faut prendre en compte l'importance du contrôle des publications par l'église catholique au début de l'imprimerie.
Le livre va jusqu'au 18e siècle avec les décrets de la convention publiés en breton et placardés sur les murs de tous les villes et villages bretons.
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