
« L'inspecteur d'académie est un homme sans parole, qui se renie sans vergogne », écrit ce matin le Collectif de parents de la Trinité-Langonnet sur son blog. (1)
« L'inspecteur d'académie est un homme sans parole, qui se renie sans vergogne », écrit ce matin le Collectif de parents de la Trinité-Langonnet sur son blog. (1) Pour la maternelle de Merville, les interventions du même inspecteur d'académie du Morbihan participent aussi de ce même (mauvais) esprit. Lundi dernier, Mme Françoise Olivier-Coupeau, que nous remercions pour son soutien sans faille, rencontrait le préfet du Morbihan pour demander une nouvelle fois qu'un poste d'enseignant bilingue supplémentaire soit accordé à la maternelle de Merville. Ce dernier s'était fait accompagner par M. Philippe Couturaud, inspecteur d'académie du Morbihan. Pour justifier son refus, ce dernier osa déclarer qu'il lui était impossible de créer le poste demandé car les « enfants concernés n'avaient pas deux ans » et qu'il lui était « impossible de créer un poste pour des enfants qui entreraient à l'école en janvier, février ou mars prochain ». L'argument est imparable... sauf qu'il est basé sur une contre-vérité. Tous les enfants admis à la maternelle de Merville sont nés au plus tard en 2006. Conformément à la loi, cette admission à l'école s'est faite après que leurs parents les aient inscrits en mairie. Et la mairie n'inscrit pas les enfants nés après 2006. Mme Danièle Garnier, adjointe au maire de Lorient en charge des affaires scolaires, pourrait le confirmer au besoin. Mais l'inspecteur d'académie n'en est pas à sa première manipulation. Surdité en juin Le 4 juin dernier, un document officiel émanant de l'inspection académique confirmait que 51 enfants étaient attendus en filière bilingue sur Mervillle avec un seul enseignant pour les encadrer. (2) Dans les jours qui suivirent, un communiqué, signé des présidents des quatre groupes qui composent la majorité municipale de Lorient, rappelait que « le Conseil municipal a voté le 15 mai, à l'unanimité, un texte dans lequel nous demandions, entre autres choses, que le dossier de cette école soit réexaminé. Aujourd'hui, nous constatons que les documents officiels prévisionnels relèvent pour le moins de l'insolite, avec un nombre d'élèves hors du commun pour un enseignant. » Et le dit-communiqué de demander « solennellement à l'Inspection d'Académie de tirer les conclusions qui s'imposent de ses propres prévisions. » (2) L'opposition municipale (Modem, UMP) apportait également son soutien (4), ainsi que Mme Françoise Olivier-Coupeau. L'affaire fit un tel bruit que tous les groupes politiques du Conseil régional s'indignèrent également en séance plénière du Conseil régional le 27 juin (5). Ces réactions politiques furent accompagnées de celles du monde associatif tels le Conseil Culturel de Bretagne, l'Institut Culturel de Bretagne, l'association de parents Div-Yezh Breizh. (6) Dans le même temps, la direction d'école informait régulièrement sa hiérarchie de l'évolution des inscriptions en filière bilingue et demandait qu'un poste supplémentaire soit accordé à la maternelle pour la rentrée se septembre. En vain. M. Philippe Couturaud resta sourd à ces interventions qui durèrent jusqu'à mi-juillet. Il n'apporta jamais aucune explication. Le mépris ! Rentrée scolaire : 38 enfants bilingues sacrifiés Le jour de la rentrée, la maternelle de Merville comptait 140 enfants inscrits, dont 45 en filière bilingue. Son plus gros effectif total depuis 5 ans. (7) Son plus gros effectif en bilingue depuis la création de la filière en 2005. Pourtant, la veille de la rentrée, Mme Stievenard, inspectrice de circonscription, confirmait à l'équipe enseignante le refus de Philippe Couturaud de créer un poste d'enseignant bilingue supplémentaire sur la maternelle. Elle imposait à l'équipe de répartir 20 des enfants inscrits en filière bilingue dans les autres classes. Quant aux 8 enfants de la filière bilingue passés en CP, ils devaient abandonner le breton, l'inspection académique refusant également, pour la deuxième année consécutive, de créer un poste d'enseignant bilingue en élémentaire. Ainsi sur Merville, 18 enfants bilingues ont dû abandonner cet enseignement en deux ans. Avec le mépris, le gâchis ! 11 septembre. Philippe Couturaud a des gros regrets... Mais pas d'enseignant bilingue Mardi 11 septembre, la commission de réajustement scolaire, destinée à adapter le nombre d'enseignants affecté aux écoles en fonction de la réalité des effectifs constatés, se tenait à Vannes. M. Philippe Couturaud sortait alors de sa réserve et reconnaissait enfin la réalité des 45 enfants inscrits en filière bilingue sur la maternelle de Merville. Mais il exprimait à Ouest France « un gros regret de ne pas avoir pu satisfaire l'école de Merville à Lorient faute d'enseignant bilingue. » (8) Joli tour de passe-passe ! Car si M. Philippe Couturaud n'a pas d'enseignant bilingue disponible, c'est parce qu'il n'en demande pas au Rectorat ! Dans le Finistère, son homologue a demandé 11 postes pour la filière bilingue et les a obtenus. Pour le Morbihan, Philippe Couturaud n'en a demandé qu'un ! (9) Pas étonnant qu'il en manque ! Mais foin de ces larmes de crocodile ! Les services de Mme Françoise Olivier-Coupeau, députée de la circonscription, "trouvèrent" alors une enseignante bilingue, habilitée et riche de sept ans d'expérience. À Paris, la députée transmettait le nom au ministère de l'Éducation. Mais quelques jours plus tard, M. Philippe Couturaud refusait de la nommer sur Merville et déclarait que cette personne "sera plus utile pour faire des remplacements !" Oubliés, les regrets ? Les services académiques désorganisent l'école Dans le même temps, notre collectif recevait de nombreux soutiens. Deux sénateurs et cinq députés écrivirent au ministère. Tous les jours, des associations et de simples citoyens adressaient des mails au Cabinet de M. Xavier Darcos. Mardi 18, nous appelions Mme Carla Bruni à l'aide en lui adressant une vidéo (10). Les médias se mettaient à parler de Merville... C'en était trop pour le ministère qui mettait la pression sur les services académiques pour que tout ce battage cesse au plus vite ! En loyal serviteur de l'État, M. Philippe Couturaud donnait les ordres nécessaires. Car l'ancien vice-recteur de Mayotte sait comment faire trembler ses subordonnés. Mardi 23 septembre : les services académiques imposent à l'équipe enseignante de la maternelle une nouvelle organisation des classes. Les 45 enfants inscrits en filière bilingue auront droit... à une demi-heure de breton par jour ! Et peu importe si toutes les classes sont désorganisées pour cette demi-heure de folklore ! Et peu importe l'avis des enseignantes : elles sont invitées à se taire ! Devoir de réserve ! Jeudi 25 septembre : devant le refus unanime des parents, l'inspection académique change à nouveau son fusil d'épaule. Troisième organisation. À partir du lundi suivant, les 45 enfants bilingues seront regroupés dans une seule classe : 20 le matin, 25 l'après-midi avec la seule enseignante bilingue qui n'enseignera plus qu'en breton... et sur quatre niveaux. L'école transformée en hall de gare où tous les enfants n'arrêteront pas de changer d'étage, de classe et d'enseignant. Autant dire adieu à toute continuité pédagogique dans les classes... Lundi 28 septembre : Les parents de la maternelle n'acceptent pas ce nouveau chamboulement. Une bonne part de ceux qui avaient inscrits leur enfant en filière bilingue préfèrent y renoncer pour que l'école conserve un fonctionnement normal. Ainsi, la nouvelle organisation, la troisième en un mois, imposée par l'inspection académique n'entrera jamais en application. Sur les 45 enfants inscrits, il n'en reste finalement que 28 à bénéficier d'un enseignement bilingue. Mais l'école reste sous surveillance. Pendant toute la semaine, l'inspectrice de circonscription sera sur l'école tous les jours. N'a-t-elle donc rien d'autre à faire ? Des services académiques irrésponsables Samedi 3 octobre : Une réunion est organisée sous la direction de Mme Lecomte, inspectrice d'Académie adjointe en charge du premier degré, et de Mme Stievenard, inspectrice de circonscription. Une quarantaine de parents y assistent. Après avoir imposé trois modes de fonctionnement différents en un mois sur l'école, ni Mme Lecomte, ni Mme Stievenard ne défendront leurs choix devant les parents. Pire, elles laisseront quelques parents mettre en cause la directrice en laissant entendre que celle-ci n'aurait pas dû inscrire les enfants en classe bilingue puisqu'elle ne disposait que d'un poste ! En laissant dire que c'est la directrice qui n'a pas sû organiser l'école alors que ce sont les services académiques qui ont imposé trois organisations cahotiques en un mois ! Le mensonge ! La honte ! Mais pourquoi l'inspection académique n'a-t-elle jamais pris en compte les prévisions qui lui furent transmises dès novembre 2007 par l'école, comme c'est le cas pour toute les écoles du Morbihan ? Pourquoi l'inspection académique s'est-elle tue en juin alors qu'elle avait été alertée par la direction d'école et de nombreux élus ? Pourquoi a-t-elle refusé de procéder à un réajustement de poste début septembre ? Pourquoi refuse-t-elle de créer un poste d'enseignant supplémentaire alors qu'une enseignante est disponible ? Pourquoi, avec un effectif total supérieur et une filière bilingue en expansion, l'école a-t-elle aujourd'hui un demi-poste d'enseignant en moins qu'en 2006 ? Pourquoi la deuxième classe bilingue ne peut-elle réouvrir ? Pourquoi les enfants bilingues de Merville doivent-ils abandonner le breton lors de leur passage en CP ?Puisque les services académiques du Morbihan, dirigés par M. Couturaud, ne veulent pas répondre à ces questions, Xavier Darcos peut-il nous répondre à leur place ? [1] http://lebonheurdanslepreo.over-blog.com/article-23666735.html ; [2] Document présenté au Consel Académique des Langues Régionales le 4 juin 2008. Ces 51 élèves attendus correspondaient aux prévisions de l'école : 36 enfants pour la maternelle, 15 en élémentaire. http://ouiaubreton.com/sites/ouiaubreton.com/IMG/xls/CALR_juin_2008.xls ; [3] Ouest-France du 12 juin http://ouiaubreton.com/spip.php?article4716 ; [4] Communiqué de M. Fabrice Loher du 24 juin ; [5] Lire les interventions de : - M. Jean-Pierre Thomin (PS) http://ouiaubreton.com/spip.php?article4963 ; - Mme Françoise Louarn (UMP) http://ouiaubreton.com/spip.php?article5007 ; - Mme Isabelle Le Bal (Modem) http://ouiaubreton.com/spip.php?article5009 ; - Mme Naïg Le Gars (UDB-GA) http://ouiaubreton.com/spip.php?article4970 ; [6] Voir encore sur Ouiaubreton les communiqués de nombreuses autres associations bretonnes http://ouiaubreton.com/spip.php?mot2268&debut_articles=100#pagination_articles ; [7] À titre comparatif, en 2006, l'école n'avait que 130 élèves avec 5,5 postes d'enseignants. Elle disposait de deux classes bilingues pour 36 élèves bilingues ; [8] Lire Le SNUIPP soutient la filière bilingue de Merville. L'I A du Morbihan a des regrets http://ouiaubreton.com/spip.php?article5347 ; [9] Voir l'intervention de M. Jean-Pierre Thomin, conseiller régional en charge de la langue bretonne, à la porte de l'école le jour de la rentrée http://ouiaubreton.com/?article5278 ; [10] Voir la lettre à Carla Bruni en vidéo http://ouiaubreton.com/?article5397 .
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