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Plaquette de la CGPME Bretagne
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- Chronique -
Pourquoi les entrepreneurs bretons ne sont pas des vaches à lait pour le mouvement breton
J'étais le 18 juin dernier à Pontivy, chez Robic. Au nom de mon syndicat, la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises, je suis un des premiers signataires de l'appel
Jean-Pierre Le Mat pour ABP le 21/06/13 18:34

J'étais le 18 juin dernier à Pontivy, chez Robic. Au nom de mon syndicat, la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises, je suis un des premiers signataires de l'appel des entrepreneurs bretons "Pour une Bretagne belle, prospère, solidaire et ouverte sur le monde". ( (voir le site) 'appel%20du%2018%20juin%20des%20entrepreneurs%20bretons )

Que se passe-t'il ? Les entreprises constatent une paralysie progressive de la production en France (et donc en Bretagne), non seulement du fait de la concurrence mondiale, mais aussi par tout un arsenal législatif devenu absurde. Prenons un exemple. Le gouvernement français, pour relancer l'emploi, a décidé une baisse de charges sur les salaires inférieurs à 2,3 fois le SMIC. Très bien… Mais n'allez pas croire qu'il s'est contenté de baisser un pourcentage. Ce serait trop simple. Il a institué la CICE (Crédit Impôt Compétitivité Emploi) qui est un dossier touffu et tatillon de demande d'exonérations. Il est d'ailleurs tellement touffu que plus de la moitié des entreprises, les petites en particulier, renoncent à le demander. Pour les travailleurs pauvres et les chômeurs, c'est la même chose. Le dossier RSA (Revenu de Solidarité Active) est tellement pénible à remplir qu'un million de foyers qui y ont droit renoncent à le demander. Dans les deux cas, la "mesure d'aide" ressemble beaucoup à un flicage et à une mise sous tutelle.

En agriculture, les dossiers de mises aux normes prennent tellement de temps à être étudiés qu'ils deviennent obsolètes avant d'être validés, parce que de nouvelles normes sont apparues.

On pourrait multiplier les exemples. Le résultat est que ceux qui trichent s'en sortent mieux que les autres. Le malheur des Bretons est qu'ils sont consciencieux et honnêtes. L'économie souterraine n'est que de 2,5% chez nous alors qu'elle atteint 15% en moyenne en France et plus de 20% dans certaines régions. Dans un contexte de concurrence entre pays, et aussi entre régions, l'honnêteté qui nous colle à la peau est devenue un handicap mortel.

L'abcès de fixation est l'écotaxe. La désobéissance civile est envisagée. En effet, cette nouvelle taxe est une arnaque. Elle est théoriquement faite pour favoriser le ferroutage, le transport rail-route. Or, la SNCF n'a rien fait -et ne fera rien- pour offrir cette possibilité aux Bretons. Les lignes à grande vitesse à l'ouest de Nantes et de Rennes sont reportées au-delà de 2030, ce qui veut dire qu'elles ne seront jamais réalisées. Pire, la SNCF a essayé de couler la seule compagnie ferroviaire bretonne, CombiWest. La Bretagne, qui vit sur une économie très territorialisée, n'a pas d'autre choix que le camion. L'écotaxe sera un prélèvement fait sur les Bretons, qui n'ont pas d'alternative, et dépensé hors de Bretagne.

Ce sera la première fois qu'un péage est établi en Bretagne. Défaite à la fois historique et symbolique... Le 1er octobre prochain, il taxera les camions de plus de 3,5 tonnes. Il est évident que, si ça marche, ça ne s'arrêtera pas là. Progressivement, tous les véhicules à moteur seront taxés, vraisemblablement au nom de l'écologie. A n'en pas douter, on nous parlera abondamment de démarche citoyenne.

Dans le même temps, on voit des élus et des fonctionnaires territoriaux acheter du granit chinois pour paver nos villes, au nom de la bonne gestion publique et du respect de la législation sur les appels d'offres. La façon dont les achats publics sont gérés illustre le retard du monde administratif et politique par rapport aux entreprises, sur la responsabilité sociétale, en particulier en matière d'emploi. Après avoir viré sans état d'âme les entreprises locales de leurs appels d'offres, on les voit, écharpe tricolore au vent, manifester contre les licenciements et jouer les indignés.

Nous ne sommes plus en période de prospérité. Pour un entrepreneur breton, lorsque le seul objectif est le gain financier, s'expatrier est la meilleure solution, simple à mettre en ½uvre et assez excitante. Ceux qui créent, reprennent ou conservent une entreprise de production, ici en Bretagne, dans l'économie réelle, le font pour d'autres raisons que le seul gain financier. Entreprendre ici a-t'il encore un sens ? Beaucoup d'entre eux se disent que c'est la Bretagne et les Bretons qui motivent leur entêtement.

Dans une ambiance de crise et de chaos, les entrepreneurs bretons mènent un combat pour produire des richesses et créer de l'emploi. Et le mouvement breton ? Les associations culturelles ne trouvent plus de subventions publiques. Elles se tournent alors vers les entreprises, mais elles sont déçues. Oui, elles sont déçues par ces patrons qui ont des préoccupations de survie et d'emploi, alors qu'ils devraient s'intéresser à la langue et à la culture bretonne.

Qui doit soutenir l'autre ? Il semble évident que le monde économique se doit de soutenir le monde culturel. Et si, aujourd'hui, c'était aussi l'inverse ? Si la lutte contre les péages français chez nous était bel et bien un combat pour la Bretagne, comme le fut la bataille du rail ? Il faut que le militant breton s'aperçoive que, dans un contexte chaotique, la coalition des intérêts est préférable à la posture du mendiant énervé.

Au cours des années 60, l'Emsav a raté sa jonction avec une révolution agro-alimentaire qui a transformé socialement la Bretagne. Ce fut une erreur historique. Le mouvement breton s'est condamné lui-même à la marginalité. Aujourd'hui, nous sommes, de nouveau, à la croisée des chemins. Les militants bretons vont-ils, de nouveau, se réfugier dans leur tour d'ivoire ?

Chaque profession a une utilité sociale ; sinon, elle n'existerait pas. Sans employeur, pas de salaire. Sans agriculteur, rien à manger. Cracher sur une profession dans son ensemble révèle un narcissisme et une vision étriquée de la société. La droite égocentrique conspue "les fonctionnaires". Les narcissiques de gauche en veulent aux "patrons" et, comme ils n'y connaissent rien, ils nous mettent tous dans "le MEDEF". Cracher sur "les agriculteurs" caractérise les écolos nombrilistes et les retraités qui rêvent de finir leur vie dans un camp de vacances.

De temps à autre, le nationalisme breton autocentré se donne pour exutoire une catégorie sociale, accusée de "trahir". Depuis 20 ans, les patrons bretons ont ainsi été tour à tour des suppôts de l'Opus Dei, des pollueurs, des ultralibéraux manipulateurs ou, tout simplement, des "cons" ( (voir le site) )

De nouveaux mots d'ordre apparaissent : "Réunir l'ensemble des forces vives" ; "Libérons les énergies en Bretagne". Très bien... Indispensable...

Oh, je sais, tout le monde n'avancera pas au même rythme ! Certains même resteront cramponnés à leurs rassurantes ignorances. Pour que la Bretagne ne sombre pas avec la France, il faut quand même prendre le risque de se parler.

Se parler entre Bretons, au-delà des grands principes, portés par des moralistes morts de trouille, au-delà de l'amertume des vaincus d'avance.

Jean Pierre LE MAT

Voir aussi :
Cet article a fait l'objet de 1316 lectures.
Vos 10 commentaires :
Yann Kristoc'h Le Vendredi 21 juin 2013 23:04
Je partage l'analyse. Les patrons bretons luttent pour survivre, et pour les aider nous avons des syndicats français tant ouvrier que professionnels, d'autant plus rétrogradent qu'ils se sentent le besoin de singer les français en pire pour se donner de la consistance.
Vivront les syndicats français de Bretagne, créons nos propres syndicats bretons pour défendre nos entreprises et nos salariés sur nos valeurs de solidarité réelles et de travail bien fait.
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kris Braz Le Samedi 22 juin 2013 08:33
OK, mais gros bémol quand même sur l'agroalimentaire breton. Si Gad/Doux etc se cassent la gueule c'est parce qu'ils sont dans un système tiers-mondiste à faible valeur ajoutée, ou le cochon breton ira se faire affiner ailleurs. Avec le soutien du syndicat agricole majoritaire et des "coopératives". Pas vraiment attractif comme modèle, et pas vraiment symbolique de patron breton actif et engagé pour son territoire/pays…
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eugène Le Samedi 22 juin 2013 11:17
Mais Pierre Le MAT
Les gens sensés ne font que ça ....ils le demandent comme des damnés!
Que les bretons se parlent... mais cela n'est-elLe pas une nième UTOPIE!
SE parler est une des composantes du MESSAGE.. et après ,il faut rédiger ce Message puis Le diffuser et le lancer à la tête du centralisme français quitte à aller jusqu'à l'Europe!
Dans ce message doit apparaitre l'économie bretonne .
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Paul Chérel Le Samedi 22 juin 2013 16:10
Je suis peut-être un peu obtus mais je ne comprends pas le titre de l\'article. Comment doit-on interpréter l\'expression \"vache à lait \" ? Dans son côté péjoratif ( le mouvement breton trait la vache entreprise à satiété) ou (la vache en a marre de donner son lait pour des prunes ?)
En fait, les entrepreneurs ne seront bretons que lorsqu\'ils auront conscience de l\'être et en tireront profit. Pour le moment, toutes ou presque toutes leurs fédérations corporatives font référence à la B4, du boulanger à l\'entreprise de TP. Même pas fichus de s\'émanciper de ce découpage idiot. Sans nécessairement aider le \'(e devrais dire les ) mouvements bretons, politiques et culturels, ils devraient déjà s\'attaquer aux élus et leur demander des voies ferrées , des voies navigables modernisées, des routes reliant côtes Nord et Sud Ils devraient s\'unir contre ces taxes, écotaxe en premier, et refuser de la payer, ils devraient dénoncer ces syndicats qui prennent leurs ordres à Paris, etc. Ceci serait déjà un GRAND premier pas pour la libération de la Bretagne et une adhésion massive de TOUS les militants, y compris les culturels, aux côtés de tous ceux qui entreprennent pour son avenir. C\'est quoi le mouvement breton ? aujourd\'hui, il est surtout représenté par des opppsants à l\'aéroport NDdL. Vous parlez si cela peut motiver les entreprises, surtout à l\'Export. Amicalement. Paul Chérel
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marc iliou Le Samedi 22 juin 2013 16:48
Mais une erreur dans le commentaire; le premier péage en Bretagne ne sera pas par l'écotaxe en espérant qu'avec le manifeste des patrons bretons de l'Institut de Locarn cela n'arrive pas, mais il existe déjà depuis longtemps avec le péage de l'autoroute Nantes Angers à Ancenis en territoire breton .
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jojojo Le Samedi 22 juin 2013 17:11
complètement d'accord
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SPERED DIEUB Le Samedi 22 juin 2013 21:53
Constat historique
En supposant et en espérant que ce mouvement de l\'appel breton prenne de l\'ampleur ,ce qu\'il faut savoir c\'est que en ce qui concerne une rébellion c\'est que à la fin de celle ci le résultat n\'est jamais le même que celui initié au départ par ses inspirateurs ,pire elle peut même se retourner contre eux dans le sens ou la révolution dévore ses enfants ce que je ne souhaite pas évidemment .Derniers exemples en date les printemps arabes partant d\'un idéal de liberté ils ont été récupérés par les islamistes pire que les régimes qui étaient en place auparavant.On pourrait prendre aussi l\'exemple de la révolution de 1789 qui d\'ailleurs démarrée en Bretagne alors ce serait justement une occasion pour la remettre dans la voie qu\'elle n\'aurait jamais due sortir , par exemple en mettant le conseil régional ( ce serait une ironie de l\'histoire puisque les troubles avaient démarrés devant le parlement de Bretagne) devant ses responsabilités vu le séisme économique et social nous vivons et là bousculé il serait au pied du mur dans le sens ou il serait obligé de prendre des initiatives dépassant ses compétences voir se déclarer assemblée constituante de Bretagne et croyez moi l\'onde de choc sera ressentie au moins jusqu\'à Nantes !!!
Pour que les bretons adhèrent le mouvement doit se dérouler le plus naturellement possible en dehors d\'un nationalisme intégriste statique contraire aux processus d\'évolution de toutes les sociétés et donc voué à l\'échec
Cette fois vu un certain nombre de concours de circonstances j\'y crois un peu
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kerlost emile Le Dimanche 23 juin 2013 09:18
petit rappel a propos des peages rouiers ... s'il n'y en avait pas en BRETAGNE c'est un acquis du FLB dixit Messmer .. d'aucun pense que son retour pourrait etre salutaire
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eugène Le Dimanche 23 juin 2013 10:50
Paul Chérel
SPERED DIEUB
Excellent commentaire
Que l'économie bretonne arrête d'être dans le B4 et que les Politiques "en place" fassent l'effort d'être breton".... mais carrière obligeant.....
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Katell Goant Le Lundi 24 juin 2013 13:14
Demat deoc'h,
Aujourd'hui , nous n'avons plus d'autre choix que de nous unir . Serrons -nous les coudes , associations , entreprises , partis politiques , afin de défendre la fierté et la pérennité de notre pays. Le risque en vaut la chandelle , de toutes façons , si on ne le fait pas , bientôt nous ne pourrons plus nous regarder dans la glace. Nos enfants et petits enfants ne sauront plus ce que c'est que la fierté d'appartenir à leur peuple.Nous serons des morts vivants. Un petit coup d'oeil chez nos amis , les Indiens des réserves aux USA , ça donne à réfléchir. Donc , on se lève , on relève la tête et on leur fait face tous ensemble, et on règle les problèmes. Et on choisit pour qui on vote , car nous avons encore ce doit et devoir. Profitons -en!
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