Publié le 9/04/20 17:11 -- mis à jour le 09/04/20 21:21
La période de confinement met en exergue un phénomène ancien, mais insuffisamment dénoncé en Bretagne. Celui des résidences secondaires, acquises le plus souvent à prix d’or, majoritairement par des résidents d’Ile de France.
Nous avons ainsi lu dans la presse régionale une foule d’articles mentionnant l’exode massif des résidents d’Ile de France vers la Bretagne notamment, au mépris des consignes de confinement. Cela en dit long sur la mentalité abjecte de certaines personnes, qui n’ont sciemment pas craint de contaminer des populations indemmes. L’esprit colonial est vivace et son visage hideux se révèle également par ce biais.
A la condition qu’ils respectent la Bretagne et les Bretons, les touristes et les résidents secondaires sont les bienvenus. Ils consomment local et apportent de l’animation dans les communes touristiques.
Mais cette attractivité de la Bretagne crée une spéculation inflationniste, qui empêche les résidents bretons de se loger dans les communes prisées par les riches vacanciers.
Les Bretons sont, en conséquence, contraints de s’exiler loin de leurs centres d’intérêts économiques et sociétaux. Cela se traduit, par exemple, par la nécessité d’acquérir un véhicule par adulte, car les transports en commun sont, de surcroît, le plus souvent très insuffisants en milieu rural.
On peut ainsi, sans exagérer, évoquer une triple peine pour les Bretons résidents.
Il faudra que les maires continuent à appliquer les taxes d’habitation et foncière sur les résidences secondaires, qui constituent des biens assimilés à un luxe. Les montants de ces taxes locales financeront ainsi les biens d’équipement, dont tout un chacun profite au sein de la commune.
Inversement, une discrimination positive devra exonérer les résidents bretons des taxes locales, puisque leur consommation économique à l’année fait vivre les communes.
Un droit de préemption systématique des biens immobiliers à vendre sera étendu dans les attributions des maires. Ce droit de préemption (dont le principe existe déjà) consistera à proposer en priorité aux résidents bretons les biens immobiliers, dans les communes à forte tension spéculative.
Les prix des biens seront obligatoirement réduits, ce qui cassera la logique inflationniste et permettra aux Bretons de rester dans leurs communes de prédilection. Un dispositif comme le PSLA existe déjà sur des critères de ressources. Il faudra ajouter une notion de résidence de cinq années minimum, sans plafond de revenus, pour accéder à un terrain ou à un bien neuf ou ancien.
D’autres mouvements que l’Emsav, par exemple en Corse ou au pays Basque, militent également pour cette politique de discrimination positive en faveur de leurs ressortissants territoriaux.
Il s’agit de justice sociale. Afin d’éviter que les communes à tension immobilière ne deviennent que des paradis pour riches colons. Et que les zones les plus reculées et les moins onéreuses ne soient davantage des « réserves d’Indiens ».
Erwan LE GARLANTEZEC, Association de Lutte Contre les Violences Faites aux Bretons.
Erwan LE GARLANTEZEC
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j'adhère à ce constat globalement
une remarque cependant concernant "notion de résidence de cinq années minimum": elle prive également la diaspora d'un retour facile; dans mon cas par exemple, j'ai vécu des années à Paris malheureusement, sans solution de retour (raisons professionnelles); puis un jour, j'ai franchi un premier pas en faisant l'acquisition d'une longère en Côtes d'Armor qui était donc une résidence secondaire; et pendant plusieurs années j'ai préparé mon retour, ce qui passait par une transition professionnelle ... Aujourd'hui ce havre de paix est devenu ma résidence principale, où je vis à plein temps, en ayant complètement changé d'horizon professionnel.
il faut peut-être aller plus loin ... et mettre les pieds dans le plat: les bretons sont prioritaires
corollaire de la question: sur la base de quels critères est-on breton?
Youenn
PS: j'aime bcp cette phrase de Xavier Grall: on ne nait pas breton on le devient.
Le mouvement breton n'a aucun problème à saluer ce genre de revendication quand il s'agit des autres : Corses, Catalans, Ecossais, Gallois... ou des peuples non Européens...
Mais dans l'état d'esprit actuel du mouvement breton (progressisme bienpensant), émettre une telle revendication ouvre immédiatement la porte à des sujets tabous/interdit : nationalité, vivre ensemble, métissage, discrimination légitime, accueil des migrants car tous veulent quitter leurs pays en guerre pour venir apprendre le breton et danser la gavotte, etc...
Cette dissonance cognitive est tellement visible, que l'on peut actuellement constater que des Bretons progressistes ''no border/pro migrants/tous réfugiés en Bretagne/métissage..'' tiennent EN MEME TEMPS un discours antiparisien, de rejet aux frontières de la Bretagne des non-Bretons où des propriétaires de résidences secondaires...
Donc, dans un contexte où la bienpensance règne en maître et la dissonance cognitive ne choque personne... que peut on espérer en terme de statut de résidant?
De plus, nombre de non-bretons disposent en Bretagne d'une résidence secondaire du fait de leur puissance financière personnelle... ils n'auront aucun mal à faire passer leur résidence secondaire en résidence principale... Sélection par l'argent!
A titre personnel, je suis favorable à cette revendication...
Mais je n'ai aucun tabou quant aux autres sujets...
Et du fait, je suis loin de représenter l'esprit du mouvement breton actuel.
Sachant qu'il n'y a rien de pire que de mettre les gens devant leur contradiction!
Félicitation pour avoir oser porter le sujet!
Malheureusement, la majorité fera en sorte de ne pas avoir vu votre revendication, ou va vous apostropher comme personnage des ''heures sombres''...
Mais bon, il faut bien commencer...
Donc encore félicitation pour votre courage!
Pour autant, ne serait-il pas prudent d’attendre que nous sortions de cette crise avant d’emettre quelques opinions que ce soit sur un sujet si delicat et plus complexe qu’il n’y parait ? Il n’y a-t-il pas un danger de tomber dans la recuperation politique ou pire d’attiser la haine dans une population deja assez destabilisee et angoissee ?
“L’esprit colonial est vivace et son visage hideux se révèle également par ce biais [la contamination].” Rien ne prouve qu’il y ait eu des contaminations de la part de ces “Parisiens”. Vu la violence verbale et parfois meme physique qui s’est dechainee contre ces pauvres bougres, vous pouvez etre sur qu’ils se tiennent a carreau. Il y a peu, on entendait dire qu’a cause d’eux, les hopitaux bretons allaient etre satures, c’est l’inverse qui s’est produit vu que des malades d’Ile-de-France ont ete amenes chez nous par le train. Et que dire des nombreux Bretons vivant a Paris mais ayant une maison familiale au pays d’Arvor ? Ils sont legion. Sans parler des Nantais, Rennais et autres petits notables des villes moyennes de l’Argoat. Que sont-ils, des colonisateurs, des Bretons privilegies, des moitiees de Bretons ? Enfin, cette grande fuite de Varennes aurait permis d’eviter une grande catastrophe sanitaire a Paris. On peut penser ce qu’on veut des “Parigots” mais ca reste des etres humains, non?
Et qui sait, peut-etre une fois la crise passee, ces gens changeront-ils leur regard sur les lieux qu’ils ont contributes a chambouler socialement et culturellement. Cette crise, a la facon d'un coup de pied dans le derriere, nous oblige tous a revoir serieusement nos valeurs et notre conception de la societe. Peut-etre alors se rendront-ils compte qu’il n’y a pas seulement que du sable, des chapeaux pointus, des homards et des beaux paysages en Bretagne. Si ca n’etait pas le cas, il sera toujours temps de le leur faire comprendre plus tard, sans hargne ni haine.
se dirent révoltés de constater l'arrivée massive des résidents secondaires en cette periode de confinement alors que les mêmes élus accordent ou vont accorder toujours plus de permis de construire à tour de bras sans se poser de questions.Plusieurs médecins s'inquiètent depuis pas mal de temps et plus particulièrement en ce temps d'épidémie d'être confronter à un afflus de patients en surnombre par rapport à la disponibilité des différentes structures médicales.
Je suis d'accord pour le " retour au pays " de bretons ayant travailler par obligation à Paris.
Nos cousins celtes des Cornouailles disent stop à cette invasion ( dans 3 villes ) les corses envisagent eux aussi de prendre de telles mesures.
hier soir j'ai vu un reportage sur LCP concernant l'hopital de Gonesse ( 95 )
des médecins au bout du rouleau,manque de personnel,de lits ,de matèriel,des soignants épuisés et
courageux malgré toutes les difficultés.On pourrait constater les mêmes causes en Bretagne.
Mais tant va la cruche à l'eau du tourisme et de la planche à billets...
Quant à la citation de Xavier Grall, vous prêchez un convaincu. Je milite au quotidien au parti Breton avec des personnes qui ont adopté la Bretagne, y compris des étrangers. Ils sont souvent les plus ardents défenseurs de notre pays.
Sur la phrase de Xavier Grall.
J'ai beaucoup de respect pour Xavier Grall, mais à l'inverse je n'aime pas vraiment sa phrase.
Je l'explique :
Les Français s'imaginent que le monde à vocation à devenir Français/Républicain (ce qui revient au même dans leur état d'esprit)..
Les Bretons actuels s'imaginent que tout le monde peut devenir Breton, s'il défend la Bretagne contre l'impérialisme français...
Donc à peu de chose Français et Breton ont la même approche idéologique : Les autres auraient vocation à devenir nous pour qu'ils soient respectables...!
Le problème, c'est que sur les 7 milliards de personnes de cette planète cette approche est loin d'être une réalité... Il y a donc plus d'être humains à penser que cette vision est dans l'erreur.
Au sens de l'humanité, changer de nationalité est impossible, seul changer de citoyenneté l'est.
En quoi devenir breton serait-il si important pour aimer la Bretagne?
Pourquoi avons nous besoin de ce phantasme pour légitimer notre combat?
Moi même qui sui Breton, nationaliste, indépendantiste... J'ai aussi une très grande attache pour un autre peuple européen et je connais souvent mieux la culture et l'histoire de ce peuple que ceux qui y appartienne... Je pense même que si ce peuple devait se défendre pour sa survie, je serai volontaire pour combattre à leur coté... mais JAMAIS, JAMAIS, je ne dirais que je lui l'un des leurs... car je ne le suis PAS pour la simple raison que je suis BRETON et que mon affection pour cet autre peuple n'intervient en rien dans la réalité de mon identité.
Je pense qu'on peu aimer la Bretagne au point de la défendre sans être Breton...
Je pense justement que vouloir ''nationaliser'' ceux qui nous font l'honneur de leur amour est une forme de non respect envers ces gens...
Justement, à la lecture du monument aux morts de 1488, il est aisé de constater qu'il y a plus de personnes d'une autre nationalité a être mort pour défendre l'indépendance de notre pays... Je ne pense pas que le fait de ne pas partager notre nationalité minimise leur engagement... justement, c'est tout le contraire... Ces Anglais, Allemands, Espagnols mort pour la Bretagne n'étaient pas Breton... En quoi cela pose problème...?
Ayant au cours de mes voyages bien plus rencontrer des gens qui pensaient comme moi que selon cette manie de vouloir ''nationaliser'' à tout vent, je pense que ma manière de penser est plus proche du reste de l'humanité (et une majorité chez 7 milliards de personnes, ça pèse...)
A galon
Et encore félicitation pour votre article!
Ca ne peut se poursuivre ainsi , comment y répondre ? Une forte augmentation des taxes : il ne faut pas voir ces propriétaires désigner ces résidences comme lieux de vie principal et constituer les conseils municipaux de demain ? Limiter le nombre de résidences secondaires par les politiques d'achats , de constituions de réserves foncières ? - réorganiser les activités économiques , de productions.., sûrement aussi - nous vivons ces déséquilibres pour nos pays "ruraux" à proximité des métropoles ( pays de Blaen et métropole nantaise ) ..toutes bonnes questions émises précédemment , il n'y a pas d'économies - politique , intellectuelle , sociale ..- à faire en la situation .