Texte proposé par A. Monnier, représentant le KSB/CCB et SUAV/ICB au CESR, à la commission cadre de vie du CESR, ce mardi matin 21, dans la perspective de la plénière de lundi prochain 27 sept. Rapport d'activité des services de l'Etat dans la Région Bretagne - Année 2003 pp.136-141 : Culture et patrimoine (DRAC) La lecture du document de la DRAC permet de relever un ensemble non négligeable de mesures dont plusieurs correspondent à des investissements importants. On peut cependant regretter un certain manque de lisibilité du document. On en voudra pour exemple, le fait de voir l'aide à l'Office de la Langue Bretonne mentionnée au titre des Villes d'Art et d'Histoire, laissant peut-être à imaginer que la vocation de l'Office se limiterait à la signalétique en zone urbaine. Plus généralement, le fait de proposer des chiffres pour certaines interventions et de n'en citer aucun pour d'autres actions, n'autorise pas les comparaisons nécessaires. De plus, pour 2002, un tableau accompagnait le rapport, ce qui n'est pas le cas cette année. Ensuite, au-delà d'une aide réelle apportée à un certain nombre de structures ou de types de projets (création d'équipements, informatisation et mise en réseau, entre autres), le caractère trop imprécis de certains libellés ne facilite pas une réception optimale de ce document. Enfin, le rapport ignore complètement des questions de diffusion culturelle qui mériteraient mieux que le mutisme : Centre Régional du Livre, diffusion radiophonique et télévisuelle… Si l'on s'efforce de rentrer dans le détail, concernant les actions en faveur des patrimoines et celles en faveur de la création, on constate que le gros des efforts semble porter, pour les premiers, sur le patrimoine savant infiniment plus que sur le patrimoine populaire, linguistique y compris, et se traduire, pour la seconde, par une tendance à privilégier une certaine culture officielle. La DRAC semble en convenir, invoquant par exemple "les priorités ministérielles conduisant […] à resserrer les aides de l'Etat sur les festivals d'intérêt national" pour engager "un mouvement de réduction progressive de ses soutiens dans ce secteur". Dès lors, "les actions en faveur des publics" sont conçues comme devant provoquer une "ouverture vers les populations", ces dernières semblant explicitement se situer dans une plus ou moins grande relation de proximité ou de périphérie par rapport à une culture "centre" (le soutien à la réalisation de portraits illustrant les métiers traditionnels est à ce titre peu explicite - nombre de sujets, budget - et rien n'est évoqué quant à la diffusion de ces documentaires : établissements scolaires ? télévisions ? médiathèques ? associations ?). Il demeure possible de considérer différemment les personnes et les associations c'est-à-dire de les envisager comme des ressources, des acteurs d'une vie culturelle marquée par la diversité et le dynamisme. Ce qui est particulièrement le cas en Région Bretagne où de nombreuses associations, au travers d'initiatives originales et variées, renforcent le lien social, l'intégration et génèrent en outre des retombées économiques non négligeables, notamment par l'emploi associatif et la création de micro-entreprises. Le soutien de l'Etat à cette vie culturelle considérable est évoqué dans les quatre dernières lignes du rapport, et l'on peut penser que ce traitement est décevant, surtout à l'heure où, comble du paradoxe ! , musique traditionnelle et bénévolat se voient aujourd'hui visés par une mesure d'imposition de 3.5 %, mesure qui suscite l'émotion que l'on sait. En définitive, le rôle de l'Etat, qui ne redistribue en régions qu'environ un tiers du budget du Ministère de la Culture, peut même prendre d'autres formes que celles du soutien financier : s'abstenir d'une telle taxation du patrimoine collectif traditionnel, bien entendu, mais également faire cesser les tracasseries pour les élèves souhaitant apprendre le breton ou le gallo ou autoriser l'utilisation des ondes hertziennes pour une télévision à vocation populaire et régionale… Le pouvoir régional reconnaît sa responsabilité par rapport à l'avenir de la culture et de la langue en Bretagne ; fort de l'adhésion d'une majorité de la population qui a approuvé ce programme, il décide de s'engager avec des objectifs précis et chiffrés. Il serait souhaitable que les services de l'Etat soient davantage en cohérence avec cette politique, ce qui mettrait la France plus en harmonie avec les dispositions et les pratiques européennes et lui éviterait les condamnations récurrentes dont elle fait l'objet. L'agenda 21 de la culture, notamment dans son art. 23 et ses art. 50 à 55, offre aujourd'hui un cadre satisfaisant pour une meilleure prise en compte de ces questions. La Bretagne, compte tenu de sa richesse culturelle et linguistique, ne pourrait-elle bénéficier dès lors, à l'instar la Région corse, d'un Conseil Economique, Social et Culturel Régional ?